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DES PERSONNALITES ALGERIENNES INTERPELLENT LES CHEFS D’ETAT ARABES

Publie le mardi 22 mars 2005 par Open-Publishing

de M.Saâdoune

Proclamez que l’Etat de Palestine existe et rejetez les amalgames sur le terrorisme

Dans une lettre adressée au sommet arabe, des personnalités algériennes appellent les chefs d’Etat arabes à proclamer que l’Etat palestinien existe dans les frontières de 1967 avec Jérusalem pour capitale, à rejeter résolument l’amalgame entre terrorisme et lutte de libération, à demander le retrait des troupes étrangères d’Irak et à tirer les véritables enseignements de la crise libanaise. Parmi les premiers signataires de la lettre, qui devient une pétition ouverte, figurent notamment Ahmed Ben Bella, Abdelhamid Mehri, Mouloud Hamrouche, Ahmed Mahsas, Mohamed Salah Yahiaoui, Ali Yahia Abdennour, Ali Kafi, Hocine Zahouane, Ahmed Taleb Ibrahimi, Rachid Benyellès, Lakhdar Bourogaa, Abderahmane Chibane, Abdallah Djaballah... Le passé d’une bonne partie des signataires, comme l’évoque la lettre, en ferait des « terroristes » selon les critères adoptés par les Américains et qu’ils veulent imposer au monde entier.

La lettre demande aux dirigeants arabes d’éviter toute équivoque sur la question du terrorisme et de ne pas condamner, ni implicitement ni explicitement, « ceux qui sont aujourd’hui dans la position où étaient les moudjahidine algériens hier ». Ils mettent en garde sur le fait que l’instrumentation de la lutte contre le terrorisme par les Etats occidentaux couvre d’autres objectifs et qu’ils font sciemment une « lecture religieuse de l’ensemble des phénomènes de violence qui les ciblent dans le monde arabe et islamique ». Les politiques occidentales jouent ainsi sur les idées préconçues des sociétés occidentales à l’égard de l’Islam et des musulmans et cherchent à occulter le fond des problèmes soulevés par leurs politiques injustes à l’égard des causes dans le monde arabo-musulman, lesquelles sont le « moteur fondamental de la violence et de son extension dans les relations internationales ».

Les Etats arabes, estiment-ils, ne doivent pas se contenter de dénoncer l’extrémisme ou même d’expliquer la nature tolérante de l’Islam mais doivent « mettre directement en cause la responsabilité des politiques occidentales, et celle des Etats-Unis en particulier, dans l’extension de la violence ». A défaut, on serait devant une « dérobade » devant l’impératif de poser le fond du problème et même une connivence avec les faucons extrémistes qui dominent la « scène de la politique extérieure américaine et qui entendent imposer leur vision au reste du monde ». S’abstenir de mettre en cause cette politique occidentale ne ferait que conforter dans de nombreuses couches dans les sociétés musulmanes « l’idée que le recours à la violence est devenu l’unique voie pour remédier au renoncement et à l’abandon des causes justes par les gouvernants ».

Sur l’Irak, les signataires appellent à un retrait des troupes étrangères et à la prise en compte politique des forces de la résistance. Ils considèrent le fait de lier le retrait des troupes étrangères à la lutte contre le terrorisme ou à la diffusion de la démocratie signifie que l’on se place dans une perspective d’occupation de longue durée. Sur le Liban, les signataires soulignent qu’il existe des « circonstances malsaines » qui révèlent au niveau international une alliance entre les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne « agissant comme un véritable nouveau tutorat sur le Liban et l’ensemble de la région arabe ».

Ils appellent les Etats arabes à aider les Libanais à résoudre leurs problèmes par eux-mêmes, sans intervention extérieure, à protéger la résistance et à rejeter la tutelle exercée sous le prétexte de défendre la liberté et les droits de l’homme. Mais les auteurs de la lettre n’occultent pas les « erreurs commises » au Liban et reconnues par le président syrien. Elles sont, estiment-ils, « inhérentes à la nature même de nombre de régimes arabes » dans une allusion claire à la prééminence de services de sécurité et des logiques policières. La sagesse, écrivent-ils, « commande d’en extirper les racines de tous les régimes de pouvoir » dans le monde arabe, de renoncer à la politique du monopole et de l’exclusion et d’instaurer de véritables démocraties.

ASSAWRA