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EUROPE ET TURQUIE

Publie le dimanche 16 décembre 2007 par Open-Publishing
7 commentaires

EUROPE ET TURQUIE

Le « Non » au Traité constitutionnelle est encore dans toutes les mémoires. Mais est-ce pour autant l’ « Europe » qui a été ainsi rejeté ? Non, tout le monde en convient ! L’a été une certaine vision, compréhension, conception de l’Europe. Le fameux « sens des mots », trop souvent source d’incompréhension, de confusion …
Et au sein des causes de ce rejet figurent en bonne place la Turquie !

Alors, ce pays, européen ou pas ?

Remarquons que répondre par la positive, reviendrait à admettre que l’Iran et l’Irak ont une frontière commune avec le vieux continent... Tout de même estomaquant…

Décortiquons, autant que faire ce peux en quelques lignes obligatoirement réductrices. Certains mettront en avant le fait que la Turquie est laïque, et que son alphabet est le latin ! Pourquoi donc ne pas l’accepter ?

Notons d’abord que cette position indique que les frontières (ou leurs absences) ne sont pas que géographiques, elles peuvent également être culturelles.

Commençons par les géographiques.

La formule de Gaule est connue : l’Europe s’étend de l’Oural à l’atlantique et s’arrête au Bosphore. Cohérent. Mais, en rapport avec notre question, il y a un « hic »… La Turquie se jette sur des deux rives du Bosphore, et les puissances victorieuses du premier conflit mondial qui ont redessinée, avec un trait de plume parfois malheureux, les frontières ont validé cet existant. Aussi, de quel côté faire pencher la balance ? Et si l’ont prenait tout simplement comme unité de mesure le km2 ? Où en trouvent-on le plus ? En Europe ou en Asie ?

Evident, non…

 Frontières culturelles.
Comme « nous », n’est-elle pas laïque, et si l’écriture est un des éléments constituant la culture d’un peuple, comment ne pas mettre en avant son alphabet, latin comme celui que « nous » utilisons ? Effectivement…

Mais tout cela n’est que greffon au devenir incertain… Un risque réel de rejet par la souche existe…

 Osons aborder à présent un sujet tabou, un sujet qui fâche, l’origine chrétienne de l’Europe, de ses valeurs, de sa culture ! Pourtant, est-ce plus choquant que de souligner le poids de l’Islam dans la culture des pays arabes ?

 A la façon d’une plaque photographique classique qui renvoi une image inversée, la laïcité turque est l’inverse de la notre (occultons le fait que la laïcité française n’est pas la laïcité anglaise etc.…) : L’histoire européenne du XX siècle ne manque pas d’exemples -pensons à l’Espagne de Franco- ou un pouvoir « fort » utilise la puissance de l’armée pour imposer une idéologie religieuse au mépris de la laïcité, alors qu’en Turquie, à partir des années 20, le pouvoir a utilisé la force de l’armée pour imposer la laïcité, au mépris de l’idéologie religieuse dominante… D’ailleurs le mot « laïque » est inconnu du vocabulaire arabe et le terme turc utilisé est emprunté au vocabulaire occidental… Car au delà du mot, le concept même véhiculé par « laïcité » est extérieur à l’Islam radical où le rejet de la foi (islamique) ne peut conduire l’ « apostat » qu’à la mort physique ordonnée par un corps social qui en agissant ainsi se purifie… En français cela s’appelle un meurtre, un assassinat, tout comme le sont tout également les « crimes d’honneur », coutumiers en Turquie…

 Revenons en France. La sérénité et le recul que donne l’écoulement du temps, permet de dire que, paradoxalement, et au-delà des déchirements consécutifs à la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et à l’opposition des « culs bénis » et des « bouffeurs de curés », la laïcité est aussi fille de la célèbre parole christique « Rendez les choses de César à César et les choses de Dieu à Dieu »… Dans la même veine, pourquoi les « Droits de l’homme » peinent-ils tant à s’imposer et à prospérer en pays musulmans ? Car ils ont été conceptualisés sur le terreau fertile des valeurs chrétiennes, de l’humanisme chrétien, pour devenir l’expression d’un christianisme déchristianisé, d’une foi chrétienne désacralisée, laïcisée…

 Ouvrons une parenthèse. Ne confondons pas tolérance et laïcité.
Nous parlions à l’instant de « bouffeurs de curé », terme né à une époque ou le paysage religieux français métropolitain était majoritairement occupé par le catholicisme. Aujourd’hui existe toujours des « Talibans de la laïcité » qui prônent l’athéisme comme Vérité révélée et rêvent de marginaliser les citoyens qui ont pour défaut d’être croyants et de le dire !

