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Non à l’exclusion des femmes musulmanes de la société

27 janvier 2012, 19:21, par La Louve

Elle a du pain sur la planche la femme voilée, dans ses luttes purée !!

Elle est coincée entre des idiots qui veulent la dévoiler ou l’empêcher de travailler parce que voilée, et d’autres idiots qui le cas échéant lui imposent le voile ;-) pas de la tarte.

Et "nous" communistes, là-dedans ?

Je vais donner mon point de vue de femme, communiste, attachée à la laïcité réelle (pas du tout celle qu’on nous vend à longueur de journée en prétendant que c’est l a gestion des signes extérieurs religieux... mais on en reparlera ailleurs de ce qu’est la laïcité), férocement opposée au racisme et à la xénophobie, et attachée aux combats émancipateurs....

Et ça vaut ce que ça vaut !

Sur le voile, premièrement : il est évident pour moi que ces croisades anti-voiles sont un signe de racisme et de xénophobie d’état qui n’ont qu’un objectif la division du prolétariat (une de plus).

Sur le voile, deuxièmement :

Bon, si on parle de "mâles", faut aussi parler de "femelles" en contrepartie ;-)

un "mâle" et un "homme" ce n’est pas exactement pareil et parfois ça ne se recoupe pas ;-)

Perso, je connais pas mal de femmes jeunes et moins jeunes, en France ou ailleurs, qui portent le voile par choix plus que parce qu’on leur a véritablement imposé, soit par conviction "religieuse" (reste à savoir d’ailleurs dans cette "pratique" de quel degré elle est ! Par exemple un grec ou un russe même communiste va fêter les pâques orthodoxes, fréquemment, c’est une tradition plus culturelle que religieuse, dont bcp ont même fini par oublier le sens - est-ce que c’est la même chose que celui qui va à la messe 3 fois par jour ?) , soit, c’est vrai aussi, pour ne pas se faire emmerder, en tant que "femelles" par "les mâles", notamment.

Sachant que souvent, ces femmes luttent également contre la domination des hommes, qui comme chacun le sait en France, ne sont pas tous musulmans, loin s’en faut, ni d’origine maghrébine ou arabe, domination qui n’est pas seulement sociale culturelle économique mais également souvent physique (c’est là qu’on retrouve le mâle).

Enfin, il y a également une troisième hypothèse de port du voile : c’est le port du voile -port d’étendard. Un peu comme Césaire disait à une époque "le nègre vous emmerde". Un peu comme quand on est jeune on est punk ou grunge.

Une parenthèse : il n’y a quasiment (je dis quasiment) que la société qui puisse protéger la "femelle" de la force physique du "mâle" , et encore, imparfaitement ; dans 90% des cas, hélas, la nature a créé pour l’instant, à ce stade de notre évolution, d’importantes différences physiques, de force. Dans les sociétés ou les groupes sociaux (quels qu’ils soient) qui refusent de protéger la "femelle" contre "le mâle" et de la violence , symbolique ou réelle, que lui autorise sa domination physique "naturelle" supérieure (ce qui est le cas en France aujourd’hui et nous concernent TOUTES malgré les beaux discours, qu’on soit athée, musulmane, ou communiste), il peut parfois être utile et très compréhensible de porter un voile pour faire avancer les droits de la femme.

J’ajoute que certaines encore portent le voile pour lutter contre la merchandisation et le dévoilement incessant et quotidien du corps de "la femme" à tous bouts de champ.... je ne le ferais pas perso, mais parfois je les comprends...(c’est presque une forme de "noli me tangere" qui est un interdit fondateur de la chrétienté).

Ce qui revient à accepter un signe de contrainte extérieur ou de soumission comme disent certains, pour ne pas se faire prendre la tête avec des choses qu’on juge finalement subalternes parce que l’essentiel est ailleurs.

La liberté, c’est dans la tête et dans les actes politiques que tu poses au moment où il faut les poser.

Pour moi, cette question du voile, c’est un peu comme quand tu acceptes la loi de l’état bourgeois dans le cadre syndical, sur des choses assez mineures finalement, parce que ce qui compte, c’est l’objectif (informer, rassembler, lutter), par exemple dans le cas de l’implantation de la section syndicale....

C’est presque de la dialectique en actes , d’une certaine manière. C’est la dialectique de l’émancipation. Tu enfonces un coin, puis un autre, puis un autre et ensuite tu donnes deux ou trois coups de marteau, et ça pète ;-)

Si pour acquérir le statut de femme aux yeux de la société , d’un groupe, d’une famille, et de son idéologie dominante, (et donc s’extraire de celui de femelle sans droit et non protégeable), donc pour entrer dans une autre dimension politique, l’état des forces du moment dans un endroit ou dans un groupe impose plus ou moins de porter un voile pour pouvoir ouvrir sa gueule sans se ramasser des pluies de coups et des crachats, et donc, pour être audible ÉGALEMENT par les hommes/mâles, je ne vois pas bien en quoi c’est gênant, personnellement.

