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Crise de la dette publique : sommes-nous condamnés à l’austérité ?
Publie le vendredi 27 mai 2011 par Open-Publishing5 commentaires
Article publié dans "Tout est à nous" du 26 mai
Pendant que Christine Lagarde proclame, de façon surréaliste, que « tous les clignotants sont au vert », et que « les moteurs de la croissance sont, pour certains d’entre eux, à leur meilleur niveau depuis 30 ans », la crise de la dette publique s’amplifie en Europe.
La Grèce est le pays où la situation est la plus dramatique, avec un PIB en chute de 4, 5 % en 2010 (-3, 5 % prévu cette année) et des attaques contre les travailleurs qui continuent de pleuvoir.
Actuellement, une délégation de l’Union européenne (UE) et du FMI négocie avec le gouvernement grec la mise en place de nouvelles mesures d’austérité en échange du déblocage de la 5e tranche du plan de « sauvetage » de 110 milliards d’euros consenti l’an dernier. Le 18 mai, le gouvernement « socialiste » a appelé l’opposition de droite à l’union sacrée pour imposer des réformes « structurelles » : privatisation de ce qu’il reste de public en Grèce, non-remplacement de la totalité des fonctionnaires partant à la retraite, etc. C’est ce type de mesures qui seront nécessaires pour que l’UE et le FMI prêtent 60 milliards d’euros supplémentaires afin de couvrir les besoins de financement, en 2012 et 2013, de la Grèce qui n’est plus en capacité d’emprunter sur les marchés. À supposer que ce nouveau plan de sauvetage permette à la Grèce de « tenir » deux ans de plus, cela ne résoudra rien sur le long terme.
L’origine de la crise des dettes publiques est facile à identifier : sur fond de suraccumulation de capital (trop peu de plus-value est produite par rapport à la masse de capital investi), la mise en place de l’euro a accentué les déséquilibres au sein de la zone euro. Privés de la possibilité de dévaluer leur monnaie, les pays les moins compétitifs ont accumulé les déficits externes, d’où une dette extérieure croissante qui a fini par poser un problème de solvabilité, alimentant la hausse des taux d’intérêt.
Pour la bourgeoisie, il est hors de question que la Grèce se déclare en « défaut de paiement », c’est-à-dire qu’elle renonce à rembourser la totalité de sa dette. Cela mettrait immédiatement en grande difficulté les banques (principalement grecques, allemandes et françaises) qui possèdent les titres de la dette grecque. Il s’agit donc d’imposer une baisse des salaires pour diminuer le déficit externe (en réduisant la consommation et les importations) et pour attirer les investisseurs. Le but étant de restaurer les conditions de la solvabilité de la Grèce au prix d’un abaissement monstrueux du niveau de vie de la majorité de la population.
Il est probable que les créanciers devront au final accepter de perdre un peu (en baissant le taux d’intérêt sur leurs créances anciennes ou en allongeant leurs périodes de remboursement) pour ne pas tout perdre. Même s’il existe actuellement des désaccords entre, d’un côté, la BCE et le gouvernement français (hostiles à toute idée de restructuration de la dette, par peur d’un effet domino sur les pays les plus fragiles, dont la France) et, de l’autre, le FMI et le gouvernement allemand (pour une « restructuration douce »), tous se retrouvent sur la solution consistant à faire payer au maximum les travailleurs et au minimum les créanciers.
Il n’y a pas d’issue favorable à la crise dans le cadre des institutions en place. La logique du système pousse à une forme de semi-colonisation des pays de l’Europe du Sud par les États les plus puissants de l’UE (en premier lieu l’Allemagne) : imposition de cures d’austérité, contrôles des politiques budgétaires, etc. Face à ce rouleau compresseur, toute « sortie de l’euro » sans « sortie du capitalisme », comme le préconise le FN, est une solution illusoire qui aboutirait probablement à une explosion de la dette à la suite de la dévaluation de la monnaie nationale, à une spéculation contre la nouvelle monnaie, à la fuite des capitaux, etc. La seule issue est la mise en place d’un gouvernement des travailleurs eux-mêmes, en rupture avec les institutions nationales et européennes, qui aurait la capacité de répudier la dette tout en s’attaquant au pouvoir des capitalistes sur l’économie.
