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Gaza : la réalité du "Plan de désengagement"

Publie le jeudi 18 août 2005 par Open-Publishing
10 commentaires

AVRAHAM BURG est religieux, ancien président (travailliste) du Parlement israélien et ancien président de l’Agence juive.

de Avraham Burg

"Plan de désengagement" : l’association des deux mots est devenue si banale qu’elle brouille la compréhension de ce dont il s’agit. Mieux vaut dire crûment la vérité : le gouvernement israélien n’a aucun "plan" véritable. Pis : il n’a rien pour colmater l’énorme trou noir apparu dans l’âme israélienne.

Ce plan n’a rien de véritable car il n’est qu’un acte conjoncturel du premier ministre. Mais ce "non-plan" a coalisé la fine fleur de l’opportunisme politique israélien : la vieille garde du travaillisme mue par son horloge biologique personnelle, des individus attirés par des fauteuils ministériels et des naïfs qui ne comprennent rien à ce qui se passe. Le processus qui a présidé à l’adoption de ce plan a fait explo-ser le peu qu’il restait de la culture politique israélienne et nous condamne pour de longues années à cette démocratie bancale apparue dans l’anarchie des derniers jours.

Car Ariel Sharon s’est affranchi de toutes les conventions politiques. Le mépris du premier ministre et des siens pour les décisions de leur propre parti a broyé le principe fondamental de la vie politique. Cependant, ce plan n’est pas seulement mauvais pour la manière dévoyée dont il a été adopté. Il l’est surtout pour son contenu. Il n’a ni partenaire ni vision, il ne regarde pas plus loin que le bout de son nez.

Nous avons affaire à une énorme escroquerie : le sacrifice d’une zone d’implantation sans importance ni signification à Gaza et aux abords du Sinaï contre la perpétuation des méfaits et de la perversion de l’âme israélienne au coeur d’Hébron, à Ytzhar, Beit El et au tombeau de Patriarches, transformés en autels pour y ligoter nos fils.

Et pourtant : c’est là le meilleur des pires désengagements possibles ! Après lui, non seulement la face de notre démocratie politique israélienne apparaîtra ridée, endommagée, mais d’ores et déjà, l’entreprise nationale d’illusions qui a pour nom colonisation s’engage vers son effondrement inéluctable. Sans doute pour cette raison cela vaut-il la peine de payer un tel prix !

L’existence d’Israël n’est pas assurée. Personne ne sait si nous survivrons en tant qu’Etat ou si nous nous disperserons de nouveau de par le monde. Je ne suis sûr que d’une chose : la rédemption ne viendra pas du messianisme, et l’expansion territoriale ne nous apportera pas le bien-être.

Au contraire, plus les colonies éloignées font en secret subir à d’autres le mal que ceux qui nous haïssent nous ont fait subir durant des générations, plus notre esprit national court à sa perte.

Longtemps, sous le titre de "sionisme", trois récits, mi-réalité, mi-fiction, ont nourri l’attitude israélienne : l’idole sécuritaire, la sanctification de l’implantation et la supériorité de la religion juive. Tous des thèmes puissants dotés d’imposants moyens, devenus des objectifs allant jusqu’à sacraliser ce qui, auparavant, paraissait interdit. Et même si au cours des dernières années nos seuls moments de sécurité ont été les brefs et fragiles intervalles où nous avons momentanément renoncé aux armes pour dialoguer, le dialogue est resté, pour nous, difficile.

Comme alternative réelle, le dialogue a été effacé de notre conscience. Au nom de la sécurité, il est permis de tirer et de tuer ; permis d’exproprier et de déposséder, de harceler et de maltraiter. Au nom de la sécurité, il est permis de perdre son âme. Prenez toutes les clameurs des colons quant à leur "discrimination" et leur "oppression", multipliez-les par autant qu’il vous plaira, et vous ressentirez ce que ressentent les Palestiniens depuis de longues années, sans que nous y prêtions la moindre attention.

