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CANA : Deuil national et crimes de guerre

Publie le lundi 31 juillet 2006 par Open-Publishing

Deuil national symbolique et fermeture des banques en hommage à la mémoire des victimes de Cana

Le Conseil des ministres décide de poursuivre Israël pour crimes de guerre

C’est dans un climat de tristesse, empreint de cette douleur aiguë et muette qu’aucun esprit ne peut comprendre à la vue du corps de ces enfants recroquevillés sur eux-mêmes et ôtés à la vie, que le Conseil des ministres s’est réuni hier en séance extraordinaire sous la présidence du chef de l’État, Émile Lahoud.

Les membres du gouvernement et le président Lahoud ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes du massacre de Cana, avant de déclarer symboliquement une journée de deuil national aujourd’hui, lundi. Les drapeaux seront ainsi mis en berne dans les établissements publics, mais il n’y aura ni fermeture ni grève. L’Association des banques a cependant publié un communiqué en soirée dans lequel elle a indiqué qu’il y aura aujourd’hui une grève du secteur bancaire.

Le Premier ministre Fouad Siniora a ensuite pris la parole pour exposer au Conseil des ministres les résultats des contacts diplomatiques qu’il a entrepris après sa conférence de presse commune avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et son appel devant le corps diplomatique. Il a précisé qu’il avait insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, global et sans conditions, le retrait d’Israël derrière la ligne bleue et l’ouverture d’une enquête sur le massacre de Cana. Toutefois, en aucun cas le Conseil ne s’est rétracté concernant son plan de paix en sept points, présenté à Rome.

De son côté, le Conseil a exprimé son soutien aux positions exprimées par le Premier ministre et le président de la Chambre. Il a ensuite demandé au ministre de la Justice, Charles Rizk, de mettre au point un dossier judiciaire sur la tuerie de Cana et sur les autres massacres commis par Israël, en vue de déposer une plainte devant le Conseil de sécurité pour obtenir la condamnation d’Israël devant l’ensemble des instances internationales pour crimes contre l’humanité.

M. Rizk a d’ailleurs précisé à l’issue de la réunion que le ministère de la Justice avait déjà commencé à mettre au point un tel dossier pour déposer une plainte contre l’État hébreu. Le ministre de la Justice a précisé qu’il allait demander aux ministères de la Défense et de l’Intérieur de préparer un dossier judiciaire en coordination avec le procureur général près la Cour de cassation pour « traîner devant les tribunaux les criminels de guerre et les massacreurs ». Il a ajouté qu’il restait à voir devant quelle instance internationale déposer la plainte.

M. Siniora devra par ailleurs décider du niveau de participation du Liban au sommet de l’OCI à Kuala Lumpur. Le Premier ministre a déjà envoyé à New York le ministre de la Culture, Tarek Mitri, à la tête d’une délégation, pour qu’il exprime la position du Liban à l’ONU.

Le ministre de la Défense, Élias Murr, a pour sa part informé le Conseil des ministres d’une attaque par l’aviation israélienne d’une position de l’armée libanaise dans l’Iqlim el-Touffah, à Harba. L’attaque a visé un camion de l’armée immédiatement à sa sortie de sa caserne.

Le Conseil des ministres a également évoqué la question de la pénurie de dérivés pétroliers en raison du blocus. Le ministre de l’Énergie, Mohammad Fneich, a rassuré tout le monde, affirmant qu’il existait des réserves de carburant pour dix jours encore. Le Conseil a par ailleurs décidé d’œuvrer d’arrache-pied pour obtenir les quantités nécessaires avant que ces réserves ne s’épuisent.

À l’issue de la réunion, M. Siniora a mis l’accent sur l’unité nationale qui prévaut dans le pays pour dénoncer la poursuite de l’agression israélienne et pour réclamer un cessez-le-feu immédiat.

M. Fneich a lui aussi mis en évidence l’unité qui règne en Conseil des ministres « malgré des divergences d’opinions sur certains détails, ce qui est sain et normal ». Cette entente interministérielle constitue « l’une des raisons de la colère d’Ehud Olmert » et, ajouté à d’autres facteurs, cela a conduit le Premier ministre israélien à « commettre ce massacre à l’encontre de civils à Cana et ailleurs », a noté le ministre du Hezbollah.

Prenant la parole à l’issue de la séance, le ministre de l’Information Ghazi Aridi a accusé Israël de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité » après le bombardement de Cana. Il a par ailleurs affirmé que les États-Unis « couvraient » l’État hébreu.

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