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Comprendre ce qui se passe à France Télécom

Publie le jeudi 1er octobre 2009 par Open-Publishing
7 commentaires

Un internaute témoigne sur le site de Libération à propos de la direction actuelle et passée de l’entreprise
 http://www.liberation.fr/economie/0...

Petites précisions utiles pour comprendre la situation

Un peu d’histoire que les internautes ne connaissent pas forcément.

Lombard n’est qu’un lampiste qui de tout façon va partir en retraite.
Il faut se souvenir qu’après les investissements hasardeux de Michel Bon, à la suite de l’effondrement de la bulle Internet c’est Breton qui a été nommé à la tête de France Telecom. Or Breton a emmené dans ses bagages Wenes et Barberot qui sont désormais Directeur pour la France et DRH respectivement. Breton a mis en place une vaste politique de restructuration pour récupérer du cash et désendetter la maison à tel point qu’on a vendu les voitures, les bâtiments et généralisé la sous-traitance. A la faveur d’un remaniement ministériel Breton devient ministre des finances et il doit abandonner la direction de France Telecom. L’homme es un fin calculateur, il sait bien que le poste qu’on lui offre n’est qu’un contrat à durée déterminée. Il prévoit donc son retour dans l’entreprise et met en place Lombard qui offre de nombreuses garanties. Tout d’abord c’est un personnage sans relief, plutôt bonhomme qui ne pourra pas faire un sale coup en douce. Ensuite, il est déjà âgé et devra rapidement partir en retraite.

Enfin il connaît bien la maison, c’est un polytechnicien. Il apparaît a l’opposé des vendeurs de supermarché qui ont dirigé la boutique et qui, au passage, l’ont menée à la faillite. Le personnel pourrait donc être rassuré. Pour assurer ses arrières, Breton donne aussi les vrais pouvoirs à Louis-Pierre Wenes qui passe du poste de directeur des achats à celui de directeur France et son collègue Barberot se trouve conforté au poste de DRH. Ce scénario devait permettre à Breton de retrouver son poste après l’élection présidentielle de 2007. Sauf que Breton est une nouille en politique, il joue Villepin – Chirac contre Sarkozy et il perd. Non seulement il perd son poste de ministre mais en plus comme il n’est pas en odeur de sainteté et parce l’Etat est au conseil de France Telecom (et l’Etat c’est Sarko) il perd définitivement son fauteuil de PDG. On ne va pas le plaindre, il réussira peut-être en vendant des chaussettes sur les marchés mais franchement son passage à la tête du groupe n’a laissé que haine et désolation… A l’inverse de nos collègues disparus personne ne le pleure celui là.

Lombard est donc resté PDG.

A dire vrai je ne sais pas s’il a pris la grosse tête, lui qui depuis des dizaines d’années était resté dans l’ombre, mais une chose me parait certaine c’est qu’il s’est appuyé comme prévu sur Barberot et Wenes pour restructurer la maison. On pourrait même parler de restructuration permanente comme un mode de fornctionnement normal. Lombard traçait les grandes lignes du plan Next en s’inspirant de la technologie et les deux affidés de Breton se chargeaient de « motiver » le personnel. Mais le choix qui a été commis c’est celui du bâton plutôt que de la carotte. Il faut savoir qu’un fonctionnaire peut-être muté n’importe où pour raison service. Autrement dit si un poste de technicien disparaît à Marseille on peut très bien se voir proposer un poste identique à Lyon, voire très différent ailleurs. Le lecteur qui appartient à la maison sait très bien que des techniciens se sont retrouvés à vendre de la daube estampillée Orange sur des plateaux téléphoniques avec comme seule solution d’accepter ou de démissionner. A tous les petits malins qui crachent sur les fonctionnaires de Ft-Orange je leur souhaite le même destin arrivé à la cinquantaine… Il est évident qu’on ne peut pas démissionner, ne serait ce que parce le boulot est désormais rare et recherché. Les gens s’accrochent et ils craquent. Ce fut le cas sans aucun doute de notre collègue d’Annecy. Les chiens, il ne me vient pas d’autre mot, qui ont mise en œuvre avec brutalité ces restructurations en s’appuyant sur la faiblesse du statut de fonctionnaire qui est moins contraignant que le code du travail en matière de mobilité géographique ou fonctionnelle, ces chiens se sont Barberot et Wenes ! Si Lombard saute et qu’eux restent, il ne se passera rien. Il faut les dégager !

« Demain Ft-Orange ne sera pas comme avant » lance un brin solennel Lombard. Il serait bien inspiré de se taire parce au prochain suicide la violence risque de se déchainer et il ne fera pas bon aller faire l’humaniste désolé, le père de famille épleuré devant les collègues d’un suicidé de France Telecom

Messages

  • Les chiens, il ne me vient pas d’autre mot, qui ont mise en œuvre avec brutalité ces restructurations en s’appuyant sur la faiblesse du statut de fonctionnaire qui est moins contraignant que le code du travail en matière de mobilité géographique ou fonctionnelle, ces chiens se sont Barberot et Wenes !

    Lombard vient d’être reconduit dans ses fonctions par Lagarde ! Ce qui signifie, à la lumière de cet article éclairant sur le sujet, que ce PDG est le paravant des fossoyeurs de FT, et en plus il se conforme strictement à la mission que l’Etat lui a assigné. C’est donc pas fini. A choisir, j’aime autant que les salariés de FT se mettent en grève illimitée plutôt que de se faire exploser la figure ! Ni l’Etat gaspilleur, ni ces zozos lèche-cul et laquais ne méritent un tel sacrifice de sa vie.