Espagne mauresque : L’arrivée des arabes en Espagne au VIII° siècle mit fin à la persécution dont les juifs étaient victimes de la part des Wisigoths qui avaient abandonnés l’arianisme pour le catholicisme. Et pendant de nombreux siècles sous domination musulmane, l’Espagne a été une terre de paix et de tolérance pour les trois religions monothéistes ! Comme quoi, Islam n’est pas toujours synonyme de fanatisme et d’intolérance…

 Fermons la parenthèse.

 Quand-à l’alphabet latin, il est entré en Turquie à la même époque que la laïcité et lui aussi au forceps, l’Empire ottoman utilisant l’alphabet arabe, c’est-à-dire il y a moins d’un siècle. Alors que « chez nous », déjà avant les premiers écrits en « français » du XV° siècle, les lettrés qu’étaient les clercs, écrivaient évidement et depuis « toujours » en latin !

 Aussi, tant pour des raisons géographiques que culturelles, il me semble difficile de prétende que la Turquie puisse avoir vocation à intégrer l’Europe ou la communauté européenne, notions qui sont différentes (La Suisse appartient à la première mais pas à la seconde). Et, pour prétendre le contraire, que l’on ne mette pas en avant un quelconque partenariat économique ! L’Europe peut commercer si elle le souhaite avec l’Afrique du sud sans pour autant que ce pays entre dans l’Europe ! Identique pour la Turquie !

 Prétendrais-je que ce rejet affirmé, que cette position est vérité, réalité objective ? Non...

 Pour prendre conscience de la relativité des certitudes, également des certitudes géographiques, transportons-nous au temps de Rome.

 Si l’Empire romain prétendait à l’universalité, dans les faits, des frontières se sont imposées :

Au nord, l’Ecosse (le mur d’Hadrien).

A l’ouest, évidement l’atlantique.

Au nord/est le Rhin et le Danube.

Au sud l’Afrique noire (les pays de Maghreb étaient partie intégrante de l’Empire -neutralisons Carthage-)

Au sud/est le Tigre et l’Euphrate.

Cela pour souligner que si la géographie peut dire ce qu’est l’Europe, cette définition ne vaut que pour « aujourd’hui » (au sens de l’Histoire).
Si nous demandions à nos contemporains européens où se trouve le centre géographique de l’Europe, qui citerait la capitale de l’Italie ?

Personne !

Mais l’Empire s’est construit autour de la Méditerranée avec en son centre cette ville, Rome, elle même située sur cette péninsule, cet appendice pénétrant ce « centre du monde » qu’était la « Grande mer », comme on l’appelait alors.

Toujours à cette époque, le civilisé, était logiquement de type méditerranéen, c’est-à-dire pas très grand, brun et basané. Et le barbare, lui était grand, blond et à la peau très blanche…
Relativité des concepts, disions-nous…

Et parmi ces barbares, il est des tribus germaniques qui allaient nous devenirs « chers » à nous français, celles des Francs…

 Le rapport avec notre sujet ? Dans le monde romain, la région nommée de nos jours Turquie ne posait pas de problème : elle appartenait à l’Empire, tant pour des raisons géographiques que culturelles ! Et elle n’était même pas en zone frontière ! Et le latin, comme ailleurs, y était aussi la langue officielle, administrative !

Mais cela était il y a « deux milles ans »…

 Certitudes, avez-vous un socle digne de ce nom ?

 Pour conclure, maniant le paradoxe, clin d’œil à Edmond Wells et à son Encyclopédie du savoir absolu relatif, je dirais que la Turquie ne fait pas partie de l’Europe et qu’il s’agit là d’une position objective élaborée au sein d’un concept qui lui, ne l’est pas…

Cette affirmation découle d’une prise de conscience selon laquelle il n’y a pas une vision du monde mais plusieurs, indissociables de grilles de lecture, parfois inconscientes, qui sont autant de filtres. Et la pseudo objectivité de la de la stricte géographie s’efface devant le poids de la géopolitique qui elle-même s’efface devant celui de la géoculture, autant de réalités subjectives dans leurs valeurs.

COLPIN Didier

Messages

  • La Turquie, dans l’Europe ou pas, c’est la tarte à la crème, le truc utilisé par nos gouvernants pour évincer les vrais problèmes.

    Tant que l’Europe n’est que MARCHANDE, que les licenciements, les salaires, les délocalisations sont les dernières roues du carrosse, que Khadafi est reçu en France, ça fait un peu chochotte de se poser des questions de droitsdel’hommisme, comme y disent à ma droite !

