Accueil > ... > Forum 190079

Cap à droite : une stratégie perdante

28 septembre 2007, 00:08

Ils existent des forces sous-jacentes, les classes sociales, leurs mouvements réels, leurs éventuelles compromis, qui déterminent les trajectoires des partis politiques et pas seulement les désirs de leurs dirigeants.

La phase d’instabilité que connaissent beaucoup de forces social-démocrates (au sens originel du terme) vient beaucoup de la disparition de ce qui faisait leur substrat : un compromis capital-travail, établi par un rapport de forces préalable, ayant cristallisé et ossifié des appareils puissants se nourrissants et des conquêtes des travailleurs et de leurs places d’interlocuteurs et organisateurs d’une classe puissante.

Le cours des rapports de force entre travailleurs et capitalistes a fait qu’un grand tournant a été pris dans la fin des années 70 et début 80 qui a conduit la bourgeoisie a remettre en cause la plupart des compromis passés avec les organisations de travailleurs et les partis de gauche. Ce mouvement s’est accéléré ces dernières dix ans au point que la place même du réformisme et de la social-démocratie a été mise en cause par ce mouvement de fond. L’espace social-démocrate s’est asséché . Ce ne sont pas seulement des erreurs de dirigeants socialistes ou ex-communistes comme en Italie qui ont fait l’essentiel , mais le choc entre la nature des organisations sous-jacentes et le rapport de force entre les classes.

Soit la gauche réformiste et social-démocrate allait beaucoup plus vers la gauche et donc jetait aux orties tous les conforts de situations, avec les risques inhérents, comme d’être mis sous contrôle de leurs bases et de devoir prendre le risque d’un grand affrontement avec la classe bourgeoise, soit elle continuait sa mue sur la droite en abandonnant les logiques sociales-démocrates et réformistes , pour aller vers des partis n’ayant plus aucune référence à un changement de société ou même plus aucun désir réel de contrer sérieusement les dérives du capitalisme.

Le choix de DS comme du PS français d’aller, sous des formes ou d’autres, vers des partis "démocrates" à l’américaine (ce qui ne signifie pas forcement des partis démocratiques ou favorables à plus de démocratie, bien au contraire), est logique, mais renvoie à une dérive normale de survie de membres de castes dirigeantes.

Les dirigeants de l’ex-DS en participant à un parti démocrate à 30% se foutent complètement de la glorieuse histoire du PCI, et ce n’est pas un échec pour eux, même si, à contrario c’est un échec politique pour les travailleurs. Le calcul est bon, ils sont élus ! ou pensent qu’ils le seront.

Mais au fond, la seule survie possible des sociaux démocrates en tant que tels est un virage tellement à gauche que même l’opportuniste Fabius n’en imagine pas l’ampleur...

Les habitudes d’organisation de la gauche et des travailleurs en période de remise en cause fondamentales des compromis essentiels des trente glorieuses sont complètement chamboulées et à révolutionner pour faire face à la situation nouvelle.

La question particulière du PCF qui a eu sur le fond mêmes travers et mêmes succès que le PCI , vient de l’existence sur sa droite d’un parti socialiste bien plus puissant que ne le fut le PSI. Là où le PCI dans l’après mai rampant italien n’a pas laissé beaucoup d’espace à un parti socialiste, le PCF n’a pu empêcher la constitution d’un PS puissant au moins électoralement.

Ce PS français en même temps qu’il a mouillé le PCF dans des politiques de droite par des alliances gouvernementales, a épuisé petit à petit le PCF, en même temps qu’il empêchait celui-ci d’obtenir compensations sur sa droite des politiques menées. Le chemin vers la droite pour le PCF était verrouillé, il ne lui restait plus que les compromis humiliants et affaiblissants avec le PS.

Rien n’empêche plus des morceaux essentiels du PS d’aller vers un nouveau parti démocrate à la française. Par contre le PCF, à part une fraction significative mais minoritaire, n’a pas cet intérêt là et ce chemin lui est sur l’essentiel barré, il n’a plus d’autre choix que d’aller sur sa gauche, pas pour faire plus radical que moi tu meurs, mais dans son organisation, son lien aux travailleurs, ses objectifs et le traitement qu’il réserve à ses dirigeants et son "encadrement".

Les militants communistes, si ce "révolutionnement " ne conduit pas à du sectarisme , y trouveront eux rafraichissement et ré investissement. Reconquête et reconstruction.
Dans ce chemin de libération, de contrôle de leurs représentants, de table rase des habitudes de soumission aux directions, ils trouveront bien du monde sur la route.

Copas