    Il paraît que beaucoup de clients se seraient désabonnés de France-Télécom ces derniers jours. Belle sanction ! Nous devrions développer cet aspect de la contestation, car le talon d’Achille des entreprises c’est bien la désaffection des clients, donc des caisses qui se vident.

    • voici comment pensent les chiens...

      "Il ne faut pas culpabiliser. Nous pouvons être fiers de tout ce que nous avons fait. C’est ça qui nous a permis d’obtenir la place que nous occupons aujourd’hui sur le marché international."

      Pierre Louis WENES, numéro 2 de France Télécom, lors d’une réunion de la direction de l’entreprise convoquée en réaction à la vague de suicides de salariés ; d’après Capital.fr

      Et ce M. Wenes, décidément très en forme, de poursuivre, toujours selon cet article en ligne :
      "Plusieurs fois au cours de la conférence, le même Louis-Pierre Wenes insiste sur le fait que le nombre de suicides n’a pas crû au sein de la maison. Selon lui, l’entreprise a même connu des années « beaucoup plus dramatiques » en nombre de suicides au cours de la dernière décennie. Mais il ajoute que la médiatisation des événements actuels crée un dangereux effet d’entraînement (« une vague »), déjà constaté dans d’autres entreprises et dans d’autres secteurs. « On va malheureusement subir ce phénomène », prédit-il."

      Bref, les suicides, c’est la faute aux médias !!!

      A noter que pour Capital.fr, l’information essentielle reste que ces suicides font grimper les demandes de désabonnement ! L’intégralité de l’article :
      http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/document-exclusif-les-suicides-a-france-telecom-font-grimper-les-demandes-de-desabonnement-438690

    • Il serait intéressant de monter à côté des syndicats ouvriers CGT, SUD... une structure par laquelle passerait les infos sur la maltraitance des salariés de telle ou telle boîte. Après, c’est aux clients qui sont aussi des salariés de décider de sanctionner ces mauvais patrons et cadres. Si j’osais, je pousserais bien aussi jusqu’à la dénonciation de la qualité des produits, mais c’est peut-être pas le propos ici.

      A la manière des patrons du médef qui se soutiennent entre eux dans les mauvais coups à faire contre les salariés et même contre les clients, pourquoi à notre niveau de "la France d’en bas", du "bas peuple", du prolétariat, il ne serait pas possible de nous entraider, pour faire fléchir cette politique assassine ?

    • depuis 2 ans les syndicalistes de FT on mis en place un observatoire du stress...
      http://www.observatoiredustressft.org/

    • Sauf que les cadres concernés sont, en général, assez loin du syndicalisme CGT ou même SUD. A partir du moment où la direction les placardise, ils sont totalement isolés, et même largués par leurs collègues qui assimilent cela à une maladie infectieuse. Le passage à l’acte devient alors possible.

  • Merci beaucoup pour ce texte, quelle bonne analyse, si seulement nos chefs de service (autrement appelés "managers") pouvaient s’attarder un peu sur ton texte, ils comprendraient peut-être un tout petit peu de ce que nous nous tuons à leur expliquer. Nous qu’ils appellent des "collaborateurs".
    Une collègue presque usée par la bataille

    • Les gars, je comprend ce qui se passe. Je sais ce que peut être la pression mise par une hiérarchie.

      Je comprend qu’on se retrouve seul face aux autres et aux chefs.

      Mais vous croyez pas que c’est un peu "facile" de mettre tout sur le dos de trois connards en haut ???

      D’abord, vous, les "autres" ceux qui ne se sont pas suicidés, les syndicats, les collègues ; vous faites QUOI ???

      Vous les "chefs" qui faites les courroies de transmission des saloperies, et qui pleurez quand vous êtes touchés, vous faites QUOI ???

      Parce que c’est pas aussi simple que de dire aux clients "désabonnez vous". surtout quand on sait que le but fixé aux décideurs de la boîte FT c’est AUSSI de "favoriser" la libre concurrence, c’est à dire de laisser de la place aux autres opérateurs pour mieux prouver l’inefficacité de FT. Et dégager les personnels fonctionnaires pour installer ceux au régime normal plus malléables.

      Quand UN supérieur met la pression sur UN de vos collègues, ça vous viens pas à l’idée de lui expliquer qu’avant que le collègue ne se suicide ça pourrait être lui qui se ferait suicider. Ou que vous allez tellement le carrer que c’est LUI qui sera enchanté de se jeter du pont ???

      Au lieu de laisser courir en roue libre en comptant qu’on vous foute la paix.

      Et si je dis ça c’est parce que j’ai du monde chez FT. Dont un proche qui sort d’un séjour en maison de repos psy. Grâce aux pressions de sont trou du cul de chef, qui lui est "fonctionnaire". Et c’est pas des "fonctionnaires", mais des CDI ceux dont je parles. Parce que ceux-là ils sont encore plus au fond du trou. Mais les "fonctionnaires" dans leur majorité ne se cassent pas trop le tronc pour eux forts du fait qu’EUX on ne pourrait pas les "virer".

      Ben vous voyez. Ils ont quand même réussi à vous niquer, fonctionnaires ou pas... Et d’ailleurs le "chef" en question, il est maintenant lui aussi en psy.

      G.L.