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La volonté des masses

28 décembre 2011, 12:06, par Copas

A verser au débat, extrait des "caractéristiques fondamentales du Parti communiste-ouvrier" par Mansoor Hekmat.

On transcrira les appellations en les mettant en contexte en comprenant que quand il parle du socialisme ouvrier, il ne parle pas de ce qu’on entend en occident par socialiste.

On a là une expression plus modeste du rôle du parti et prenant mieux en compte des phénomènes autrement incompréhensibles qu’on observe en permanence dans une partie du mouvement naturel du prolétariat.

Indépendamment du reste des positions de ce courant politique on observe que son principale inspirateur tape juste sur certaines questions (parti, courant, avant-garde, etc).

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I : Le caractère social objectif du socialisme ouvrier

Un point central sur lequel nous avons constamment mis l’accent à travers les débats de ces dernières années est que le socialisme ouvrier est un mouvement social qui existe de façon indépendante, et non le dérivé de l’activité de marxistes ou de communistes.

C’est un mouvement qui se déroule historiquement. La lutte contre le capitalisme avec pour objectif de le remplacer par le socialisme à travers une révolution ouvrière, est une vision vivante et fermement établie au sein de la classe ouvrière - c’est une tradition de lutte vivante.

La théorie, la conscience de ce mouvement peut, à une période donnée, être adaptée ou inadaptée, vraie ou fausse. Quoiqu’il en soit, il existe toujours un courant au sein du mouvement de la classe ouvrière qui aspire et essaye constamment de pousser la classe tout entière dans cette direction socialiste.

Pour commencer, est que nous voyons le socialisme, le communisme, le parti communiste-ouvrier, comme quelque chose qui prend forme dans le contexte d’une telle lutte réelle et objective de la classe ouvrière, fut-il faible et limité dans ses objectifs, être toujours en mouvement dans la société contemporaine.

Le socialisme n’est pas une utopie, une utopie ou un dessein profond pour la société, nous attendant seulement, nous socialistes, pour le mettre en œuvre. Ce n’est pas un objectif arbitraire ou une prescription importée du royaume de la raison dans celui de la pratique.

Le socialisme est, principalement et tout d’abord, un cadre pour une certaine lutte sociale qui est menée inévitablement et indépendamment de la présence ou de l’absence d’un parti ; ... un effort social qui s’est poursuivi tout aux long des dix-neuvième et vingtième siècles, et qui est, encore aujourd’hui, clairement observable.

Il est clair que les différentes tendances sociales tentent d’influencer ce mouvement, cet effort de classe, et de le guider dans la direction de leurs propres conceptions.

Néanmoins, la lutte de la classe ouvrière contre le capitalisme et pour l’égalité sociale se cache sous n’importe quelle couverture dans laquelle d’autres mouvements sociaux ou partis tentent de l’envelopper.

Ce mouvement peut être distingué d’autres dans la société contemporaine par ses objectifs sociaux généraux, par la matière et les centres d’intérêts de ses revendications dans la société actuelle, et par ses origines sociales de classe ...

Il y a toujours une partie de la classe ouvrière qui ne se contente pas d’une lutte défensive, qui ne croit pas qu’elle peut obtenir ce qu’elle veut vraiment dans le cadre du système actuel, qui pense que le capitalisme devrait céder la place au socialisme, qui croit que la bourgeoisie devrait être dépossédée des moyens de production, et, finalement, qui pense que pour y arriver, il est nécessaire de s’unir et de faire la révolution. Ce n’est rien d’autre que la définition du socialisme ouvrier.

Même derrière les activités de syndicats de droite, derrière les paroles de leaders syndicaux locaux, quelques naïves ou timides que soient leurs déclarations, on peut reconnaître certains faits qui montrent la persistance d’une tendance socialiste et d’une lutte socialiste de la classe ouvrière ; des choses que la plupart des tendances radicales de la gauche sont incapables de voir.

Les illusions de droite au sein de la classe ouvrière sont acquises, mais les tendances anti-capitalistes, qui forcent les leaders syndicaux à parler ainsi, sont intrinsèques et authentiques .