Un cordon ombilical lie cette sécurité fallacieuse à la colonisation. Bien que cette illusion se soit régulièrement fracassée dans chaque guerre d’Israël, sécurité et implantations sont restées chez nous inextricablement imbriquées. Résultat : une barrière de protection sur la frontière, une barrière autour de nos colonies pour assurer leur sécurité, une autre pour boucler leurs localités -des Palestiniens- , une sur le Jourdain : ce pays n’est plus que barrières emprisonnant deux peuples terrorisés. Est-ce cela, la sécurité ?

Quant à la religion juive, quelles infamies lui fait-on subir ! Tant de mépris et de racisme se cachent derrière ces mots : "Un juif n’expulse pas un autre juif" -slogan des colons- . La croyance dans la supériorité des gènes. La souveraineté d’un peuple de maîtres, au nom de Dieu. Et un juif qui assassine un premier ministre juif, ça, ça va ?

Un juif n’est qu’un homme, avec ses faiblesses et ses forces. Rien n’est inné, ni garanti. Même le choix du peuple juif par Dieu n’est pas garanti s’il ne s’accompagne pas d’un engagement moral et d’un effort constant pour s’améliorer et se comporter humainement. Tout cela a été mis de côté pour laisser place au trident trompeur de ces dernières années : un judaïsme raciste qui s’appuie sur une colonisation violente et se protège derrière une conception sécuritaire fallacieuse.

Lorsque les colons me menacent de "guerre fratricide" , je dis stop. Sont-ils mes "frères" ? Non ! Je n’ai d’autres "frères" génétiques que mes deux soeurs. Mais j’ai des frères et des soeurs qui partagent avec moi un même esprit, des mêmes valeurs.

Si vous êtes un mauvais homme, un oppresseur geignard ou un occupant surarmé, vous n’êtes pas mon frère, même si vous observez le shabbat et toutes les règles religieuses. Et si un foulard couvre chacun de vos cheveux, que vous faites la charité et le bien, mais que ce qui siège sous votre foulard est tout entier tourné vers la sanctification de la "terre juive" , laquelle prime sur la sanctification de la vie humaine, vous n’êtes pas ma soeur, mais mon ennemie.

Disons-le : il n’y aura pas ici de "guerre fratricide". Si un conflit plus violent devait surgir, il se nommerait guerre civile. Car le conflit n’oppose pas entre eux les enfants du peuple juif dans leur diversité. Il s’agit d’une lutte sans merci entre les "bons" et les "méchants". Tous les bons d’un côté : les nôtres et les leurs -Palestiniens-. Contre tous les méchants. Et ceux-là, de part et d’autre, ne manquent pas...

La fin des récits sionistes classiques induit une question : quels seront les futurs récits nationaux israéliens ­ si tant est qu’il y en ait. Observer le présent permet d’entrevoir un avenir. Les rubans orange des opposants au désengagement sont étroitement liés à la kippa, aux phylactères, au foulard, aux livres de prières et au vocabulaire religieux.

Leur noyau dur est principalement issu des publics religieux : les sionistes religieux, les ultra-orthodoxes nationalistes et des hybrides spirituels d’un judaïsme new age qui se manifeste dans des sauvageries sans frein sur les collines -de Cisjordanie-.

Les autres composantes israéliennes ne prennent pas part à la lutte. Les Arabes israéliens sont hors du coup et la majorité des juifs laïques en Israël assistent, sidérés, au "désengagement" physique et mental des colons religieux, ceux-là mêmes qui, jusque récemment, portaient haut le drapeau de l’identité juive sioniste israélienne moderne.

