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Chroniques citoyennes (9) : Chiffres et nombres

Publie le dimanche 15 avril 2007 par Open-Publishing

Ma chronique du jour risque d’être rébarbative mais comme il s’agit d’un sujet qui me tient à cœur, je ne vous épargnerai donc pas les chiffres sans les lettres et le coup de griffe pour étayer mon courroux.

En dix jours de temps, 2 dépêches d’agence reprise par le Nouvel Observateur* évoquent la question de la scolarisation des enfants handicapés. L’une fait état de la hausse du taux d’intégration en milieu ordinaire des enfants et adolescents en situation de handicap, la seconde décrit les propositions d’un des candidats en matière de handicap.

D’un côté, on parle chiffre, concret en s’appuyant sur des réalités, de l’autre nous avons droit à une envolée lyrique empreinte d’un brin de condescendance. Nous pouvons nous réjouir de la prise en compte de ces 223 540 élèves dont 151 500 ont été scolarisé en milieu dit ordinaire et les chiffres sont éloquents : 69% en cette année scolaire contre 52% en 1999-2000. Nul doute que la loi du 11 février 2005 qui donne la priorité à la scolarisation, a eu un effet de levier pour tous ces enfants en créant une obligation d’accueil. Les 76 300 enfants encore scolarisés dans des établissements spécialisés, quand à eux, nécessitent des aménagements et des accompagnements spécifiques, lourds. L’effort est collectif, certes, mais il nécessiterai une meilleure prise en compte par les pouvoirs publics car cette hausse n’est malheureusement pas suivi d’une hausse des accompagnements en milieu scolaire (qualitativement et quantitativement) et d’une accélération de la mise aux normes des établissements susceptibles d’accueillir ces élèves parmi les autres.

Au lieu de cela, nous avons ces fortes déclarations comme pour faire oublier les réalités de ces enseignants qui ne sont pas aidés dans leurs classes, comme ces institutions à qui l’on réduit le prix de journée, comme ces particuliers qui n’obtiennent qu’au prix fort les crédits nécessaires à l’aménagement de leurs logements, comme ces malades victimes d’affections invalidantes qui ne trouvent refuge que dans les hôpitaux par manque de structures d’accueil pour les plus de 20 ans, comme ces parents qui ne savent plus vers qui se tourner pour accueillir un enfant polyhandicapé…. Et puis, il y a le monde l’entreprise qui préfère le plus souvent payer une taxe, un impôt que d’appliquer la loi sur le quota du nombre de travailleurs en situation de handicap sur les postes de travail…

Alors effectivement, un peu de modestie, moins de promesses mais plus de concrets. Augmentons le nombre d’accompagnateurs, d’éducateurs formés, augmentons le nombre d’accessibilité dans les lieux publics, publions les chiffres réels de l’accueil dans les entreprises et les administrations… Bref faisons en sorte que les nombres et les chiffres nous rendent moins sourds, moins aveugles, moins muets devant nos enfants, nos voisins, nos amis, nos parents en situation de handicap.

* datées respectivement du 23 mars et du 3 avril

Le 6 avril 2007
Démocrite