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Gaza : frégate porte-hélicoptères française contre le trafic d’armes

23 janvier 2009, 22:58, par Siryne

Hypocrisie ! immonde complotation !!!

vendredi 23 janvier 2009
Gaza, la « solution » Italie et OTAN

DINUCCI Manlio

Après un cordial entretien à Tel Aviv avec sa collègue Tzipi Livni, et la cérémonie de remise des « aides humanitaires italiennes à la population de Gaza », le ministre des Affaires étrangères Frattini est aujourd’hui (21 janvier) au Caire pour « relancer l’engagement italien en faveur d’une solution politique de la crise ». Ce qu’est cette « solution », le président du conseil Berlusconi l’a clarifié dimanche, en visite à Jérusalem : il a confirmé la proximité de l’Italie avec Israël et rappelé que c’est l’Italie qui avait proposé à l’Union Européenne que le Hamas soit inscrit sur la liste ses organisations terroristes internationales, justifiant ainsi l’attaque israélienne contre Gaza. « Le Hamas – a réaffirmé Frattini - ne peut pas être un interlocuteur politique ». Il a ainsi confirmé que l’Italie met à disposition un contingent de carabiniers, à déployer dans la Bande de Gaza parce que les Egyptiens ne les veulent pas sur leur territoire, et de navires militaires à déployer face à Gaza « pour la lutte contre le trafic d’armes vers le Hamas ». Berlusconi et Frattini n’ont par contre pas parlé du bien plus consistant trafic d’armes, en direction d’Israël, dans lequel l’Italie joue un rôle de premier plan.

En septembre dernier – d’après le journal israélien Jerusalem Post (29-12-2008) - le Congrès étasunien a approuvé la fourniture à Israël de 1.000 bombes anti-bunker Gbu-39 dirigées par Gps qui, lancées à plus de 100 Kms de distance, pénètrent à presque un mètre d’épaisseur de ciment armé avant d’exploser. Les bombes, arrivées en Israël début décembre, ont été utilisées « avec succès » dans l’attaque contre Gaza. D’autres livraisons ont suivi, de façon que les forces israéliennes, employées dans des bombardements massifs, ne se trouvent pas à cours de munitions. D’où proviennent et par où transitent ces munitions, y compris celles au phosphore, qui partent en Israël ? C’est le Pentagone qui l’a révélé de façon indirecte, quand il a parlé d’un dépôt étasunien en Israël qui, comme cela avait déjà eu lieu dans la guerre contre le Liban en 2006, réapprovisionne les forces israéliennes « en cas d’urgence ». Ce dépôt et un autre, sont approvisionnés par le 31° escadron munitions qui opère à Camp Darby, la base logistique étasunienne (entre Pise et Livourne) où sont déposées d’énormes quantités de munitions pour les forces aériennes et terrestres Us. De là, à travers ports et aéroports italiens, elles sont transférées en Israël.

C’est ainsi qu’apparaît la nature de l’opération, sous égide OTAN, à laquelle l’Italie va participer : soumettre Gaza à un nouveau type d’embargo, camouflé en « maintien de la paix », tout en continuant en même temps à soutenir et armer Israël. Voilà le sens de l’accord Usa-Israël, stipulé le 16 janvier par la secrétaire d’Etat Condoleeza Rice et la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni. Cet accord prévoit une étroite collaboration entre les services de renseignements pour « identifier la provenance des armes qui entrent à Gaza » et un blocus terrestre et maritime pour empêcher cette « contrebande ». Livni a invité aussi l’OTAN à participer à l’opération. La réponse est prévisible.

Le 2 décembre 2008, trois semaines environ avant l’attaque contre Gaza, l’OTAN a ratifié le « Programme de coopération individuel » avec Israël. Il comprend une vaste gamme de domaines dans lesquels « OTAN et Israël coopéreront pleinement » : contre-terrorisme, avec entre autres échange de données entre les services de renseignements ; connexion d’Israël au système électronique OTAN ; coopération dans le secteur des armements ; augmentation des manœuvres militaires conjointes OTAN-Israël ; élargissement de la coopération dans la lutte contre la prolifération nucléaire (en ignorant qu’Israël, unique puissance nucléaire de la région, a refusé de signer la Traité de Non-prolifération).

Le 11 janvier 2009, deux semaines environ après le début de l’attaque israélienne contre Gaza, le secrétaire général de l’Otan, Jaap de Hoop Scheffer, s’est rendu en visite officielle en Israël dans le cadre du « Dialogue méditerranéen ». Dans son discours, il a rappelé que « le Hamas, avec ses attaques continuelles de roquettes contre Israël, a endossé la responsabilité des terribles souffrances du peuple qu’il dit représenter ». Il a ainsi rappelé qu’Israël contribue efficacement à l’opération maritime Otan « Active Endeavour », commencée en 2001 pour « combattre le trafic illégal et le terrorisme en Méditerranée ». L’escadre navale OTAN, dans laquelle sont insérées les unités israéliennes, est commandée par un officier italien, mais l’escadre navale dépend du Joint Force Command Nato de Naples, sous les ordres d’un amiral étasunien. Un officier israélien est inséré dans ce commandement, et il assure la liaison entre les forces OTAN et celles israéliennes.

Le secrétaire général de l’Otan a donc félicité Israël d’avoir adhéré avec le « plus grand enthousiasme » au « Dialogue méditerranéen », dont le but est de « contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région ». A ce même moment, les forces israéliennes massacraient les enfants de Gaza.

MANLIO DINUCCI

Version réduite (et originale) d’un article paru dans l’édition du 21 janvier de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/il-manifesto/in-edicola/numero/20090121/pagina/12/pezzo/240062/
Reçu de l’auteur et traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio