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Contre la dictature de la bourgeoisie et du capitalisme : la démocratie prolétarienne !

19 juin 2008, 11:26

Copas, je ne crois pas du tout que ce soit vaporeux ce concept de démocratie prolétarienne.

Qu’il soit à travailler à développer cela oui, bien sûr, mais les bases , en ce qui me concerne, je les vois assez clairement.Et d’autres plus éminents bien avant moi les ont vues aussi je pense.

Je dirais qu’il y a deux champs d’intervention :

 le lieu de production (ou le lieu de travail car nous ne pouvons plus négliger le fait que beaucoup de salariés ne sont plus/pas des prolétaires au sens strict du terme. Ils partagent cependant avec les prolétaires un énorme point commun qui est de n’avoir que leur force de travail à vendre pour assurer leur subsistance.)

 les institutions d’Etat (c’est là que les choses se compliquent nécessairement pour les communistes - et il va nous falloir être particulièrement courageux et honnêtes).

— >La démocratie prolétarienne sans démocratie dans les lieux de travail est à peu près un leurre qui ne peut avoir pour but finalement que de renforcer l’Etat.

Mettre en place des mécanismes vraiment démocratiques sur les lieux de travail va impliquer un sérieux débat sur la propriété privée vs la propriété publique et/ou collective.

C’est évidemment réfléchir à autre chose que les "hochets" qui nous ont été maigrement accordés jusqu’à présent dans les réformes sociales-libérales de pseudo consultation des CE dans les mouvements de capitaux et les cessions de contrôles (jamais respectées car pas sanctionnables etc).

— >On ne peut pas, on ne doit pas négliger la question de l’Etat. Ce qu’il faut avoir comme objectif c’est certes, non pas de "transformer" l’Etat bourgeois en Etat socialiste (ce qui est à mon avis chose impossible) mais de parvenir à l’auto destruction de l’Etat, à son "anéantissement naturel".

Et surtout, mettre en place tous les moyens qui permettront de parachever l’anéantissement des classes. Car on est bien d’accord que ce n’est pas le moment révolutionnaire, mais ce moment continué en processus révolutionnaire étiré dans le temps qui va abolir les classes et l’Etat. Le moment révolutionnaire va nous amener à accaparer pour nous l’Etat bourgeois ; De cet Etat bourgeois il faut se servir (non pas l’aménager) mais le détruire, prendre sa place, imposer l’Etat prolétarien avec comme unique but : anéantissement des classes et de l’Etat lui-même.

La question c’est donc : qu’est ce qu’on propose comme Etat prolétarien ? Le parlementarisme bourgeois (ce qui suppose d’avoir pu le définir avec exactitude) - non, évidemment. Notre but ce n’est pas de nosu installer dans l’Etat bourgeois pour "le transformer de l’intérieur" non notre but c’est d’abord de le renverser.

Le pivot autour duquel doit s’arrimer notre construction de l’Etat prolétarien , c’est les ouvriers, les prolétaires, les salariés - il faut théoriser aussi comment on prend en compte les alliés de classe au moment de la révolution. Cette construction doit inscrire en elle même son caractère transitoire et offrir la possibilité de se prémunir contre les tentations réactionnaires.

Je n’ai pas le temps de développer ici et maintenant des choses plus précises mais je suis en train d’y travailler, donc de toute façon je vais y revenir ici et ailleurs. J’avais déjà exprimé certaines pistes dans un texte sur les institutions.

A plus tard - faites assaut de critiques, d’imagination, de propositions, pas de problème ! Emparons nous de tout ce dont nous avons besoin

Fraternellement
LL
Ps : un petit extrait de Lénine pour illustrer (et je ne dis pas à "copier/coller" mais à travailler).

" (...) Ramsay Macdonald se débarrasse de la question de la dictature du prolétariat en deux mots, comme si elle était un sujet de discussion sur la liberté et la démocratie.

Non. Il est temps d’agir. Il est trop tard pour discuter.

Le plus dangereux, de la part de l’Internationale de Berne, c’est la reconnaissance verbale de la dictature du prolétariat. Ces gens sont capables de tout reconnaître, de tout signer, pourvu qu’ils restent à la tête du mouvement ouvrier. Kautsky dit maintenant qu’il n’est pas contre la dictature du prolétariat ! Les social-chauvins et les « centristes » français signent une résolution en faveur de la dictature du prolétariat !

Ils ne méritent pas une once de confiance !

