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Fin de la farce. La vénimeuse omelette Kossovo est quasiment prête

Publie le lundi 3 décembre 2007 par Open-Publishing
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Ennio Remondino

L’omelette Kossovo est quasiment prête, indigeste comme elle ne pouvait pas l’être davantage. Fin de la farce des négociations directes entre les deux parties inégales que la communauté internationale a fait semblant de mettre à égalité. L’Etat de la République de Serbie, auquel le Kossovo appartient formellement pour l’histoire et le droit, et la composante ethnique albanaise qui se fait Etat grâce aux bombes de l’OTAN de 1999.

Des colloques viciés depuis toujours, avec une partie, la partie albanaise, qui savait avoir de son côté la prépotence américaine et l’impuissance européenne. Pour la partie serbe, dernièrement, des propositions variées qui concédaient tout sauf l’indépendance formelle. Pour la partie albanaise, sachant avoir l’engagement états-unien sur tout, rien de moins que l’indépendance. La rupture est donc la « Non nouvelle » classique, utile pour le feuilleton international pour la postérité, « nous avons fait tout ce qu’ilétait possible de faire ».

Tout comme on l’avait craint, tout comme c’était prévisible, démontrant qu’on a gaspillé 8 ans et des dizaines de milliards d’euros de mission internationale au Kosovo pour revenir à la case départ, c’est-à-dire aux bombardements de l’OTAN en 1999. Sur ce résultat, en pensant à la communauté internationale qui l’a rendu possible, aux chefs d’Etat qui l’ont voulu ou laissé venir, à une certaine diplomatie complice ou figée, aux organisations internationales aussi retentissantes qu’impuissantes et inutiles, en tant qu’homme des Balkans je ressens le besoin de leur attribuer une adjectivation forte (Grandes, sublimes, incommensurables) accompagnant la qualité de leurs têtes physiologiquement inguinales. L’insulte, hélas, ne suffit pas et le fait de revenir au fameux « Nous l’avions dit » non plus. Nous l’avions dit et eux, comme d’habitude, ont fait la saloperie.

Récapitulons. Le Kosovo albanais qui gagne la guerre grâce à l’OTAN et veut son Etat ethnique indépendant. La Serbie, qui n’accepte pas le marché entre l’entrée dans l’Union et la cession d’une partie de son territoire historique. La troika des puissants de la terre (Etats-Unis, Russie et Union européenne), qui s’enlise dans ses propres contradictions. Pour l’indépendance tout de suite, les Etats-Unis, qui dans les Balkans ont choisi depuis longtemps la partie albanaise aux dépens de la partie slave. La Russie de Poutine qui dénonce la violation du droit international aux dépens des frères slaves de Belgrade, mais qui pense en même temps à d’autres possibles indépendances qui menacent son empire. L’Union européenne qui joue le rôle de médiateur entre les colosses planétaires pour chercher des solutions à ses retentissantes divisions internes qui sont exaltées à propos du Kosovo et ne peuvent plus être cachées.

Sur les Balkans proprement dits, le silence de la peur. Qu’arrivera-t-il au Kosovo des îles ethniques serbes groupées autour des monastères chrétiens orthodoxes protégées pour le moment par les armes de l’OTAN ? Qu’arrivera-t-il à Kosovska Mitrovica , nouveau Berlin de la séparation ethnique après la chute du mur des idéologies politiques ? Qu’arrivera-t-il en Macédoine où les mêmes bandes armées albanaises du Kosovo ont déjà créé à Tetovo un territoire hors du contrôle du Skopje slave et bulgare ? Qu’arrivera-t-il dans la Bosnie tripartite, quand les Serbes, les Croates et les Musulmans slaves, contraints depuis dix ans à une cohabitation qui semblait la règle, découvriront qu’ils sont, au contraire, une exception ? Que pourra-t-il arriver à Belgrade même aux prochaines élections présidentielles, où la communauté internationale semble engagée à faire revivre les phantasmes évoqués par les orphelins de Milosevic aux dépens du démo chrétien Tadic ?

Prochain rendez-vous le 10 décembre. A l’ONU, le Conseil de sécurité aura la parole, difficilement en mesure d’aller au-delà de la résolution actuelle 1244 qui reconnaît le Kosovo comme territoire de l’Etat serbe. A Pristina il y aura plus ou moins en même temps la déclaration unilatérale d’indépendance : l’ancien combattant Uck Hashim Thaqi, devenu entre temps le chef du gouvernement du Kosovo albanais, l’a promis et une rue savamment tenue en tension le prétend. Aussi escomptée est la dénonciation formelle de la part de Belgrade de la violation évidente et éclatante du droit international. Washington, qui est en même temps le père et la mère de ce Kosovo albanais, choisira sûrement Pristina au lieu de Belgrade. Dommage que ses enfants reviendront presque tous à l’Europe de l’Union. Un Kosovo albanais pour les Etats-Unis et un Kosovo serbe pour une Russie de plus en plus compétitive. Sur ce qui se passera à Bruxelles, même les astrologues ne risquent pas de prévisions. A ce moment-là, l’hypocrisie est difficile. L’Union qui se désunit et s’adresse à bride abattue à Pristina ou à Belgrade ? Et le gouvernement italien que fera-t-il ? Cette fois la ruse de 1999 ne pourra plus marcher. Pour mémoire, à l’époque ce furent les avions de chasse et l’ambassade ouverte. C’est-à-dire je te bombarde un peu, mais avec de l’amitié.

 http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...
Traduit de l’italien par Karl&Rosa

Messages

  • Comme les kurdes en 1920,les albanais(du Kossovo ou d’ailleurs)sont les victimes du rapport de force imposé par les serbes(et leurs alliés franco-britaniques)après les guerres balkaniques(1913)et mondiale(1918-20) !Ce rapport de force a été brisé en 1992(affaiblissement de la Russie post-soviétique,gesticulations agressives et chauvines de Milojevic...).Que les "maîtres" du monde actuel(USA)essaient d’y placer leurs pions,c’est de bonne guerre impérialiste mais ça ne justifie pas pour les anti-impérialistes de bafouer le droit du peuple albanais !!!