Quelque chose a dérapé chez les religieux. Désormais, leur valeur suprême, la "terre d’Israël" , ne s’oppose plus à des valeurs comme la vie, la modernité occidentale ou l’aspiration à la paix et au bien-être. Non, elle se dresse carrément contre l’Etat d’Israël. On est loin d’une occupation se déroulant hors de tout regard ou de l’exécution de Palestiniens innocents, passe-temps de quelques "originaux". On est dans une guerre déclarée contre tous les symboles du pouvoir souverain. Les "oranges" contre l’armée et ses soldats, les colons contre la police et ses policiers, les croyants contre la démocratie, son autorité et ses élus !

C’est parce que l’instinct israélien fondamental est démocratique que le système démocratique, au-delà de tous ses manques, est bien le seul qui nous permette de continuer à vivre ensemble et à nous accorder sur la manière de ne pas être d’accord. Le défi lancé par la halakha -la loi religieuse- à la loi, par la synagogue au Parlement, par les rabbins à la souveraineté, ça, c’est un vrai "désengagement" !

Jusqu’à l’initiative tordue d’Ariel Sharon, les contenus et les valeurs étaient en Israël comme brouillés. Tous les courants de la droite tentaient vainement de réunir judaïsme, nationalisme territorial et démocratie dans un même sac politique.

La gauche faisait face. "Ce n’est pas ça le judaïsme", "telle n’est pas notre vision nationale", clamait-elle. Et ses larmes coulaient sur la démocratie agonisante face à l’occupation, à ses mensonges et à ses illusions. Une gauche stérile et pétrifiée, à laquelle on avait arraché son clairon identitaire et le drapeau du patriotisme ­ elle qui avait érigé l’Etat ! ­ pour les transférer, sans honneurs ni aménités, dans les mains de nouveaux porte-drapeaux : les nationaux-religieux.

D’un coup d’épée soudain, Ariel Sharon a tranché ce noeud inextricable. Il est alors apparu qu’une nationalité nationaliste et une religiosité qui ne s’appuient que sur la halakha et ses maîtres ne peuvent coexister avec le vrai noyau identitaire regroupant la majorité des Israéliens, modernes, démocrates, disposés au compromis. Voilà une occasion unique pour une société qui tente de modifier ses perspectives. Un espace s’ouvre pour des vents nouveaux et des idées originales. L’"israélité" peut de nouveau revendiquer sa part dans la responsabilité juive.

Il y a une nécessité vitale et pressante à faire émerger une identité israélienne nouvelle dont les premiers termes ne seraient pas "un juif ne fait pas" , mais "un juif fait" . Un juif maintient un lien étroit et naturel avec les sources spirituelles de la culture juive. Il a une interprétation moderne des préceptes et des règles devenus obsolètes. Il intègre tradition et progrès. Un juif fait la synthèse entre judaïsme et universalité, judaïsme et israélité. Pour ce juif positif, Israël est un pays généreux, ouvert à l’autre, à celui qui est différent et à celui qui vit parmi nous.

Son judaïsme dit oui à la paix et non à la xénophobie. Sa culture nationale est celle de quelqu’un qui a confiance en soi et aspire à la paix, pas d’un paranoïaque qui ne s’appuie que sur la violence des armes.

Je ne crois ni dans ce désengagement, ni dans ceux qui l’entreprennent. Politiquement, je n’entrevois, après lui, que des jours sombres.

C’est parce que je ne crois qu’au dialogue non violent à long terme et uniquement dans un rejet absolu et commun des plaies malignes qui nous rongent ­ nous et eux -les Palestiniens- ­ que, au coeur de cette marée orange et noire, ce désengagement est une lueur d’espoir. Il est clair que ce retrait douteux concerne d’assez loin le terrorisme et nos voisins palestiniens. Mais il est un petit pas en avant pour se désengager de la folie nationaliste qui a pris le contrôle de notre identité.

Traduit de l’hébreu par Sylvain Cypel © /"Haaretz"

http://www.lemonde.fr/web/article/0...


Avraham Burg

Homme politique israélien, Avraham Burg est né en 1955 à Jérusalem. Après des études à l’Université hébraïque de Jérusalem, il fait son service militaire puis devient l’un des leaders du mouvement La Paix maintenant.

