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"Fétichisme de l’idée" ?

Publie le jeudi 8 mai 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

"Idéolâtrie" "Fétichisme de l’idée" ? "Toute idéologie est un idéalisme" "Bla bla" "Intox"
Quid de la lutte idéologique ?

Sur cette problèmatique Patrict TORT a écrit en 1988 "Marx et le problème de l’idéologie". Un an auparavant en 1987, Georges LABICA écrivait "Le paradigme du Grand-Hornu" Essai sur l’idéologie . Mais c’est le sociologue libéral Raymond BOUDON qui avait relancé l’offensive en publiant en 1986 "L’IDEOLOGIE : L’origine des idées reçues". De nombreux débats et travaux furent engagés ces années-là.

Christian DELARUE
Idéologue marxiste altermondialiste qui a eu le plaisir de rencontrer P.TORT et G. LABICA (mais pas Boudon)

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"Idéolâtrie" "Fétichisme de l’idée" ? "Toute idéologie est un idéalisme" "Bla bla" "Intox"
Quid de la lutte idéologique ?

En réponse cet extrait d’un entretien avec Patrick TORT sur l’idéologie.

http://www.vox-populi.net/article.php3?id_article=277

Vox Populi :
Dans le chapitre intitulé « L’idéolâtrie » - ce « fétichisme de l’idée » que Marx et Engels stigmatisent chez les représentants de la jeune philosophie allemande - vous concluez, après un enchaînement d’une imparable rigueur, que, pour les auteurs de L’Idéologie allemande, « toute idéologie est un idéalisme ».
Mais cette formule ne s’applique-t-elle pas à l’idéologie marxiste elle-même ? Dès lors, l’opposition idéalisme/matérialisme serait proprement idéaliste !

P. Tort :
Gare aux confusions. L’idéologie dont parlent Marx et Engels, c’est l’idéologie de la classe dominante en tant qu’elle produit non pas une représentation exacte du monde, mais une illusion dont le propre est d’inverser le sens des rapports réels qui le constituent.
C’est la célèbre comparaison de la chambre obscure, voire de l’œil humain. Or, ce qu’expliquent les deux auteurs de « L’Idéologie allemande », c’est que le trait commun de toutes les élaborations idéologiques est la conviction que l’ordre du monde obéit au régime de l’idée - laquelle se retrouve ainsi hypostasiée dans toutes les circonstances où cet ordre le requiert.
C’est précisément ce que fait souverainement l’idéologie par excellence, la religion.
Marx et Engels renversent cette opération (dépassant ainsi l’image inversée de la rétine) et restituent la vision juste (celle de la conscience). _ Simplifions : les philo­sophes « révolutionnaires » allemands modernes, écrivent-ils, ressemblent à cet indi­vidu persuadé que les hommes ne se noyaient que parce qu’ils étaient dominés par l’idée de la pesanteur ; congédier cette idée comme superstition eût suffi dans leur esprit à écarter tout risque de noyade.
Ces rêveurs « innocents et puérils » sont donc pénétrés de l’idée que le monde va mal parce qu’il est gouverné par des idées fausses. Corriger ces idées équivaudrait à améliorer le monde.
Ainsi, l’idéologie religieuse étant composée d’idées fausses, lutter contre les idées religieuses pourrait parvenir à remettre le monde sur ses pieds. Mais c’est précisément la religion (c’est-à-dire l’Église) qui explique et répète que les hommes se sont pervertis quand ils ont perdu l’idée de Dieu.
Double dénonciation, dis-je, de la nocivité de l’innocence : les jeu­nes philosophes allemands dénoncent les effets et les méfaits, dans la réalité, des représentations fausses dont les hommes sont à la fois les auteurs (innocents) et les victimes (innocentes).
A leur tour, Marx et Engels dénoncent chez ces théoriciens l’illusoire et innocente conviction d’une effi­cacité transformatrice qui s’attacherait au fait de dénoncer une illusion idéologique en la considérant comme responsable d’un certain ordre de réalités.
Autrement dit, si l’on examine l’étendue déployée du spectre idéologique, on perçoit entre ses parties distales une constante unique, mais fondamentale : celle qui assigne à l’idée la paternité et le gouvernement de l’ordre du monde.