Je ne vois pas par exemple à quoi sert,"pour la cause" une femme brûlée à l’acide et/ou lapidée par exemple, et je préfère une femme qui sait aussi se protéger pour pouvoir être efficace.

Il y a des cas dans lesquels refuser de porter un voile (ce que certains appellent soumission) c’est à peu près aussi intelligent que de se balader avec une étoile jaune et un drapeau rouge en chantant l’internationale Yiddish dans les rues de Paris en 1943...

La domination quasi irréductible à l’état brut est la domination physique avec in fine l’argument de la force et de la violence. La résistance, facteur de potentiels changements, implique diverses étapes. Diverses stratégies, diverses diversions même...

Je préfère une femme qui pour pouvoir travailler (donc se colleter de face avec le capital) doit porter un voile, si c’est cela la loi à laquelle elle est immédiatement et physiquement soumise sans possibilité réelle d’en être "protégée" (j’insiste parce que ça c’est vraiment important), que celle qui, pour ne pas vouloir porter de voile, est bouclée chez elle à double tour ne travaille pas ne rencontre personne...

Dans ce genre de cas de figure, je me demande bien qui domine qui et qui est soumis à qui finalement !! La femme ou l’homme ?

De mon point de vue la réponse est claire : le faible et le soumis dans un système un groupe religieux patriarcal phallocrate qui impose le voile, c’est l’homme/mâle qui ne peut pas du tout affronter l’émancipation féminine sans artefact et sans violence brutale. Faut être sacrément flippé pour en arriver à construire des trucs pareils, vous avouerez....

Maintenant ce n’est pas une surprise que les églises sont toujours plus ou moins des piliers d’un état ou d’une caste bourgeoise....

Ceci pour dire que je ne partage pas l’ interprétation du voile donnée dans certaines orgas d’extrême gauche, dans le sens où je crois que c’est trop réducteur, trop généralisateur, trop simpliste de dire "le voile c’est la soumission de la femme au mâle" et qu’il y a mille manières et mille raisons de porter un voile.

Croire que le port du voile est univoque, je pense vraiment que politiquement et sociologiquement c’est une erreur d’analyse et qu’en plus, tactiquement, c’est mal joué.

Ce qui compte, je crois, c’est le combat d’émancipation, qu’il soit mené, à l’école, à la maison, dans l’entreprise,à différents stades, et il peut prendre différents visages, mais quand même ne soyons pas hypocrites, dans ce type de lutte, les femmes sont souvent seules et individualisées, "atomisées", "divisées". On a vu également comme des mouvements de "rassemblement" type "ni pute ni soumise" pouvait engendrer de dérives et de manipulations....Donc bon...

Quand on voit dans les pays du Maghreb ou en Egypte ou en Iran, par exemple, des femmes voilées ET non voilées (voire opposées à l’Islam et au voile) combattre ensemble pour certains droits fondamentaux ou pour des avancées en termes de droits et d’acquis positifs pour un groupe ou pour une classe, quand on voit comment les Iraniennes trichent de plus en plus avec le voile, et comment on est passé progressivement, en 30 ans, du voile quasi-intégral sous Khomeyni avec le voile des jeunes iraniennes aujourd’hui (tout ceci sans notre aide d’occidentaux civilisés et laïcs - ironie- ), mais ceci grâce à la participation directe et indirecte des femmes à des luttes qui , la plupart du temps, ne concernaient pas directement la religion et le voile, on se dit que franchement ici en France on aime bien diviser avec les histoires de religion , faire la leçon de la laïcité, et couper les cheveux (sous le voile) en quatre.

La laïcité vue sous cet angle c’est vraiment un mal français qui vient d’une double influence : la France fille aînée de l’Eglise et le Pape à Avignon, et l’influence de la bizarrerie de la franc-maçonnerie française moderne qui est aussi républicaniste - et très "IIIème république" (et donc en partie coloniale et raciste dans de nombreux cas).

Finalement, ça sert à quoi ?

De mon point de vue, ça sert exclusivement à diviser le prolétariat et à renforcer la bourgeoisie en lui donnant des armes. Et c’est tout.

Personnellement, je n’ai pas peur des personnes animées d’un sentiment religieux. Je ne les crains pas. Je suis au "clair" avec "mon" sentiment religieux (ou l’absence de celui-ci) ;-)

Pas peur d’être contaminée, pas peur d’être niée, pas peur d’être "endoctrinée" par une soeur de combat potentielle qui porte le voile (ou la croix ou la perruque ou je ne sais quoi).

