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Bonjour,
Voici une modeste contribution si vous étes intéréssés...
C’est un hommage à MAHMOUD DARWICHE...mais encore plus à Ahron Shabtai...
L’EXTINCTION PROGRAMMEE DES ANGES
Ces enfants qu’on n’imagine pas à vingt ans, qui meurent la face lisse, les yeux chargés de rêves.Ces enfants, à peine de leurs langes dévêtis, rêvent au linceul blanc les couvrant dans leur route vers le paradis.Ces enfants qui oublient sous la pluie des balles, des discours violents, qu’il est aussi bon de jouer, de rire,…de ne point être un héros.Ali était l’un d’eux, du haut de ses huit ans, il était bien vieux.Il avait une maison bâtie sur une terre qui avait cessé de lui appartenir ; mais …Quand on a huit ans, encore beaucoup d’amis, un toit qui nous abrite, le soir venu…Quand on a huit ans, la haine n’est qu’un chuchotement d’adultes…Quand on a huit ans, le cœur est vaste et le monde est un immense terrain de jeux ou tous les enfants se ressemblent…Ali eut donc huit ans, jusqu’au jour ou il dut quitter sa maison ;Qu’il vit son père magnifique et fier, baisser la tête de ne pouvoir protéger les siens ;Qu’il vit sa mère courageuse et gaie verser des larmes qui ne devaient plus sécher ;Qu’il dut se poser les questions :Dormira-t-il dans un lit ce soir ?Aura-t-il à manger ?Ira-t-il à l’école demain ?Ali eut donc huit ans ;Mais lorsqu’un soldat houspilla sa mère ;Gifla son père qui voulut s’interposer ;…Ali eut huit ans et beaucoup de colère…Ce soir la, Ali coucha à la belle étoile, loin d’une maison qui lui appartenait sur une terre qui avait cessé de lui appartenir depuis longtemps, déjà.Il refusa de se blottir contre sa mère.Il refusa de poser sa tête sur l’épaule de son père.Il se recroquevilla dans la nuit glaciale, serra les dents pour qu’on ne vit pas son corps frêle trembler, puis épuisé par tant de révolte et, sans doute, aussi parce qu’il se faisait tard et que ce n’était qu’un enfant, il se laissa aller à un sommeil sans illusions.…Il s’endormit ange, se réveilla guerrier…Isaac sait que les arabes peuvent être dangereux…« Ils nous haïssent, lui avait toujours répète sa mère, s’ils pouvaient, ils nous tueraient tous et construiraient leurs maisons sur nos corps, encore chauds »Son père lui racontait souvent des histoires horribles sur les camps de concentration Nazi. Toutes sa famille y’avait été décimée. Isaac sait qu’ils sont venus sur cette terre pour que cela ne se reproduise plus jamais. Sa tête d’enfant était peuplée d’images de bambins, qui pourraient être lui, qu’on conduisait vers les fours crématoires et dont on se débarrassait des restes après comme s’il s’agissait de déchets. Il était rassuré et admiratif devant ce que les adultes faisaient pour les protéger ,lui et d’autres enfants.Il était reconnaissant envers Dieu ,qui d’après le rabbin et sa mère avait conduit leurs pas vers cette terre d’asile…il était d’autant plus reconnaissant, qu’il pensait que c’était aussi lui qui avait envoyé des anges pour bâtir la maison qu’ils y avaient trouvé…Aussi fut il surpris d’y trouver des vêtements d’enfants,…un livre d’images,…une bille oubliée dans un coin de la cour. A qui appartenaient ces affaires, déjà l’hypothèse des anges bâtisseurs ne tenait plus la route…Des gens avaient habité ici, ils avaient aussi un enfant, ou sont-ils partis ? Pourquoi ont-ils quitté cette belle maison qu’eux, ils ont traversé mers et océans pour retrouver ?Des questions envahissaient sa tête, balayaient les affirmations des autres qui jusqu’à la régissaient sa vie. C’était si compliqué pour un enfant aussi jeune qu’il préféra s’accrocher à ce qui lui paraissait le plus important : le mystère du petit garçon qui avait occupé la maison avant lui…Il alla donc poser la question à sa mère ; elle était affairée à nettoyer les lieux d’un air de dégoût qu’il jugea exagéré parce que la maison n’était pas bien sale. Mais lorsqu’elle prit les effets trouvés pour les brûler dans la cour, lorsque sur son visage se dessina une haine qu’il ne connaissait pas, l’image des gardiennes nazies décrites par son père lui vint à l’esprit ; il l’effaça rapidement et préféra se dire que cela devait être des lépreux.