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Expérience citoyenne et perspectives politiques
Publie le vendredi 6 mai 2005 par Open-Publishing5 commentaires

de Sylvie Larue
Essayons d’aborder les questions nouvelles qui se posent au-delà du constat de
l’amplification de la dynamique du Non.
Je crois que ce qui caractérise la campagne du référendum actuellement c’est le
formidable engagement citoyen qu’elle déclenche. On veut savoir, on veut comprendre...on veut agir.
Toutes les initiatives de débat, de rencontre et de formation connaissent un succès formidable.
Contrairement à d’autres échéances électorales où les prises de position se construisent dans les derniers jours, à un mois de l’échéance on observe une dynamique jamais vue. Cela ouvre un espace considérable. Cet espace se nourrit des mouvements sociaux qui prennent aussi une ampleur importante et qui portent des attentes profondes.
Au sein de ces mouvements sociaux grandit l’idée que s’approprier l’enjeu du
référendum peut devenir un point d’appui pour les luttes. La manifestation de Guéret témoigne de ce fait. Dans ce contexte, la création de centaines de comités locaux citoyens pour un Non de gauche, pour une autre Europe, un Non différent de celui des souverainistes, offrant la possibilité pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent s’engager dans cette campagne de le faire, est une expérience sans précédent.
De plus en plus de communistes dans mon département y participent et font l’expérience des possibilités que recèle une telle dynamique de rassemblement. Souvent à l’initiative, ils sont porteurs de l’exigence d’élargir le rassemblement, de la volonté de sortir de toute position étriquée qui serait incompatible avec la victoire du Non, de l’idée qu’une victoire du Non consisterait un atout considérable pour les luttes, et de la nécessité de mener simultanément le débat sur la critique du traité et les contenus d’une autre Europe.
Il est indispensable que nous terminions la campagne sur des rassemblements régionaux à l’image de cette dynamique unitaire. Cette idée de constitutionalisation du libéralisme fait son chemin. A gauche , les tenants du Oui n’ont de cesse de tenter de montrer que ce point de vue est caricatural et qu’il faut être plus dialectique dans l’analyse du traité.
A droite, on investit les lieux institutionnels pour faire campagne. Là aussi
l’engagement est fort. Fac de droit à Rennes, conférences sur l’Europe tous les lundis jusqu’au référendum, organisées par la présidence : sans exception tous les intervenants sont partisans du Oui. La maison de l’Europe, espace institutionnel , avec sa présidente Jeanne Françoise Hutin dont la famille détient Ouest France mène campagne dans tout le département avec ses cafés de l’Europe.
Elle reçoit en grande pompe Jacques Barrot commissaire européen aux transports, en compagnie de la préfète, et du président du conseil
régional pour une conférence sur l’Europe dont je retrouve l’invitation jusque sur le panneau administratif de mon collège ! Toutes ces initiatives ont bien sur des financements publics.
J’ai assisté à cette conférence. Evidemment l’intervention de Barrot portait sur le traité, notamment sur le principe de libre concurrence qui selon lui a permis le développement de nos entreprises dans de nombreux secteurs dont celui de la téléphonie mobile. Interpellé sur cette idée de constitutionalisation du libéralisme il répond longuement en disant que le libéralisme c’est le système adopté par tous après l’échec des systèmes étatiques, que le débat aujourd’hui porte sur le degré de régulation que les uns et les autres en Europe veulent
établir, et il nous rassure en nous disant qu’il tempère ses collègues des ex-pays communistes en leur conseillant de ne pas sombrer dans une conception ultra-libérale de l’économie.
Au fond Jacques Barrot nous montre effectivement que le débat porte sur les
choix de société et que notre capacité à faire gagner le Non sera d’autant plus grande que nous serons en mesure de construire cette alternative au libéralisme. Sommes-nous à mille lieues des préoccupations des gens en abordant cette question ? A l’assemblée générale de mon collège, peu de débat sur la question de participer ou non à la journée d’action, les choix des uns et des autres étaient faits, une collègue qui intervient peu, déclare qu’en dehors d’un changement politique elle ne voit pas comment gagner contre
ce gouvernement autiste qui roule pour le capitalisme...le même jour, longue discussion avec mon collègue du Snes et un jeune stagiaire IUFM sur l’alternative au libéralisme et le doute sur notre capacité à transformer radicalement la société.
Ainsi il y a un enjeu à ne pas dissocier 1er temps référendum, 2ème temps forum programme. Nous avons cette difficulté à résoudre, nous avons peur de diviser en affrontant le sujet. Je crois que si nous apparaissons comme voulant rassembler autour de nous pour cette échéance des présidentielles, c’est le risque. Inspirons nous des démarches de coélaboration des collectifs citoyens et proposons avec d’autres les assises de l’alternative au capitalisme. Cela nous permettra de nous inscrire dans cette dynamique de participation citoyenne ce qui n’est pas la même chose que de préparer une date de rassemblement
national déjà bouclée pour des forum programme dont l’échéance porterait essentiellement sur 2007-2008. Nous nous projetterons autrement en répondant aux doutes qui subsistent dans l’idée que l’on peut faire d’autres choix de société.
Messages
1. > Expérience citoyenne et perspectives politiques, 6 mai 2005, 21:10
Je n’ai pas bien compris la signification de l’illustration et du slogan accompagnant cette intéressant article : "club pour le oui créateur du mouvement précaire" ?
1. > Expérience citoyenne et perspectives politiques, 6 mai 2005, 23:26
Bonjour à tous,
C’est vrai que cette illustration est un peu ambigüe.
Ceci étant, l’article est, effectivement, intéressant.
Quoiqu’il arrive de cette formidable mobilisation populaire, le peuple de gauche, porteur du NON, aura véritablement jeté les bases d’une Europe populaire.
Des assises contre le capitalisme devront êtes organisées partout en Europe.
La droite (UMP, UDF, PS-droitiers et autres...) et leurs petits serviteurs médiatiques auront, de fait, et bien malgé eux, contribué à nouer des liens entre nous.
Ne les relâchons pas.
Il reste un monde, il reste une Europe sociale et populaire à construire.
Dans l’immédiat, retroussons nos manches. Faisons gagner le NON !
Bon courage et mes amitiés à tous.
Albert Jenhai (Belgique)
2. > Expérience citoyenne et perspectives politiques, 7 mai 2005, 00:41
c’est le logo du medef
3. > Expérience citoyenne et perspectives politiques, 7 mai 2005, 15:41
et bien ce logo comporte celui du medef celui de l’anpe pondu par les " génies " pubeux de l’agence euro rcsg ( moyennant quelque centaine de milliers d’euros ) la silhouette de l’abbé pierre grand chantre du charity business
c’est pas difficile a comprendre
4. > Expérience citoyenne et perspectives politiques, 8 mai 2005, 00:45
... c’est plus difficille pour moi qui vous lit,
vous écoute
et "espère" de vous...
... de Belgique !
Je connais le sinistre Medef mais pas son logo.
Amitiés et bon courage à tous.
Vive le NON européen !
Albert Jenhai