Ce que je ne laisse pas passer en revanche c’est le pouvoir politique séculaire des "églises" quelles qu’elles soient. Et ça oui c’est un combat important. A ce titre, toutes les constructions politiques de ces 20 dernières années en France , toutes les institutions par la loi (type conseil du culte musulman créé sous forme d’association le 28 mai 2003 par publication au Journal officiel de la République française le 7 juin 2003 promue par Vaillant et Chevènement, par exemple) favorisant le communautarisme, et plus grave de mon point de vue, initiant un renouveau de la participation des religions au débat public en tant qu’organismes éminemment politiques, sont à bannir résolument et à abroger.

Et ça ça me semble bien plus emmerdant et grave que le voile d’une telle ou une telle.

Evidemment, ce qui change c’est si on veut manifestement m’imposer une religion comme nouveau visage de la toujours même exploitation capitaliste. Là, plus d’accord. On passe d’un "autre côté". Mais toutes les personnes ayant un sentiment religieux ne sont pas des membres de sectes, prosélytes, dominatrices, loin s’en faut !

A part ça, je préfère largement une camarade voilée et "rouge à l’intérieur" qui se bat d’abord contre la domination capitaliste et par là se bat également pour son émancipation à elle en tant que doublement (voire triplement) exploitée comme prolétaire, femme et le cas échéant, immigrée, qu’une bourgeasse émancipée et très très dévoilée qui ne pense qu’à me tondre la laine sur le dos.

Entre ilham moussaid et dominique voynet ou elisabeth badinter, par exemple, moi, mon choix était fait depuis très longtemps et je ne l’ai pas caché. Malheureusement Ilham n’a pas pu rester assez longtemps dans une orga politique de classe pour qu’on sache ce qu’elle avait "dans le ventre" (parce que beaucoup trop lui ont reproché ce qu’elle avait "sur la tête") et hélas je ne la connais pas mais j’aurais beaucoup aimé la rencontrer et me battre à ses côtés.

Parenthèse : à ce titre et sur ce sujet je n’oublierai jamais ce qu’a fait et dit Mélenchon à cette occasion, et rien que ça, ça aurait suffi à me le faire voir comme un ennemi de classe (parce qu’un mec en tablier qui croit dans un "grand architecte de l’Univers" et qui daube sur 2 pages sur une militante NPA dans les colonnes du magazine d’un mec du Modem - Marianne- , pour moi, ça pose le gars niveau lutte des classes...)

Enfin, si le choix du voile est un choix religieux (il l’est parfois) je dirais que d’abord on ne lutte pas contre le sentiment religieux individuel en s’en prenant aux individus eux-mêmes mais en s’en prenant à la société, aux "chapelles" (donc aux clergés) et aux racines socio-économiques de tout cela. Je renvoie à mon développement sur l’institution politique des communautés religieuses depuis 15 ans plus haut (et avec ça je joins le financement des écoles confessionnelles injustement appelées "privées" -elles ne sont ni privées ni que cela).

Marx l’a bien dit en 1843 et je mets ici le passage entier sinon la fameuse phrase "la religion c’est l’opium du peuple" prend un tout autre sens qui ferait de Marx limite un adepte du dévoilement forcé (ce que je pense vraiment on ne peut pas envisager sauf à commettre un contre sens terrible) :

Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : l’homme fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l’homme qui, ou bien ne s’est pas encore trouvé, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme n’est pas un être abstrait, extérieur au monde réel. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, une conscience erronée du monde, parce qu’ils constituent eux-mêmes un monde faux. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa raison générale de consolation et de justification. C’est la réalisation fantastique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine n’a pas de réalité véritable. La lutte contre la religion est donc par ricochet la lutte contre ce monde, dont la religion est l’arôme spirituel.

La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’une époque sans esprit. C’est l’opium du peuple.

Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu’il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c’est exiger qu’il soit renoncé à une situation qui a besoin d’illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l’auréole.

En plus, on en a tous connus des camarades qui au fur et à mesure de leur progression dans le communisme ou le socialisme délaissaient progressivement voire rejetaient complètement la religion et les églises...

Bref, je ne sais pas si j’ai été très claire, mais le cas échéant évidemment, j’essaierai d’éclaircir mon point de vue.

Mais en résumé : je suis CONTRE cette loi à la con. Je préfère qu’une musulmane (ou supposée telle) qui vote à gauche s’occupe de mes gosses à la crèche plutôt qu’une petite conne qui mouille pour Sarkozy, ou Le Pen, bien blonde, bien rose, bien "athée".