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C. CASTORIADIS : "Se reposer ou être libre" ("stopper la montée de l’insignifiance")

13 avril 2011, 11:47, par yapadaxan

Je me souviens de l’époque, pas si ancienne, d’un pays militant et combatif. Tracts, affiches, presse de classe et de lutte, grèves et manifs. L’internationalisme se vérifiait à l’occasion : Guerre d’Algérie, Vietnam, Chili, Espagne franquiste, etc....

Que s’est-il donc passé depuis, à savoir 1980. Ou plutôt 1981.

Le PCF est un immense parti. En adhérents, militants, sympathisants, électeurs. Il ouvre une perspective politique historique : le programme commun de la gauche. Le pays populaire y voit un espoir, une démarche, une orientation, un sens, un but.

1977 : Mitterrand déclare le programme forclos. 1983, il dénonce un PCF un pied dedans, un pied dehors. Sa première initiative internationale : à peine élu, il court rassurer les USA quant à la présence de 4 ministres communistes au gouvernement.

On connaît la suite : une politique sournoisement réactionnaire, rappelant son passé trouble de Vichyste.

Temps d’antenne accordé au FN, à son racisme permanent. Souvenons-nous de Dreux. Du débat salace qu’il favorise en faisant créer Touche pas à mon pote, SOS racisme, ras l’front. A la faveur de quoi, il suscite le débat sur l’école privée vs publique. Puis c’est Chérèque et la Lorraine, la casse industrielle, le chômage de masse. Chômage de masse dans toutes nos frontières. Et, d’une élection à l’autre, la menace du FN, l’appel à la conscience citoyenne, au réflexe républicain. En 95, lorsqu’il quitte le pouvoir, il a doublé le nombre de chômeurs, le faisant passer de 1 500 000 à 3 000 000.

La gauche communiste est fracassée, discréditée, ruinée. Union de la gauche, lourde erreur, très très lourde erreur.

Depuis, le peuple subit une crise du système frontale et violente. Alors que ce peuple s’était battu pour des lendemains qui chantent, il s’est réveillé dépouillé, violé et nu, désossé.

De la paresse ? Du laxisme ? De l’insignifiance ?

Non, un effondrement total, un échec de classe considérable, d’autant plus que le parti de la classe ouvrière est celui qui a oeuvré, des décennies durant, à conduire les masses à ce cuisant échec.

Le peuple est sans armes. Et Castoriadis se trompe lourdement. Il n’y a pas eu mutation vers le désengagement ni le déficit citoyen. Il y a eu pédagogie de la délégation de pouvoir, illusion électoraliste d’une démocratie conquérante ; il y a eu apprentissage sournois mais efficace à faire "confiance". A faire croire qu’une révolution par les urnes tient plus du fauteuil et de la zapette que de la rue et de la lutte révolutionnaire.

Le peuple est groggy, paumé, anesthésié. Où sont les forces politiques susceptibles de le réveiller ? De le conduire à se battre ? A dire non, à s’opposer, à résister ? Y en a pas.

Tous se bornent à faire voter. Ils jouent tout et tous sur les élections. Y a-t-il plus d’abstentionnistes ? Ils ne veulent pas le voir, le comprendre, l’analyser ni le comprendre.

Non, camarades, le peuple ne dort pas, c’est la république parlementaire et démocratique qui ronronne, enfermée dans son autisme droitisant, ultra raciste et fascisant.