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> Comment le PS a bouclé son projet pour 2007 ? Vu de l’intérieur...

10 juin 2006, 20:38

Le projet socialiste est, sans surprise, un catalogue de promesses étatistes et dirigistes. Et il est authentiquement socialiste, en ce qu’il commence par répéter, de façon même caricaturale, l’idéologie qui a partout et toujours échoué : celle qui fait du "social" la valeur première, sans s’occuper de l’économie.
Ainsi n’y a-t-il dans ce projet aucun chapitre économique. La première partie s’intitule Réussir le plein emploi dans un développement durable. Certes, les premiers mots sont : "relancer la croissance". Mais la relancer comment ? Par l’investissement et le pouvoir d’achat. L’investissement par des mesures étatiques très floues, le pouvoir d’achat "par la négociation sociale". On s’occupe de redistribuer sans savoir s’il y aura quelque chose à distribuer. Les entreprises sont une pompe à finances automatique. Dans ces conditions, on peut augmenter le pouvoir d’achat autant qu’on veut, autant que le voudront les syndicats, et bien sûr on peut mettre le SMIC à 1.500 euros. Et pourquoi pas 2.000 ?
Tout le reste est un exposé de la pensée unique, qui égrène des mesures "généreuses" pour différentes catégories de la population (contrat EVA pour les jeunes avec une allocation de 2.500 à 3.000 euros par an, financement par l’Etat d’une partie des loyers des foyers les plus modestes, etc.). Avec une nouveauté : pour la première fois, le parti socialiste s’engage à légaliser le "mariage" homosexuel et l’adoption d’enfants par les paires homosexuelles.
L’immigration est bien entendu "un atout pour notre pays", et il faut "relancer la dynamique européenne" notamment par l’élaboration d’un nouveau traité qui donnera un président à l’Europe. Tandis que le président de la République française perdra encore un peu plus de pouvoir au sein d’une république parlementaire...
C’est un projet de destruction de la substance française, et d’effacement de la France. On n’en attendait pas moins d’un parti qui se dit socialiste et qui en cela est cohérent avec lui-même, mais on ne voit pas comment il pourrait rencontrer l’adhésion des citoyens. Le coup de l’avalanche de promesses fondées sur du vent a été fait trop souvent pour qu’il puisse encore fonctionner.
Du reste on a l’impression que les ténors du parti n’y croient pas trop. La déclaration de Dominique Strauss-Kahn, hier sur LCI, est même stupéfiante. Alors qu’il a lancé sa campagne en grand et s’agite beaucoup pour être le candidat socialiste, le voilà qui dit que "si la présidentielle se joue sur le terrain de l’immigration et de la sécurité, la droite a de fortes chances de gagner", mais que ce sera la gauche si l’élection se joue sur les questions "de l’emploi, de la précarité et du pouvoir d’achat". DSK fait semblant de se rassurer en affirmant que ce sont ces questions-là qui priment, et que donc la gauche l’emportera. Il ne voit pas que les problèmes sociaux dépendent eux-mêmes des problèmes d’immigration et de sécurité. Les Français, eux, le voient.