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Conférence de Téhéran : quand sionisme et négationnisme se confortent mutuellement

Publie le mardi 19 décembre 2006 par Open-Publishing
6 commentaires

de Pierre Stambul président de l’UJFP

En quoi la négation du génocide des Juifs constitue-t-elle un soutien aux Palestiniens ?

Des négationnistes dans le mouvement de soutien aux Palestiniens. Il fallait s’y attendre, et cela pour deux raisons :

1- l’instrumentalisation du génocide par le sionisme qui y a vu un moyen de convaincre les Juifs de rallier le sionisme et de rejoindre “ leur refuge naturel ”, l’Etat d’Israël.

2- le développement d’un discours antijuif arabo-musulman emprunté à l’histoire européenne, ce que l’on peut considérer comme un effet, sinon une victoire, de l’impérialisme culturel occidental.

Le génocide est devenu un argument politique pour justifier la politique israélienne. D’où les réactions de ceux qui croient contrer l’argumentation sioniste en niant un génocide qui aurait été inventé par ce mouvement pour mieux justifier son agression contre les Palestiniens.

D’autant que, en concentrant une part de son activité sur la mémoire du génocide, le mouvement sioniste savait qu’il faisait d’une pierre deux coups. D’une part il rappelait aux Juifs qui tardaient à (re)venir dans leur pays qu’ils vivaient toujours sous le risque d’une nouvelle Shoah, d’autre part il rappelait à ses alliés qu’ils restaient toujours suspects d’antisémitisme et qu’ils devaient donner des gages de bonne conduite à ceux qui se sont autoproclamés les représentants exclusifs des Juifs dans le monde.

Face à ces manœuvres, il était tentant de chercher à démonter la mauvaise foi sioniste en empruntant au discours antisémite européen les arguments permettant, une fois pour toutes, de convaincre de la mauvaise foi de l’ennemi. Le négationnisme arrive à point pour dénoncer la manœuvre qui serait le fait, non seulement du sionisme, mais plus généralement des Juifs considérés dans leur ensemble. On peut alors opposer à l’instrumentalisation de la mémoire par le sionisme et ses sympathisants la souffrance des Palestiniens.
Ces deux discours, le sioniste et le négationniste, se confortent l’un l’autre.

Dans cette affaire, seules les victimes ne comptent pas, que ce soient les Juifs exterminés par les nazis ou les Palestiniens massacrés par l’Etat d’Israël.

Face à cette double mauvaise foi nous devons expliquer

 d’abord, que les atrocités nazies, et en particulier le massacre systématique des Juifs, ne donnent aucun droit, à ceux qui se réclament d’un obsessionnel devoir de mémoire, de perpétrer des crimes contre les Palestiniens, que l’injustice de 1948 ne saurait être le prix à faire payer aux habitants de la Palestine pour un crime commis en Europe par des Européens.
 ensuite, qu’on ne soutient pas la dure lutte des Palestiniens en niant un crime sous prétexte que c‘est au nom de ce crime que le sionisme justifie ses crimes d’aujourd’hui. Rappelons que des personnalités palestiniennes (Mahmoud Darwich, Edward Saïd, Elias Sanbar) se sont opposés en 2001 à un colloque négationniste à Beyrouth.
 enfin, que ce n’est pas parce que certains dévoient la lutte contre le sionisme qu’il faut refuser toute critique du sionisme. Nous ne pouvons accepter que l’on mette sur le même plan la mascarade négationniste de Téhéran et les discours antisionistes.

Lorsque nous dénonçons l’équation “ juif = sioniste ” utilisée à la fois par les défenseurs inconditionnels de la politique israélienne et par les antisémites et les négationnistes, nous dénonçons autant ceux qui attaquent en bloc les Juifs au nom de la lutte contre le sionisme que ceux qui, sous prétexte de lutte contre l’antisémitisme, se font les inconditionnels du sionisme (ainsi la pétition d’Elie Wiesel, Alain Finkielkraut et quelques autres qui appellent à des sanctions contre l’Iran).

Bureau National de l’UJFP le 17 décembre 2006

Union Juive Française pour la Paix (UJFP) 21 ter rue Voltaire 75011, Paris
Tel 06 33 95 29 97 e-mail : contact@ujfp.org Site web :

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Messages

  • - d’abord, que les atrocités nazies, et en particulier le massacre systématique des Juifs, ne donnent aucun droit, à ceux qui se réclament d’un obsessionnel devoir de mémoire, de perpétrer des crimes contre les Palestiniens, que l’injustice de 1948 ne saurait être le prix à faire payer aux habitants de la Palestine pour un crime commis en Europe par des Européens.

     ensuite, qu’on ne soutient pas la dure lutte des Palestiniens en niant un crime sous prétexte que c‘est au nom de ce crime que le sionisme justifie ses crimes d’aujourd’hui. Rappelons que des personnalités palestiniennes (Mahmoud Darwich, Edward Saïd, Elias Sanbar) se sont opposés en 2001 à un colloque négationniste à Beyrouth.

     enfin, que ce n’est pas parce que certains dévoient la lutte contre le sionisme qu’il faut refuser toute critique du sionisme. Nous ne pouvons accepter que l’on mette sur le même plan la mascarade négationniste de Téhéran et les discours antisionistes.

    On ne saurait Mieux Dire ni plus clairement . Merci à l’Union Juive Française pour la Paix pour ses positions phare qui éclairent notre planète en folie

    René de Montmorency

  • On n’a beau dire ce qu’on voudra, les isrëliens se comportent aujourd’hui PIRE que le régime de apartheid de l’afrique du sud ! On ressent du dégoût de les voir agir de la sorte !

