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Esclavage, Noirs et racisme : Le Pen ? Certes ! Mais l’"ironie" de Montesquieu ?

Publie le samedi 10 mai 2008 par Open-Publishing
15 commentaires

« Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais : Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres.

Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.

Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre.
On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout noir.

On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Egyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.

Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or qui, chez les nations policées, est d’une si grande conséquence.

Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens ».

Extrait de Montesquieu, "De l’Esprit des Lois", Livre XV, chap. 5, 1748.

Messages

  • Et à l’école, on continue à me dire que ce Montesquieu est un des plus grands auteurs humanistes français !

    Salut fraternel à tous les domiens en ce jour si particulier pour eux.

  • Décidément Montesquieu secoue, c’est le moins qu’on puisse dire.

    Cette semaine ARTE a diffusé une émission sur le livre "Mein Kemph", qui puise sa source dans le livre du "Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu", " ou plutôt dans "les protocoles des Sages de Sion" :

    - Un faux L’examen attentif du texte a mis en évidence la falsification : les Protocoles ne sont en fait qu’un plagiat du texte du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, publié à Bruxelles en 1864 par Maurice Joly, qui y dénonce un complot bonapartiste. La supercherie devient évidente par simple comparaison ligne à ligne des deux textes.

    La vérité sur son auteur n’a, quant à elle, été découverte qu’à la fin du XXe siècle par un historien en littérature russe : Mikhail Lépekhine grâce à l’ouverture des archives soviétiques à partir de 1992. Le faussaire est en effet devenu compagnon de route des Soviétiques qui détenaient les documents.

    La structure du texte falsifié découverte, puis le faussaire et les causes de la falsification identifiées, il ne subsiste plus aujourd’hui aucun doute sur la nature de ce document. Pourtant, certains partis ou groupes antisémites, voire certains régimes continuent de citer les Protocoles des Sages de Sion comme preuve irréfutable d’un complot juif international... Les historiens sont cependant unanimes sur cette falsification grossière, aux conséquences paradoxalement considérables.

    Une sale histoire de manipulation, que je ne connaissais pas, à partir des écrits de Montesquieu.

    source de l’extrait : - Wikipedia
    - Wikisource
    - www.phdn.org/ (article d’Eric Conan)

    • Les Lumiéres,les Lumiéres,tous ça c’est pas lumineux !

      Au fait Voltaire est un esclavagiste !

      JCG

    • Je suis assez abasourdi par certains commentaires sur ce site même si chacun pense bien sûr ce qu’il veut mais il faut éclairer certains points, je le pense. Montesquieu dans l’ouvrage " lettres persanes " s’est mis dans la peau d’un perse pour critiquer la société française de l’ancien régime d’un point de vue externe et ainsi échapper à la censure. Dans cet ouvrage, comme dans le chapitre que certains controversent de " l’esprit des lois " , il utilise énormément le procédé ironique pour s’exprimer contre l’esclavage. Voltaire dans " Candide " dénonce également souvent l’esclavagisme ( Chapitre 19 notamment ) .

      Les lumières ont été crées dans un souci de mettre en avant les valeurs de liberté et d’égalité. La plupart de ces philosophes étaient Humanistes ou Franc-maçons et donc luttaient pour le genre humain et pour la fin des inégalités. Gloire à ces hommes qui ont construit notre pays et qui ont fait souffler un vent d’égalité et de liberté sur l’Europe.

  • Un préalable pour commenter les écrits d’un auteur ancien est de les replacer dans leur contexte historique et littéraire, de comprendre les procédés stylistiques et rhétoriques et de s’informer sur les effets visés et/ou obtenus à l’époque.
    Faute de ce travail nous courons fort le risque de ne faire que des commentaires anachroniques dépourvus de tout fondement.

    Jean-François.

  • Quelle misère ! Prendre pour du premier degré le summum de l’insolence politique ! Il faut croire que, vraiment, on a bien mal "élevé" (au sens noble du mot élevé) nos compatriotes pour qu’ils en soient à soupçonner Montesquieu de racisme. Souvenez-vous, il y a quelques bonnes décennies (années soixante pour être claire) on étudiait ce texte au collège, et on en sortait peut-être pas avec un diplôme en béton armé, mais en tous cas un peu moins imbécile, ça c’est sûr !