« Que Dieu maudisse cette race d’impurs ; Dieu est grand, il saura nous rendre justice…qu’il fasse subir à leurs enfants les misères qu’ils font endurer aux notre ; Dieu est grand… »Ainsi répétait la mère de Ali à chaque fois que la nourriture venait à manquer ; qu’il n’y eût pas assez de couvertures pour chasser le froid,…qu’il fallait encore pleurer un nouveau martyr.Le père de Ali était silencieux ; de ce mutisme qu’ont les hommes qui réalisent, soudain, l’inutilité des mots face à la fatalité de l’injustice.Il chercha un peu de haine dans son cœur, comme on cherche un réconfort…il n’y trouva que désarroi…Ali devenait chaque jour plus décidé, plus taciturne…Dans ses yeux, une lumière presque cruelle, qui lui faisait peur. Ce n’était plus son enfant, c’était un reproche vivant…Il se rappela les longues discussions avec son ami, l’enseignant juif,…combien alors lui semblait évident qu’il y’avait suffisamment de places pour tout le monde, toutes les croyances et même incroyances sur cette terre, si généreuse, qu’il savait prête à les nourrir tous.Son ami parti, son toit spolié, le voila bien seul, bien diminué pour argumenter face à son propre enfant qui, déjà, le jugeait…Cependant, Ali désertait les bancs de l’école, l’apprentissage de l’intolérance se faisait, peu à peu, en lui : son père était un lâche qu’il préférait ignorer…Aux balles, il opposait des pierres…De misérables petits cailloux qui s’écrasaient, sans grand bruit, sur des chars blindes…Ou qui faisaient pester des soldats qu’ils égratignaient…De petites pierres dans des mains minuscules qui n’ont pas suffisamment, joué.De temps en temps, une balle venait faucher l’un d’eux. Ils suivaient alors, pieusement, son cortège…envieux, presque, pensant que la mort enfantait les Dieux…ignorant qu’il n’y a que les mères qui pleurent les enfants jusqu’à la fin de leur vie,…et qu’une fois qu’elles sont parties personne ne s’en souviendra plus…Cependant, Isaac ne cessa de penser aux anciens occupants des lieux ;…plus spécialement, a l’autre petit garçon, essayant d’imaginer comment il passait ses journées, avaient-ils des jeux communs ?...La bille qu’il avait sauvé de l’autodafé, faisait surgir le fantôme de son propriétaire dans sa tête ; aura-t-il l’occasion de la lui rendre ?Mais à qui poser toutes ces questions ; son père était souvent préoccupé et triste, c’est d’une voix, presque, inaudible qu’il disait à chaque fois qu’on parlait d’attentats suicides ça et la, qu’on évoquait les risques d’embrasement de la région…qu’on se désolait sur la mort d’une paix, à peine balbutiée « Un jour ou l’autre, nous devrons partager…pour le bien de nos enfants, pour le bien des leurs, ils le voudront aussi »Une petite lumière se faisait, alors, dans sa tête…le petit garçon était peut-être l’enfant des autres ; ceux qui habitent de l’autre cote des barbelés ou lui et ses camarades n’ont pas le droit d’aller jouer…c’était donc des enfants comme lui, et tout comme lui, ils s’émerveillaient devant les livres d’images…alors, pourquoi sont-ils sépares par ces fils de fer, si laids ?La voix tranchante de sa mère vint arrêter l’élan de ses pensées : « C’est Dieu qui nous a rendu cette terre, cette maison…Dieu sait que nous avons tant souffert, longtemps erré ; personne ne nous en fera sortir… »…Le père se tut, le fils fit de même…de l’autre cote, des barbelés le père de Ali se taisait aussi…Face au chahut de la haine, la raison est un murmure timide qui se mue, peu à peu, en silence.