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Renaud saisit Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale. (vidéos très "difficile"...)

31 janvier 2008, 13:24, par (k)G.B.

Tuer des animaux pour se nourrir n’est pas nécéssaire ? Soit, je suis tout à fait d’accord, dans l’absolu.
Et pourtant... Les régimes alimentaires végéta(l|r)iens sont hors de portée des plus démunis.

Ils n’ont pas les moyens de s’alimenter par ce biais, moins abordable, plus compliqué, et pas du tout adapté aux conditions actuelles.
Je suis désolé, mais c’est un mode de vie au mieux petit-bourgeois.

Donc encore une fois, mettre sur un pied d’égalité la mort d’un animal pour nourrir et la mort d’un animal pour divertir, cela me pose un gros problème.

Dans l’absolu, changer de mode alimentaire implique bien plus de modifications radicales de nos modes de vie que décider de ne plus tuer d’animaux pour le loisir/plaisir/divertissement.
L’état actuel de l’agriculture mondiale ne permettrait pas de se passer de viande.

Je pense que la question principale est réellement liée à la mise en scène de la mort, au rituel de mise à mort, et au fait de contempler la mort survenir devant soi, sous ses yeux.
Le rapport de l’Homme à la Mort a toujours été complexe : elle fait peur et fascine en même temps (fascination apeurée, dites-vous ?).

Dès lors, l’objectif réel n’est pas réellement le divertissement, mais bien la Mort en tant que telle ; alors que lorsqu’on tue un animal pour se nourrir, l’objectif est bien l’alimentation.
La fin justifie-t-elle les moyens ? J’ai le toupet de croire que oui, parfois. Et les révolutionnaires peuvent difficilement le nier, m’est avis.

Le rapport à l’animal n’est de ce fait pas du tout le même, et je trouve assez préoccupant qu’on veuille se saisir de cet argumentaire pour justifier la mort animale dans le cadre de la corrida ou de la chasse.

Nous sommes assez raisonnés et raisonnables pour pouvoir débattre justement de la réalité, de la fascination pour la mort, rituelle et symbolique, inhérente à ces activités, sans devoir pour autant recourir à des exemples ou des arguments hors contexte, et donc ou fallacieux, ou inappropriés.

Petite parenthèse à ce sujet : tu dis qu’en utilisant l’argument de la nécéssité, on peut en arriver à arrêter de faire l’amour, je te réponds alors que faire l’amour n’a jamais tué personne (ou alors, de plaisir, et ça, c’est beau. ;)). Mais je sais que tu disais cela plutôt sur le ton de la provocation humoristique. ;)

Quant aux photos, leur but est avant tout, à mon avis, de choquer/fasciner, lorsque les mots ne semblent pas suffire et convaincre.
Mais si les mots ne suffisent pas, c’est peut-être que les idées que les auteurs cherchent à véhiculer ne sont pas les bonnes... ou ne suffisent pas non plus.
La photographie est à ce sujet souvent détournée pour en faire un outil moderne de propagande faisant appel à l’instinct, à la réaction viscérale : contrairement aux mots qui demandent une attention et une analyse, même simple, et le fonctionnement de l’intellect, les photos frappent d’abord l’affect.

Quoiqu’il en soit, je suis peiné de voir à quel point les réactions des un-e-s et des autres sont excessives, pleines de colère, voire de haine, et d’animosité.

Je ne pense pas que ce soit la meilleure façon de débattre et de progresser sur le sujet (ou un autre d’ailleurs).
Lorsque je lis la quantité d’invectives déversées autant par les pro- que par les anti-, je me dis que si on n’est déjà pas capables d’échanger nos opinions sereinement sur cette question, on aura bien du mal pour les autres causes.

En revanche, je souhaite toutefois répondre à ceux qui estiment que la cause "anti-corrida" n’est qu’une façon de cacher son manque d’énergie à défendre des causes humaines : premièrement, pour éviter toute confusion, je ne me sens pas concerné -comme dit ailleurs, pour moi la cause animale vient après la cause humaine, mais la suit toutefois de près, je précise- ; deuxièmement, je crois qu’il est tout à fait possible de militer à la fois pour le respect de la vie animale tout en luttant pour les causes humaines dont nous parlons sur bellaciao plus généralement.

Je ne vois pas pourquoi une cause devrait forcément exclure l’autre et là je rejoins l’avis d’autres intervenant-e-s même si je ne suis pas moi-même dans cette double dynamique.

Cessons les procès d’intention, les accusations gratuites, les invectives et les grossièretés, et peut-être que nous pourrons plus facilement faire passer nos messages, nos idées.

(k)G.B.