Je te reconnaîtrai aux algues de la mer Au sel de tes cheveux, aux herbes de tes mains Je te reconnaîtrai au profond des paupières Je fermerai les yeux, tu me prendras la main.
Je te reconnaîtrai quand tu viendras pieds nus Sur les sentiers brûlants d’odeurs et de soleil Les cheveux ruisselants sur tes épaules nues Et les seins ombragés des palmes du sommeil
Je laisserai alors s’envoler les oiseaux Les oiseaux long-courriers qui traversent les mers Les étoiles aux vents courberont leurs fuseaux Les oiseaux très pressés fuiront dans le ciel clair.
Je t’attendrai en haut de la plus haute tour Où pleurent nuit et jour les absents dans le vent Quand les oiseaux fuiront je que saurai le jour Est là marqué des pas de celle que j’attends.
Complices du soleil je sens mon corps mûrir De la patience aveugle et laiteuse des fruits Ses froides mains de sel lentement refleurir Dans le matin léger qui jaillit de la nuit.
Francis Copyright Claude Roy "Petit Matin" (Le Poète mineur – 1949)
Je te reconnaîtrai, Anna…
Je te reconnaîtrai aux algues de la mer
Au sel de tes cheveux, aux herbes de tes mains
Je te reconnaîtrai au profond des paupières
Je fermerai les yeux, tu me prendras la main.
Je te reconnaîtrai quand tu viendras pieds nus
Sur les sentiers brûlants d’odeurs et de soleil
Les cheveux ruisselants sur tes épaules nues
Et les seins ombragés des palmes du sommeil
Je laisserai alors s’envoler les oiseaux
Les oiseaux long-courriers qui traversent les mers
Les étoiles aux vents courberont leurs fuseaux
Les oiseaux très pressés fuiront dans le ciel clair.
Je t’attendrai en haut de la plus haute tour
Où pleurent nuit et jour les absents dans le vent
Quand les oiseaux fuiront je que saurai le jour
Est là marqué des pas de celle que j’attends.
Complices du soleil je sens mon corps mûrir
De la patience aveugle et laiteuse des fruits
Ses froides mains de sel lentement refleurir
Dans le matin léger qui jaillit de la nuit.
Francis Copyright Claude Roy "Petit Matin" (Le Poète mineur – 1949)