Gaston Lefranc
Messages
1. Crise de la dette publique : sommes-nous condamnés à l’austérité ?, 27 mai 2011, 16:36
voila un petit article qui explique clairement et simplement la dette de la France....
http://2ccr.unblog.fr/2010/10/16/la-dette-de-la-france/
2. Crise de la dette publique : sommes-nous condamnés à l’austérité ?, 27 mai 2011, 16:39
Parmi les 17 Etats membres de la zone euro, quels sont les Etats les plus endettés ?
Réponse :
1- Grèce : la dette publique est de 328 milliards d’euros, soit 142,8 % du PIB.
2- Italie : la dette publique est de 1843 milliards d’euros, soit 119 % du PIB.
3- Belgique : la dette publique est de 341 milliards d’euros, soit 96,8 % du PIB.
4- Irlande : la dette publique est de 148 milliards d’euros, soit 96,2 % du PIB.
5- Portugal : la dette publique est de 160 milliards d’euros, soit 93 % du PIB.
6- Allemagne : la dette publique est de 2079 milliards d’euros, soit 83,2 % du PIB.
7- France : la dette publique est de 1591 milliards d’euros, soit 81,7 % du PIB.
http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/2-26042011-AP/FR/2-26042011-AP-FR.PDF
1. Crise de la dette publique : sommes-nous condamnés à l’austérité ?, 27 mai 2011, 18:01, par Cop
Comparaison avec d’autres états hors de la zone européenne :
Japon : 210% (champion du monde) 7.950 milliards d’euros
Après des dizaines d’années de stagnation le pays est au bord du gouffre. Le PIB réel (corrigé de l’inflation) vient d’atteindre le plus bas de ces dernières vingt années
Ce que dit, un peu rapidement, Lefranc est très juste : la position de Marine LePen sur la sortie de l’euro et de l’UE, si elle ne s’assortit pas d’une épreuve de force avec le capitalisme, est intenable et finira très mal également
La sortie de l’appareil d’état de l’UE ne peut se faire sans une chasse aux banquiers et aux actionnaires, sans faire tomber la bourgeoisie.
Hors le Lepenisme n’est pas du tout anticapitaliste
Il n’est pas contre la bourgeoisie, Il est tout contre
Le modèle économique de LePen ce sont les Chicagos boys qui ont renvoyé le Chili à l’âge de pierre en faisant des câlins à Pinochet .
Mais en revenant au sujet, la politique ultra-libérale de l’UE, bien loin de diminuer les écarts, a fait exploser les maillons les moins développés de l’UE. L’arrivée de l’accélération de la crise capitaliste internationale a précipité ses tensions internes à l’UE.
Par contre, les politiques de l’UE sont, du point de vue des classes populaires, des vis sans fin en faveur de plans d’austérité de plus en plus violents et géants.
Il n’y a pas d’échappatoire sauf d’engager le combat contre la bouregeoisie
3. Sondage : Doit-on rembourser la dette ?, 27 mai 2011, 22:14
C’est quoi cette question à la con. La seule question sur la dette qui vaille est la suivante :
sommes-nous condamnés à la rembourser ?
Je réponds NON !
1. Sondage : Doit-on rembourser la dette ?, 28 mai 2011, 16:46, par Luis
La question est pédagogique.
L’explication aussi, indispensable.
La conclusion très claire :
« La seule issue est la mise en place d’un gouvernement des travailleurs eux-mêmes, en rupture avec les institutions nationales et européennes, qui aurait la capacité de répudier la dette tout en s’attaquant au pouvoir des capitalistes sur l’économie. »
Merci à Gaston (et au NPA)