    • Voilà le problème de certains ! Et manifestement le tien aussi.

      Ils ressortent de la salle de classe avec ce qu’ils ont entendu du prof et ils en restent là !

      Alors qu’il y a un pas essentiel à franchir pour devenir GRAND : compléter sa connaissance du sujet traité et tirer sa propre conclusion.

      Et après cela on est même pas en mesure de donner des leçons car on n’aura jamais une connaissance exhaustive du sujet en question. On aura juste une opinion.

      Tu vois où tu en es ?

      "La sagesse arrive quand on commence à douter !"

  • « Comparant la Grèce antique et la Grèce actuelle sous la domination des Turcs (De l’esprit des lois, essentiellement au livre XXIII), Montesquieu observe : « La Grèce est si déserte qu’elle ne contient pas la centième partie de ses anciens habitants. » (Lettres persanes). Quelle est donc la cause de cette diminution radicale ? La réponse de Montesquieu dans les Lettres est claire : si la Grèce fut très peuplée sous l’Antiquité, c’est grâce à la « douceur » de son gouvernement, comme c’est le cas aujourd’hui en Suisse ou en Hollande, « qui sont pourtant les deux plus mauvais pays de l’Europe, si l’on considère la nature du terrain ». Montesquieu n’hésite pas à considérer l’esclavage comme un facteur positif. Les Romains, dit-il, avaient plus d’esclaves que nous, « mais en faisaient meilleur usage », car ils les employaient à de véritables travaux, et non pas seulement à des tâches domestiques, et ils favorisaient leur reproduction. Ainsi, les maîtres augmentaient leurs richesses, car les enfants d’esclaves ne leur coûtaient que la nourriture et l’éducation. » (Lettres persanes).

    Ce discours sur l’esclavage n’apparaît pas dans De l’esprit des lois : entre-temps il y a eu L’Essai politique sur le commerce de Melon (1736), qui a non seulement réitéré les observations critiques de Montesquieu sur le célibat des prêtres, mais a aussi pris position sur la question de l’esclavage. Si on en accepte l’usage dans les colonies, c’est le signe qu’il n’est pas contraire aux préceptes religieux et moraux : « L’égalité entre les hommes est une chimère » et l’esclavage n’est que la forme suprême de la subordination humaine (Essai politique sur le commerce). La principale interrogation devient alors : l’esclavage est-il utile ? Et s’il l’est, pourquoi ne pas l’introduire en Europe ? On comprend que Montesquieu n’ait pas souhaité suivre cette proposition. C’est peut-être pour cette raison que ce sujet disparaît lorsque Montesquieu reprend le thème de la population dans De l’esprit des lois. Il insiste au contraire sur la physionomie politique et sur la distribution égalitaire des terres, propre aux républiques antiques : « Lorsqu’il y a une loi agraire, et que les terres sont également partagées, le pays peut être très peuplé, quoiqu’il y ait peu d’arts, parce que chaque citoyen trouve dans le travail de sa terre de quoi se nourrir, et que tous les citoyens ensemble consomment tous les fruits du pays » (De l’esprit des lois, XXIII). »

    Giuseppe Cambiano – Polis – Histoire d’un modèle politique – Aubier Philosophie – P. 358

    Une citation n’est qu’une citation bien sûr. Celle-ci permet de resituer un peu les débats de lépoque (question démographique).

  • de toute évidence un humaniste ne peut-être raciste, ces 2 mots associés sont d’ailleurs une antithèse étant donné qu’un raciste reste sur des préjugés forgés par son éducation, son entourage etc sans même se donner la peine d’approfondir et de voir les choses d’un côté humain, l’humaniste comme le dit si bien son nom pousse à l’opposé sa réflexion sur le sens humain des choses, sur l’ouverture d’esprit et sur la tolérance car il croit en l’humanité de l’Homme en général.Mais Montesquieu n’a jamais clarifié son opinion à ce sujet mm dans "De l’esclavage des nègres" oeuvre où il louerait tout de mm l’esclavage comme un moyen de renforcer la puissance d’un pays ! A chacun de le percevoir comme il l’entend...(l’opinion de Montesquieu bien sûr !)