  • En tant que gauche , ou en tant que camp des travailleurs, nous ne sommes nullement tenus par les frontières que souhaite instaurer le capitalisme aux vents de ses intérêts et de ses désirs.

    Même si nous n’avons pas à avoir d’angélisme sur la question, les frontières instaurées par le capital et les nomenclaturas d’état, ne sont pas les nôtres.

    Quand il y eut la question de la crise du textile par rapport à la production chinoise, un deal fut passé qui condamna une partie du textile d’Afrique du Nord et du textile de Turquie, des travailleurs au chômage, pour préserver des ventes d’Airbus en Chine, sans que pour autant cela crée des emplois en Europe.

    Les dirigeants bourgeois de l’UE s’occupent des intérêts des grands groupes qu’ils représentent, pas des travailleurs d’Europe ou d’Afrique du Nord. Bien au contraire, ils organisent, dans des planifications mondiales des productions, la concurrence entre les travailleurs (production d’éléments d’Airbus au Mexique ou aux USA comme le dollar baisse).

    La Turquie est un état en pleine croissance, profondément enserré dans cette planification mondiale des productions, ayant un lien industriel, social, culturel, humain, puissant avec les autres états d’Europe. Des millions de Turcs et Kurdes de Turquie travaillent dans le reste de l’Europe. Ce sont nos camarades et ils nous sont plus proches que les Sarko, Merkel ou tous les dirigeants de grands groupes.

    Les travailleurs en Turquie sont nos alliés, il n’y a pas lieu de reconnaitre des frontières qui divisent les hommes sans contraindre d’aucune façon les flux de capitaux, les flux de production, les jeux policiers violents et autoritaires.

    La proximité de la Turquie (qui est suivant un arbitraire géographique des deux côtés, Europe et Asie), nous créent des alliés, nous renforcent de millions de travailleurs, dans la bataille contre le capitalisme mondial.

    C’est ainsi qu’il faut voir cette question, à mon sens.

    Ni dans les bêlements des xénophobes et racistes mal dissimulés, ni dans les dévots de l’état national bourgeois, ni dans les mondialistes bourgeois qui utilisent toujours la différence pour faire de la concurrence alors qu’ils ont leurs entreprises des deux côtés de la frontière et qu’ils poussent à des logiques policières de contrôle des flux humains !

    Du Maghreb à la Turquie, il n’y a pas lieu de reconnaitre des frontières diviseuses , d’accepter qu’on jette des travailleurs les uns contre les autres. Les mesures à prendre doivent toujours être de celles qui unifient par le haut, préservent les plus déshérités, aboutissent à des logiques de réconciliation et de solidarités.

    Copas

    • Un autre problème pas évoqué, la non reconnaissance par la Turquie du génocide Arménien ! Une sacrée page de sang dans l’histoire de la Turquie, genocide qui servit de modèle à Hitler . Des turcs courageux commencent à mettre les pieds dans les traces de leur mémoire collective, non sans riques !

      Boris

    • La reconnaissance du génocide des Arméniens est une bataille morale nécessaire.

      Toutefois, ce ne peut être une condition d’alliance et d’unité avec les travailleurs turcs. De même que la question kurde n’est pas un préalable pour mener des batailles sociales des deux côtés de la Frontière.

      De même que les crimes de masse, atroces, de l’état français en Algérie ne doivent pas être ce qui fait obstacle à l’unité et la recherche d’unité entre travailleurs algériens et français où qu’ils soient.

      Il faut reconnaitre les questions nationales mais pas comme des obstacles à la solidarité , à la fraternité, à abattre des frontières , mais comme des conditions minimale de liberté permettant un consentement sans contraintes de peuples pour avancer.

      Copas

  • salve tutti sono italiano é turco,nascita della Campania (Napoli),sono per la Turchia nell’Europa perche non deviamo dimenticare che la politica dell’Europa sara per contrare l’America chi é il paese il piu ricco,é ora la Turchia,secondo il sito wikipedia,fa partite dei paese i piu ricchi del Mondo (17)
    E per il genocidio del armenia,questo é un problemo entra la Turchia é l’armenia é non del Europa
    una ultima cosa:l’armenia chiede il riconoscimento del genocidio per aver dei soldi perche ora l’armenia fa partita dei paese i piu poveri del mondo

    W LA TURCHIA E W L’EUROPA

    • Je ne comprend pas grand chose , juste peut être que le genocide serait un problême entre les Armémiens et la Turquie et pas un problême Européen , Bizarre cette nouvelle conception de l’universalité en Europe avec ce crime contre l’humanité et très selective au regard des interventions multiples et variés de UE dans le monde !

      si j’ai compris de travers, vite une traduction !

      boris