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Ni putes ni soumises, ou la parole confisquée , Fadela Amara, de Badinter à Sarkozy...

21 juin 2007, 22:19

Sexisme et jeunes filles immigrées

Elément pour un débat.

(notamment à partir d’un échange "MRAP et NPNS" - 2004)

* Nous refusons de stigmatiser "le garçon arabe"
en tant que tel et de considérer que la culture dite "arabe" (ce quisuppose une unicité de ladite culture alors qu’elle est traversée par diverses idéologies) serait sexiste par essence et les hommes dits"arabes" sexistes" par nature . (cf. "Le scandale des tournantes" de L Mucchielli) . Nous savons que la violence sexiste est partout, danstous les milieux sociaux .

Pour autant nous pouvons dénoncer comme eux les violences sexistes dans les quartiers pauvres et abandonnés de la République. Le fait d’être arabe ou musulman ne saurait être prétexte pour le silence sur ce point (cf. Josette TRAT contre N Guénif-Souilamas).

* Plus particulièrement, nous pouvons être amené à dénoncer une autre pratique de masse à savoir, le contrôle de la sexualité des filles notamment sur le principe de la virginité . C’est ce que fait aussi l’association NPNS . Mais la façon dont nous aurons à faire cette dénonciation sera sans doute différente. Ce contrôle se fait sur les filles et pas sur les garçons. Il y a là certes une discrimination choquante et critiquable . Mais le fait de l’attribuer à la religion musulmane, voire à la "culture arabe" peut poser problème au MRAP .
Pour ma part, je refuse de mettre cela sur la "culture arabe", un mot valise trop englobant . L’attribution à la religion musulmane est plus correcte mais là encore attention de ne pas la montrer comme unique et faire de cette religion un ensemble réactionnaire par nature . Je
préconise l’emploi, si besoin est, du terme d’excès réactionnaire du religieux musulman. Il s’agit alors de préciser qu’il existe bien une interprétation réactionnaire et sexiste de cette religion ; cette interprétation donne lieu à des normes condamnables . En fait comme de nombreuses religions ont adopté une pratique discriminatoire à la fois sexiste et patriarcale. On pourrait à l’occasion le relater.

* Concernant le fait de l’émancipation des jeunes filles immigrées .

C’est plus implicitement qu’explicitement que nous approuvons cette émancipation. Elles ne sont jamais évoquées sur nos listes de débat . Ces jeunes filles émancipées des règles sexistes et patriarcales sont pourtant objet de critiques des indigènes" anti bounty " (*). Elles feraient le jeu de la société dominante et cautionnerait le racisme dominant . Rien moins.
Cette problématique pose questions :
.Tout d’abord, doit-on considérer que ces jeunes filles émancipées sont totalement en rupture avec LA culture d’origine de leur famille ou doit-on plutôt considérer qu’une même famille immigrée est l’objet d’une "culture mixte", non figée. Cela relève du débat de spécialistes mais la tendance va vers le mixage des cultures.
A un niveau intermédiaire remarquons que ces familles n’échappent pas aux débats idéologiques contemporains et que les jeunes filles adoptent de plus en plus des principes et des pratiques d’émancipation. Cela pose certes souvent des problèmes et génère des conflits dans les familles. Nous avons tendance à ignorer ces effets (parce que nous sommes "blancs", (disons plutôt car nous faisons parti de la société dominante).Soit.
Mais doit-on pour autant rester neutre afin d’éviter la "manipulation raciste", celle qui à l’occasion stigmatise le "garçon arabe" ? Pire, faut-il les nommer "beurettes émancipées" pour mieux les stigmatiser sous l’étiquette de bounty ? Faut-il refuser l’idée de "l’intégration réussie" sous prétexte d’un possible discours assimilationiste/raciste sous jacent ?

Ne peut-on penser que l’idée de jeunes filles immigrée assumant une identité musulmane positive - lorsque c’est le cas - est plus à défendre qu’à stigmatiser. Ce n’est pas principalement au MRAP de faire cela . Mais par solidarité nous sommes du coté de l’émancipation.

Christian Delarue - cf blogg chrismondial

* bounty = friandise au chocolat et à la noix de coco, gâteau blanc à l’intérieur et noir à l’extérieur. La formule souligne "une trahison" des individus de couleurs qui se comportent comme des blancs (sic !).