Le socialisme ouvrier est la tendance au sein de la classe qui créé des leaders radicaux et maintient la pression constante du radicalisme sur les leaders non-radicaux.

Reconnaître et mettre l’accent sur l’existence d’un effort objectif, socialiste, au sein de la classe ouvrière elle-même, malgré l’expression intellectuelle qu’il a trouvé dans différentes périodes, est l’une des caractéristiques importantes de notre courant et tradition politique. Nous voyons, au-delà des activités quotidiennes du mouvement ouvrier, l’existence objective d’une tendance socialiste au sein de la classe ouvrière et pensons que l’organisation communiste doit se développer dans le contexte de cette tradition sociale réelle de lutte ..../....

Et on rajoutera cela sur le "sens" de l’histoire par le même :

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Laissez moi ajouter ici un commentaire personnel sur laquelle d’autres camarades peuvent avoir un point de vue différent.

Je ne veux pas voir, à tout prix, la victoire du communisme ouvrier comme inévitable. Je ne vois même pas sa croissance comme inévitable, la victoire du mouvement communiste ouvrier comme inévitable.

Mais personne ne peut proclamer que cette protestation se fera inévitablement sous la bannière du communisme ouvrier comme mouvement ayant une vision et une stratégie politique et économique particulière.

Je ne crois pas à cette inévitabilité, et pour cette raison que les choix conscients que les hommes et des femmes réels font à différentes étapes, et la pratique réelle de différents mouvements à différents points de jonction, sont pour moi, d’une importance vitale. Si nous voulons avancer, ces choix et ces pratiques doivent être correctes et communistes.

Les personnes et les générations vivantes de classe ouvrière décident du destin du socialisme et du communisme.

La victoire du socialisme n’est pas un résultat inévitable et prédéterminé de l’histoire.

Peut-être au XIX° siècle, les options réellement offertes à la bourgeoisie semblaient limitées aux yeux des socialistes et ils pouvaient se demander « qu’est que la bourgeoisie pouvait réellement faire pour contrer la pression de la vaste classe exploitée ? ».

Aujourd’hui, au contraire, la bourgeoise est capable de détruire physiquement le monde, elle peut le transformer en désert, elle peut le transformer en un tel besoin sauvage de pain et d’oxygène que le socialisme ne traversera plus l’esprit de quiconque. Un esclavage moderne pourrait tout simplement être le destin du monde, au moins pour plusieurs générations.

En résumé, l’issue est le destin d’un mouvement défini : le mouvement socialiste de la classe ouvrière.

La cause de l’état des choses présent, la cause de la survie de la barbarie capitaliste jusqu’ici, est que ce mouvement a été défait à un tournant critique de l’histoire contemporaine. Nous avons été défaits dans l’expérience de l’Union soviétique ; une défaite qui a conditionné le destin du monde pour plusieurs décennies.

Nous n’étions pas représentés de manière adéquate, ni politiquement, ni intellectuellement, dans les controverses fatales qui ont pris place dans les années 1920, dans l’évolution post-révolutionnaire de l’économie soviétique. Nous n’étions pas préparés à l’avance pour ce défi.

Aucun des leaders du mouvement socialiste de la classe ouvrière russe n’est entré dans cette période avec une vision économique claire, et de ce fait, aucune résistance n’a été organisée, du point de vue du communisme ouvrier, contre l’avancée du nationalisme et de la vision économique bourgeoise...

Nous n’avons pas réussi à conserver notre classe sous notre propre bannière. Ainsi, nous avons manqué, en pratique, à une étape décisive et en regard de la question cardinale de l’ère post-révolutionnaire [c’est-à-dire la question du contenu économique de la révolution d’Octobre] d’une bannière, ou d’un programme, indépendant...

Maintenant, le futur dépend, de la même manière, entièrement de notre pratique réelle de notre mouvement et de ses activistes ; de ce qu’ils font, et de quelle vision ils ont et tiennent dans le mouvement ouvrier. S’ils le font bien, ça marchera ; s’ils ne le font pas, ça ne marchera pas. Il n’y a ici pas d’inévitabilité historique !..../...