Accueil > FAUTEUILS CONTAMINES CHEZ CONFORAMA

FAUTEUILS CONTAMINES CHEZ CONFORAMA

Publie le dimanche 23 novembre 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Des victimes des fauteuils contaminés face au numéro deux de Conforama

Les victimes n’avaient plus affaire à l’hôtesse d’un numéro vert mais à un dirigeant de Conforama.

Hier, une soixantaine de victimes des fauteuils contenant des sachets antimoissures sont venues de tout le nord de Paris à Villeneuve-d’Ascq pour entendre un des « responsables » de leur récent calvaire. Le numéro deux de Conforama est venu « avec courage », dixit une victime, affronter des personnes ayant pour certaines subi un véritable martyre après l’achat d’un fauteuil « confortable et pas très cher ».

« On m’a proposé 500 euros d’indemnisation ! Or elle a perdu 12 kilos. J’ai failli perdre ma femme et ce que vous dites c’est zéro, zéro. 500 euros ! 500 euros ! » Ce sexagénaire qui s’exprime avec un fort accent latin ne contient pas son émotion et il n’est pas le seul : cette femme exprime sa colère, la fille de Bernadette Lekeux (notre édition du 31 octobre) craque : « Ma mère était déjà malade, mais depuis le fauteuil, je ne la reconnais plus, elle a perdu ses cheveux, elle a subi de très graves brûlures. Elle n’ose plus voir ses petits-enfants dans cet état. Elle est en dépression, elle a perdu cinq-dix ans ! ».

Olivier Rigaudy, secrétaire général de Conforama, réitère les « excuses » déjà exprimées dans nos colonnes par son PDG. Il parle d’un « choc » dans la société. Il promet de s’occuper des clients un par un, via une cellule qui doit contacter chaque victime pour suivre leur dossier. « En envoyant 47 000 courriers en juillet, dès qu’on a su, et en invitant les victimes à nous contacter, on a tapé le plus large possible. »

En revanche, pas question de rappeler les 47 000 fauteuils, sans attendre que les clients les ramènent, comme le demande avec insistance Me Patrick Tillie, le conseil de l’association de victimes constituée autour de Claudette Lemoine, épouse d’une victime. Et Olivier Rigaudy ne veut pas que Conforoma assume seul cette affaire : « Nous sommes aussi des victimes, mais de notre fournisseur chinois, Linkwiese, que nous n’arrivons d’ailleurs plus à joindre ». Ou : « Nous voulons vous rappeler la procédure à suivre car nous savons que les assurances(la leur, en l’occurrence) peuvent traiter les dossiers de manière impersonnelle. » Mais juridiquement, c’est bien Conforama qui est responsable face aux victimes. D’où l’intérêt de la question posée par l’une d’elles : « Mais vous ne la contrôlez pas votre marchandise ? ». « Dans ce cas précis, il aurait fallu éventrer tous les fauteuils », répond le dirigeant.

Cette réunion avait aussi des allures de dernière médiation. « Nous recueillons les dossiers, plus d’une centaine pour le moment, que nous allons adresser à Conforama, pour obtenir des propositions d’indemnisation. Mais si on n’est pas entendus, on ira en justice. » Dans l’après-midi, Yves Dejobert, dermatologue-allergologue, a pu entendre des victimes se plaignant toujours de « démangeaisons intérieures », « comme une bête qui vous ronge », plusieurs mois après avoir rendu le fauteuil. Des séquelles qui pourraient perdurer ? « Je ne sais pas, nous ne connaissons pas bien ce produit et nous avons peu de recul pour le dire. » Un produit soupçonné par le médecin d’un octogénaire marseillais d’avoir contribué au décès de son patient. •

LAURENT DECOTTE

http://www.lens.maville.com/actu/ac...

Messages