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Discriminations : la France sur "le grill" devant un comité onusien

Publie le jeudi 12 août 2010 par Open-Publishing
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La France doit répondre jeudi matin aux vives critiques faites la veille par les experts du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU (CERD) qui ont dénoncé "une recrudescence" des actes racistes dans le pays.

Selon le processus habituel de passage en revue des politiques envers les minorités des pays appliquant la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale de 1965, l’examen de deux jours de la France a commencé mercredi après-midi et doit se terminer jeudi à 11H00 GMT.

Mercredi, la délégation française a présenté son rapport de près de 90 pages sur les mesures prises par Paris depuis son dernier examen devant le CERD en 2005.

Elle a annoncé le lancement très attendu par le comité d’un plan national de lutte contre le racisme. Mais cette annonce n’a pas suffi à convaincre les 18 experts du comité, dont les critiques ont fusé durant un débat intense de plus de deux heures.

La France est confrontée à une "recrudescence notable du racisme et de la xénophobie", a relevé l’expert togolais, Ewomsan Kokou.

Pour le Rapporteur américain Pierre-Richard Prosper, la raison se résume en quelques mots : le manque "de vraie volonté politique".

Alors que les ONG dénoncent une "régression vers une rupture de l’égalité de traitement", les experts du comité n’ont épargné aucun sujet, que ce soit le traitement des gens du voyage et des Roms, le débat sur l’identité nationale, la non-reconnaissance du droit des minorités dans la législation, ainsi que le durcissement du discours politique.

Concernant les gens du voyage, certains ont particulièrement dénoncé le système d’attribution de visa de circulation ainsi que le droit de vote conditionné à plusieurs mois de vie dans la même commune.

"Le carnet de circulation nous effraie, nous rappelle l’époque de Pétain", a pour sa part expliqué Waliakoye Saidou (Niger).

De son côté l’expert turc s’est étonné de la notion de "Français d’origine étrangère" dans une allusion directe aux récentes déclarations du président français Nicolas Sarkozy qui a réclamé que la nationalité française puisse "être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte" à un "dépositaire de l’autorité publique".

"Je ne comprends pas ce que c’est qu’un Français d’origine étrangère" et "je me demande si cela est compatible avec la constitution", s’est interrogé Gun Kut.

Pour Malik Salemkour de la Ligue des droits de l’homme, "la France a été mise sur le grill" comme jamais auparavant.

Au total, les experts qui attendent jeudi les réponses de la France avant de dresser leurs recommandations, ont jugé que les résultats n’étaient pas à la hauteur des efforts.

http://www.almanar.com.lb/newssite/NewsDetails.aspx?id=150071&language=fr

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