  • Merci pour cet article.

    Je pense en effet qu’il est très important d’insister sur le fait que l’idéologique antisémite est née en Europe, et que des négationnistes Européens tentent d’une façon minable de récupérer le drame des Palestiniens pour confondre dans la même sémantique l’hostilité (qu’on peut et qu’on doit comprendre) des populations Arabes colonisées envers la Nation d’Israel avec le discours occidental sur le fameux complot juif qui est repris presque mot pour mot des années 30.

    Je réagis aussi au commentaire d’Afghani ;
    Le discours qui consiste à dire que les Juifs ont confisquer l’histoire de la Shoah en occultant l’internement des autres populations est un des principaux arguments des antisémites.

    Au lieu de se demander pourquoi tant de Juifs ont essayé par la suite de continuer à dénoncer ce génocide, la question inverse ne vous effleure même pas ;

    Pourquoi des communistes, des homosexuels, des handicapés mentaux , des tziganes , des opposants Allemands anti-nazis ont-il été rangés par le IIIeme reich dans la même catégorie de sous-hommes que les juifs ?

    Ils avaient un point commun, celui d’être des marginaux dans leur pays, des individus considérés comme des parasites.

    Il y a eu une création d’une Nation Juive, et la naissance du nationalisme juif, le Sionisme.

    Mais une nation Communiste, cela n’a pas de sens, puisque le communisme est inter-nationaliste.

    Ensuite, les tziganes sont toujours des voyageurs perpetuels toujours malvenus quand ils arrivent.

    L’homosexualité a cessée d’être considérée comme une maladie mentale que depuis assez recemment par l’OMS.

    Le Nazisme, c’était l’eradication des faibles, ceux qui n’avaient pas de voix.

    Et par la suite, cela est vrai, des mouvements extremistes de juifs, qui cette fois se fondait sur une Nation protectrice, utilisent depuis cette mémoire collective pour tenter d’éviter toute critique de l’actuelle politique criminel d’Israel.

    Mais il est quand même difficile de reprocher aux juifs d’avoir essayer d’échapper à leur statut de sous-hommes.

    Afghani, va lire cela pour te rafraichir la mémoire :

    http://hypo.ge-dip.etat-ge.ch/www/cliotexte/html/france.antisemitisme.html

    jyd

  • Merci l’UJFP, toujours limpide dans ses prises de position en ces temps troublés.

  • Bonjour,

    Je ne suis pas juif, en tant que être humain tout simplement, je trouve le génocide des juifs pendant la deuxième guerre mondiale est une grande catastrophe pour les juifs et aussi pour toute l’humanité.

    Mais je trouve encore plus ignoble, les gens (notamment les sionistes qu’ils soient des politiques, des philosophes ou des intellectuels) qui profitent de ce drame pour asseoir leur pouvoir sur des gens qui vivent dans certaine peur de la reproduction de ce drame, et tout les moyens sont bons, des arguments religieux aux arguments basés pseudo logique, je rappel juste que les fondateurs du sionisme n’étaient pas des religieux, mais bel est bien des idiologues nationalistes à la manière du nationalisme européen de la fin du 19ème siècle.

    Le pire maintenant c’est qu’il y à des sionistes chrétiens (une cinquantaine de millions d’américains comme même) qui veulent préparer le "retour du messie" chrétien sur la "terre promise", vont t’ils "éjecter" les juifs et les non chrétiens de cette terre par la suite ? Personne ne peut prédire ce qui va se passer, mais une chose est sûre, c’est que le sionisme nous a concocté une guerre sans fin ? Deuxième certitude, le pays dans le monde entier où il y a le plus de tués (pas de mort naturelle) juifs c’est Israël, donc cet Etat construit de cette façon ne protége pas les juifs, et comme cette guerre est sans fin, par déduction logique il y aura encore plus de juifs tués en Israël.

    Franchement, il ne faut pas arrêter cette folie meurtrière avant que ça ne tourne à cauchemar encore plus affreux pour les juifs et les palestiniens.

    Les grands et les petits Etats de ce monde, ne peuvent pas imposé une solution au problème du conflit israélo-palestinien ?

    Si ma mémoire est bonne, il y a un proverbe juif qui dit : qui tu un seul Homme tu l’humanité entière, Israël ne tue pas qu’un seul Homme, mais il tue par centaine.

    Le chemin de la paix est le seul chemin possible.
    On ne peut pas avoir la paix tant qu’on a des ennemis. Pour avoir la paix on négocie avec ses ennemis (d’hier qui peuvent devenir des amis).

    Merci pour l’Union des Juifs Pour la Paix pour ses positions fermes en faveur de la paix.

    • merci de mentionner le sionisme chrétien. Cette apologie du retour des juifs en Palestine était très important au milieu du 19e en Angleterre, dans les milieux protestants. D’après une lecture probablement fondamentaliste de la Bible, pour que le Royaume de Dieu revienne sur Terre, il faut d’abord que la prophétie s’accomplisse : que les Juifs reviennent en Israel. D’où ce sionisme dont on parle peu mais qui a eu de l’influence sur la décision de Balfour en 1917, entre autre. Paradoxalement, fin du 19e, le sionisme était contraire aux enseignements des rabbins, ceux-ci se sont vigoureusement opposés aux théories de Théodore Herzl, d’essence laic. Pour un religieux juif, seul Dieu peut décider du retour des Juifs, en aucun cas cela peut venir d’une décision humaine !Un livre récent, oublié le titre, insiste sur les courants chrétiens qui favorisent aujourdui le sionisme aux USA, et font croire aux fidèles que leur pays est élu par Dieu.
      Thierry Sallantin