Comme pour les chefs des nations antiques, la pérennisation de sa puissance est conditionnée par une apothéose poursuivie par un culte, d’où ce néologisme d’idéolâtrie qui est beaucoup plus qu’un mot-valise.
L’idéologie, pour Marx, se caractérise d’abord et toujours par l’idée que l’idée conduit le monde. C’est pourquoi toute idéologie est un idéalisme.
Il n’y a donc aucun sens, sinon hautement mystificateur, à parler dans ce contexte d’« idéologie marxiste », puisque, comme on vient de le comprendre, Marx effectue cette critique radicale de l’idéalisme idéologique, ce qui indique au passage que Marx croit par ailleurs à l’efficacité d’une telle critique.
La lutte idéologique - qui repose sur le rétablissement du sens des rapports réels - a donc un sens pour et dans le marxisme, à condition de la maintenir sur ses propres bases.

Suite sur le site VOX POPULI

http://www.vox-populi.net/article.php3?id_article=277

Messages

  • Le genre de mec qui m’ont fait fuire d’ATTAC

    • christian Delarue multiplie les posts avec ce genre de texte, sans débattre directement ,c’est intéressant mais trouver les infos sur le net on sait le faire !

    • Le genre de mec ou le genre de discours ?

      Le genre de mec qui m’ont fait fuire d’ATTAC

      1 Que vient faire ici ATTAC ? Pas d’hypocrisie, ce n’est pas parce que je n’ai pas mis ATTAC à côte de mon nom que je pose la question mais parce que dans ATTAC je ne parle pas de ces questions-là. Ce n’est pas tout : Il n’y a pas que moi à ne pas parler de ces questions-là.

      2 Le genre de mec sous-entend que je ne suis qu’un idéologue – ce qui est faux mais importe peu – mais surtout qu’ATTAC est composé d’idéologues, ce qui est absolument faux. On peut au contraire lire ATTAC comme association posant des questions sans doute technique et complexes mais concrètes. Exemple : les APE – Accords de partenariat entre l’UE et les pays ACP – ne sont pas chose simples à expliquer mais sont des processus concrets qui renforce l’impérialisme de l’UE. Mais ATTAC ne parle pas ou très peu de l’impérialisme. C’est d’ailleurs la raison qui fait que j’en parle.

      3 En effet est-il interdit de poser la question de l’idéologie ? Oui et non. Quasiment oui au sens ou ce n’est pas l’action de chaque semaine dans les comités et pas plus d’ailleurs pour le Conseil d’administration d’ATTAC France. Non car la novlangue libérale doit être critiquée. Lire le bouquin d’Alain BHIR. Le langage de la critique de la domination ne doit pas être abandonné trop facilement. Et puisque je cite Alain BHIR, il se trouve que cet auteur, non membre d’ATTAC non membre d’ATTAC à ma connaissance, a produit un texte visant à abandonner le terme impérialiste. (Je n’ai plus le titre de sa contribution en tête). Ce qui montre d’ailleurs que ceux et celles qui partage des combats communs le font parfois avec des considérants différents qui les poussent à s’expliquer, débattre mais pas nécessairement exclure… surtout si l’on s’abstient d’injures et de calomnies.

      4 Ce qui a fait fuir ATTAC c’est tout autre chose (qui concernaient en 2006 certaines méthodes employées par une fraction d’ ATTAC pour se maintenir au CA).

    • Christian Delarue multiplie les posts avec ce genre de texte…

      Voilà qui est trop vite dit ! Au contraire il est rare que je poste des textes ou des extraits de textes. C’est en fonction du contexte et des enjeux du moment tel que je les perçois que je préfère produire moi-même des textes courts, lisibles rapidement, mais qui ne sont pas exhaustifs sur le sujet. Sans prétention « scientifique » ou de grande qualité (les fautes diverses courantes sont la propriété de l’auteur mais elles peuvent être corrigées).

      Ceci dit, il est vrai que j’ai récemment posté des extraits des échanges entre Daniel BENSAID et Raoul Marc JENNAR car ils présentaient un intérêt dans la situation de recomposition en cours de l’anticapitalisme. De même pour l’appel de Politis qui ne tombe pas du ciel sans raison. Dans ces cas là autant citer le texte et les sources.

      Je retiens que je ne réponds pas assez sur les post. Ok.