Ce n’est pas une reconnaissance verbale qu’il faut, mais une rupture complète, dans les faits, avec la politique réformiste, avec les préjugés de la liberté bourgeoise et de la démocratie bourgeoise, l’application dans les faits d’une politique de lutte de classe révolutionnaire.

On voudrait admettre verbalement la dictature du prolétariat pour faire passer à la fois, en catimini, « la volonté de la majorité », « le suffrage universel » (comme le fait justement Kautsky), le parlementarisme bourgeois, le refus de détruire, de faire sauter, de briser complètement et jusqu’au bout l’appareil d’État bourgeois. Ces nouveaux subterfuges, ces nouveaux faux-fuyants du réformisme sont à craindre par-dessus tout.

La dictature du prolétariat serait impossible si la majorité de la population n’était pas composée de prolétaires et de semi-prolétaires. Cette vérité, Kautsky et Cie s’emploient à la falsifier, sous prétexte qu’il faudrait un « vote de la majorité » pour reconnaître comme « juste » la dictature du prolétariat.

Quels comiques pédants ! Ils n’ont pas compris que le vote dans le cadre du parlementarisme bourgeois, avec ses institutions et ses coutumes, fait partie de l’appareil de l’État bourgeois, qui doit être vaincu et brisé de haut en bas pour réaliser la dictature du prolétariat, pour passer de la démocratie bourgeoise à la démocratie prolétarienne.

Ils n’ont pas compris que, d’une façon générale, ce n’est pas par des votes mais par la guerre civile que se tranchent toutes les questions politiques sérieuses à l’heure où l’histoire a mis à l’ordre du jour la dictature du prolétariat.

Ils n’ont pas compris que la dictature du prolétariat est le pouvoir d’une classe, qui prend entre ses mains tout l’appareil de l’État nouveau, qui vainc la bourgeoisie et neutralise toute la petite bourgeoisie, la paysannerie, les philistins, les intellectuels.

Les Kautsky et les Macdonald reconnaissent en paroles la lutte des classes, pour l’oublier en fait au moment le plus décisif de l’histoire de la lutte pour la libération du prolétariat : au moment où, après avoir pris le pouvoir d’État et bénéficiant de l’appui du semi-prolétariat, le prolétariat continue la lutte des classes avec l’aide de ce pouvoir et la conduit jusqu’à la suppression des classes.

Comme de véritables philistins, les chefs de l’Internationale de Berne répètent les phrases démocratiques bourgeoises sur la liberté, l’égalité et la démocratie, sans voir qu’ils ressassent les débris des idées sur le propriétaire des marchandises libre et égal, sans comprendre que le prolétariat a besoin de l’État non pour la « liberté », mais pour écraser son ennemi, l’exploiteur, le capitaliste.

La liberté et l’égalité du propriétaire de marchandises sont mortes, comme est mort le capitalisme. Ce ne sont pas les Kautsky et les Macdonald qui le ressusciteront.

Le prolétariat a besoin de l’abolition des classes : voilà le contenu réel de la démocratie prolétarienne, de la liberté prolétarienne (liberté par rapport au capitaliste, à l’échange des marchandises), de l’égalité prolétarienne (non pas égalité des classes, cette platitude où s’embourbent les Kautsky, les Vandervelde et les Macdonald, mais égalité des travailleurs, qui renversent le capital et le capitalisme).

Tant qu’il y a des classes, liberté et égalité des classes sont une duperie bourgeoise. Le prolétariat prend le pouvoir, devient la classe dominante, brise le parlementarisme bourgeois et la démocratie bourgeoise, écrase la bourgeoisie, écrase toutes les tentatives de toutes les autres classes pour revenir au capitalisme, donne la liberté et l’égalité véritables aux travailleurs (ce qui n’est réalisable qu’avec l’abolition de la propriété privée des moyens de production), leur donne non seulement des « droits », mais la jouissance reélle de ce qui a été ôté à la bourgeoisie.

Qui n’a pas compris ce contenu-là de la dictature du prolétariat (ou, ce qui revient au même, du pouvoir des Soviets ou de la démocratie prolétarienne), emploie ces mots vainement.

Je ne puis développer ici plus en détail ces réflexions, que j’ai exposées dans "l’État et la Révolution" et dans la brochure "La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky". Je peux terminer en dédiant ces notes aux délégués qui assisteront le 10 août 1919 au Congrès de Lucerne 7, de l’Internationale de Berne."

14 juillet 1919" Lénine, Les tâches de la IIIè Internationale
http://www.geocities.com/komintern_doc/komintern068.htm