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Décortiquer l’imaginaire sarkozyste pour repenser à gauche
Publie le lundi 7 avril 2008 par Open-Publishing3 commentaires
Rêves de droite, défaire
l’imaginaire sarkozyste,
de Mona Chollet, Éditions Zones/
La Découverte, 2008,
156 pages, 12 euros.
C’est d’une plume acérée, maniant habilement références à l’actualité et critique sociale, que Mona Chollet, journaliste au Monde diplomatique, entreprend de démêler les noeuds de l’imaginaire sarkozyste. Les ficelles des « success story » montées de toutes pièces, l’affirmation agressive du « bonheur par le fric » comme unique modèle de vie souhaitable et acceptable dans la « société-casino » sont ici raccordées aux fondamentaux de la droite, comme la « glorification de la volonté individuelle, du "mérite" et de la distinction. » Pour être efficace, une telle démystification du sarkozysme ne pouvait faire l’économie d’une critique des faiblesses et fourvoiements de l’imaginaire de gauche. Mona Chollet s’attache ainsi à repenser la question de l’épanouissement des individus. Cette ambition émancipatrice n’a-t-elle pas été - et même, n’est-elle pas encore - très souvent brandie comme projet historique pour, en fait, annihiler comme fondamentalement égoïste toute demande individuelle non susceptible de trouver une satisfaction immédiate dans les diverses formes de communion avec les masses ? Cette tendance à n’accepter l’aspiration à l’épanouissement personnel qu’une fois subsumée sous un idéal collectif synonyme de renoncement et de labeur ferait curieusement écho à un sarkozysme résorbant, de son côté, la réalisation de soi dans le travail rémunéré ici et maintenant.
Pour sortir de ce jeu de miroir inquiétant, une critique de la « société du travail », dans la filiation d’André Gorz, s’avère alors nécessaire. Concrètement, la société capitaliste est ici attaquée par le biais de son action délibérée pour rendre les individus inaptes à jouir réellement de leur temps libre, c’est-à-dire à créer à des fins autres que de rentabilité. Stimulante en ce qu’elle conduit à interroger la raison d’être d’une certaine culture du rendement, cette critique en appelle peut-être une autre, sans doute également décisive pour la reconstruction à la fois symbolique et politique de la gauche : celle de l’inclination, de ce même côté de l’échiquier, à se résigner à la solitude croissante de l’individu salarié face au pouvoir actionnarial et patronal, sous prétexte d’une divergence de plus en plus forte entre l’intérêt général et l’intérêt des entreprises. En décortiquant avec talent les rouages du sarkozysme, Mona Chollet participe aussi à un effort de clarification idéologique crucial dans la période.
Laurent Etre
Messages
1. Décortiquer l’imaginaire sarkozyste pour repenser à gauche, 7 avril 2008, 08:57, par L’Huma
Article paru dans "L’Humanité des débats"
2. Décortiquer l’imaginaire sarkozyste pour repenser à gauche, 7 avril 2008, 11:02
imaginaire ou realité :
........Il y a enfin l’Europe et l’OTAN. L’article 27 du Traité de Lisbonne stipule : "la politique de l’Union respecte les obligations découlant du Traité de l’Atlantique Nord pour certains Etats Membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l’OTAN, et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense commune arrêtée dans ce cadre". En moins ampoulé : la politique européenne devra être compatible avec celle de l’OTAN. De fait, l’Europe se range ainsi sous le commandement américain. C’est la fin de l’indépendance de la France, voulue par le général De Gaulle. Ce dernier, en 1966, avait claqué la porte de la structure intégrée de l’Alliance atlantique, pour ne pas être le vassal des Etats-Unis. Justement, à Bucarest le 3 avril, lors de la deuxième journée du sommet de l’OTAN, Sarkozy déclare : "Laissons cheminer l’Europe de la défense, et nous continuerons à cheminer vers l’Otan. Je le redis, ce sont les deux en même temps, pas l’un ou l’autre, attendons le sommet (de Strasbourg-Kehl)". Celui-ci se tiendra en 2009 de part et d’autre de la frontière franco-allemande, à Strasbourg et à Kehl, pour le soixantième anniversaire de l’Alliance atlantique. "A l’issue de la présidence française (de l’Union européenne, au deuxième semestre de 2008), le moment sera venu de conclure ce processus, et de prendre les décisions nécessaires pour que la France prenne toute sa place dans les structures de l’Otan" : cette phrase figurait dans le texte du discours remis à la presse, mais le Président ne l’a finalement pas prononcée. Peu importe, l’Elysée confirme qu’une décision de réintégration du commandement militaire intégré pourrait être prise lors du sommet de Strasbourg-Kehl. Sarkozy va donc sacrifier l’indépendance nationale et renier toute la doctrine diplomatique française, parachevant ainsi son œuvre de traître à la patrie.
............article 27 et motion de censure
en regard de l’article 27 du traité de Lisbonne que tu fais bien de rappeller, la motion de censure déposée le 3 avril par "l’union de la gauche" parlementaire est d’une bouffonnerie colossale puisque disaient-ils je cite l’afp :
"... a été déposée jeudi à l’Assemblée nationale par les députés PS et PRG, rejoints par leurs collègues PCF et Verts, qui veulent dénoncer "la politique d’alignement atlantiste" menée par Nicolas Sarkozy.
Elle sera débattue mardi dans l’hémicycle au titre de l’article 49-2 de la Constitution. Elle n’a aucune chance d’être adoptée, les députés UMP détenant la majorité absolue au Palais-Bourbon.
Les 226 signataires du texte entendent "éclairer les Français sur la dangereuse rupture que sont en train d’opérer le président et son gouvernement avec le consensus national qui prévalait sur les principes d’indépendance militaire et stratégique de notre pays". - fin de citation -
... :-(
Soit ils se foutent carrément de nous, soit aucun d’eux n’a jamais lu ce traité de Lisbonne. Dans les deux cas, ils sont "graves" d’hypocrisie.
Posté par tsé, 06 avril 2008 à 02:06
http://olivierbonnet.canalblog.com/archives/2008/04/05/8603288.html#comments
3. Décortiquer l’imaginaire sarkozyste pour repenser à gauche, 7 avril 2008, 11:51
Fatalement on se dirige vers cette solitude post-industrielle, faute d’entreprises industrielles qui désertent peu à peu notre pays, laissant la place à des entreprises de "services" qui mettent les salariés face à eux-mêmes, c’est-à-dire que le "principe de solidarité" s’estompe.
Certes, les temps ont changé, mais c’est pas une raison pour oublier qui nous sommes, parce que les patrons-actionnaires, eux n’oublient pas, on le voit bien tous les jours !