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Georgie : le retour des "chiens de guerre"

11 août 2008, 18:44

La Géorgie a joué son va-tout et aurait perdu

lundi 11 août 2008, mis à jour à 16:37
Reuters

La Géorgie a commis une faute stratégique en pensant pouvoir rapidement reprendre le contrôle de sa province d’Ossétie du Sud au nez et à la barbe de la Russie, estiment les analystes familiers du Caucase.

Les séparatistes ossètes soutenus par la Russie ont certes provoqué l’offensive géorgienne, mais celle-ci s’est fondée sur la fausse certitude de pouvoir remporter une victoire-éclair.

"Les Géorgiens ont joué leur va-tout et on perdu", estime Michael Denison, spécialiste de la région au cercle de réflexion londonien Chatham House.

"Ce n’était pas un calcul déraisonnable d’espérer une victoire rapide, mais cela c’est révélé un mauvais calcul", ajoute-t-il.

La Géorgie, dont plusieurs régions sont insoumises, a réussi ces dernières années à juguler des révoltes sur son sol, notamment dans la vallée de Kodori et en Adjarie, sans provoquer de réaction russe.

Elle a pensé que, avec le changement de direction à Moscou et l’ouverture des Jeux olympiques de Pékin, elle pourrait s’offrir un succès facile également en Ossétie du Sud, à moindre frais.

"Tskhinvali, la capitale, est relativement petite, avec ses 25.000 âmes, et ils ont probablement pensé qu’elle tomberait comme un fruit mûr", analyse Denison.

"UN AVANT-POSTE" RUSSE

Selon lui, les Géorgiens ont pensé qu’une partie de la population s’enfuirait vers l’Ossétie du Nord, qui elle fait partie intégrante de la Fédération de Russie, par le tunnel de Roki, que d’autres resteraient et que le problème serait résolu de lui-même.

Avec le recul, poursuit-il, les Géorgiens auraient dû penser à bloquer ou à faire sauter le tunnel de Roki, qui a permis à la Russie d’acheminer des forces vers le Sud.

Denison et d’autres analystes reconnaissent que les séparatistes d’Ossétie du Sud provoquaient la Géorgie depuis un moment avec l’assentiment de la Russie.

"Mais, quand on s’embarque dans une guerre, comme les Géorgiens l’ont fait, il faut en soupeser les conséquences", souligne le député britannique Bruce George, spécialiste de la Géorgie.

"Il était inévitable que la Russie réagisse massivement et, à ce stade, il n’est pas certain qu’ils s’arrêteront."

Pour Denison, la conviction du Premier ministre russe Vladimir Poutine que l’Ossétie du Sud ne serait jamais intégrée à la Géorgie a scellé le sort de la région.

Après l’intervention russe, ajoute-t-il, l’Ossétie du Sud "ressemble désormais à un petit avant-poste en lisière sud de la Russie".

Version française Marc Delteil

http://www.lexpress.fr/actualite/depeches/infojour/reuters.asp?id=76649