…Mais un jour, alors qu’Isaac commençait à renoncer à élucider le mystère de la bille oubliée dans sa poche ; il remarqua un petit garçon, à peine plus grand que lui qui rodait depuis peu autour de la maison.Il arrivait essoufflé, le regard toujours a l’affût d’un mystérieux poursuivant ; il escaladait alors un arbre ou il s’abritait, et promenait son regard sur les lieux qui semblaient lui être familiers.Et c’est toujours d’un geste rageur, qu’il quittait sa cachette et repartait, comme il était venu, en courant…fuyant un danger invisible.« Bonjour » ce matin la, Isaac s’était caché derrière un buisson et l’avait guetté.« Qui es-tu ?demanda agressivement le garçon, visiblement contrarié d’être découvert.« Je m’appelle Isaac, j’habite dans cette maison. Et toi ? »« Moi c’est Ali et tu habites dans ma maison »« Ha…et pourquoi l’as-tu quitté ? »« Vous nous en avez chassé,…Tu ne le savais pas ! »Isaac resta atterré, cependant la phrase de sa mère vint à sa rescousse« C’est Dieu qui nous a rendu cette terre, cette maison…pour que personne ne puisse plus nous faire du mal »« C’est dieu qui vous a donc dit de voler nos biens ? »Martela, menaçant Ali.Isaac abandonné par les certitudes de sa mère, retrouva les doutes de son père. Il ne savait quoi répondre à cette question, ses connaissances sur les décisions divines s’arrêtaient aux affirmations de sa mère…Lui ,sans vouloir contredire Dieu ,…et surtout pas sa mère, partagerait volontiers sa chambre avec ce garçon qui lui ressemblait tant, il irait bien jouer derrière les barbelés…d’ailleurs, il n’a jamais compris pourquoi les soldats, dont deux de ses oncles si gentils, si drôles ;tiraient sur des enfants qui jouent avec des pierres.Pendant ce temps, Ali prenait peur. Sa colère l’abandonnait, peu à peu, face à l’innocence d’Isaac. Découvrir que ceux qui l’ont chassé de chez lui n’étaient pas tous des soldats, qu’il y’en avait même qui étaient des enfants le sidérait…Dans sa haine fougueuse et juvénile, il s’était juré de mourir en kamikaze et qu’il irait se faire exploser sur n’importe quel objectif symbolisant l’ennemi…Mais l’idée que peut-être dans ces lieux, il y’aurait Isaac, lui parut insupportable.Il était sans terre, sans maison…sans haine, que deviendrait-il ? Il devait fuir et oublier ce petit garçon…« Attends, lui cria Isaac, attends…c’est à toi ça ? »C’était sa bille préférée, il l’avait cherché en vain.« Tu m’enlèves ma terre, ma maison…tu me rends une bille » s’écria t-il, rageusement.« Je te l’ai gardé dans le cas ou tu reviendrais…pour le reste, c’est trop compliqué, il faudra peut-être demander aux grands,…ou attendre qu’on soit grands nous même…pour cela, tu ne dois pas mourir, fais gaffe aux soldats ».Ali pensa aux militaires juifs qu’il a vu, tout de même, mourir.« Et toi ne deviens pas soldat »…Deux enfants qui ne seront peut-être jamais grands, partis trop tôt, loin d’un monde si étroit que l’amour l’a déserté….
Messages
1. extinction programmée des anges, 10 août 2008, 19:33, par oeil de bison
SUPERBE ,si vous aimez les enfants n’en faites pas
C’est des petits MOZART qu’on assassine tous les jours par milliers ,par
millions ,chacun de ses enfants a sa gamme bien sûr ,pour faire une
société humaine harmonieuse , on bousille tout ça pour du fric,pour faire
la guerre ,pour montrer qu’on a des petits bras musclés et une cervelle vide