Entré au Parti travailliste, il sera conseiller du Premier ministre Shimon Pérès et sera élu à la Knesset (Parlement). Il est ensuite élu président de l’Agence juive pour Israël et de l’Organisation sioniste mondiale.

Réélu député, il est élu en 1999 à la présidence de la Knesset, où il est l’un des plus fermes partisans d’une paix israélo-palestinienne sur des bases raisonnables pour les deux parties, et pour la création rapide d’un Etat palestinien.

Messages

  • les discours remplis de bonnes intentions n’ont jamais fait avancé quoi que ce soit, le problème de fond est toujours soigneusement évité, celui de la nature religieuse de l’état d’israel, celui du lien mythico / religieux que la majorité des juifs entretiennent avec israel, celui de la représentation mythico / religieuse que beaucoup de juifs ont d’eux mêmes. ça crispe tout. le peuple juif s’est construit une identité mythique, il faudrait "laïciser" les esprits pour aller vers une solution juste et durable. ça doit bien exister en israel, pas suffisamment !

    • Le problème semble bien hélas se trouver là : l’irrationalité du religieux. Il est tout de même inadmissible de voir les agissements scandaleux des colons, qui, répétons le, se sont appropriés illégalemnt des terres qui ne leur appartiennent pas en tenant des propos racistes à l’égard des palestiniens. Ces événements ont donné aux occidentaux à mieux percevoir les méfaits de la poltique israélienne.

    • Les israéliens ne vont pas plus à la synagogue que les français vont à l’église. Il y a de très nombreux laïcs, dans le pays même, hors colonies et le judaïsme n’est pas religion d’état, même si la très grande majorité des israéliens est juive. La Palestine dont une partie est devenue Israël en 48 a représenté une terre d’accueil pour les juifs rescapés de la shoah et avant pour tous ceux qui ont fui les pogroms tsaristes du début du XXe siècle et ceux qui ont pu s’échapper avant que les nazis n’envahissent l’europe. Aucun des pays pressentis, notamment les US n’ont voulu augmenter le "quota" de juifs qu’ils avaient fixé. Où vouliez-vous que les juifs aillent ?

      chronologie de l’histoire sur Wikipedia

      Après la guerre de 67, les gouvernements successifs ont eu le grand tort d’installer des colonies dans les territoires gagnés. Ils en paient lourdement les conséquences, mais plus de la moitié de la population israélienne demande la paix avec les palestiniens et la reconnaissance de leur état. Il faut compter sur tous ceux qui oeuvrent ensemble, israéliens et palestiniens, pour faire changer les décisions du gouvernement et multiplier les actions pour faire avancer la paix. C’est une face dont les médias dominants ne parlent jamais, bien trop friands de spectaculaire.

    • Il y aurait beaucoup à redire sur le résumé du conflit israelo-palestinien fait dans le message précédent. Quelques points en particulier : "avant pour tous ceux qui ont fui les pogroms tsaristes du début du XXe siecle". Faux : la plupart ont fui aux Etats-Unis. Seule une infime minorité des juifs russes persecutés par le tzar a fui en Palestine : celle-ci, faut-il le rappeller, est alors sous administration ottomane (opposée au projet sioniste) jusqu’à la Première Guerre Mondiale, et la Déclaration Balfour, qui ouvrira réellement les portes de la Palestine aux immigrés sionistes n’intervient qu’en 1917, année comme chacun sait de l’avènement du bolchevisme en Russie. "Aucun des pays pressentis, notamment les US n’ont voulu augmenter le "quota" de juifs qu’ils avaient fixé. Où vouliez-vous que les juifs aillent" : faux. Rappellons que Roosevelt et après lui Truman, avant de se rallier à la "solution" sioniste, avaient d’abord proposé d’ouvrir un foyer aux Personnes Déplacées dans les Etats dont les capacités économiques le permettaient, proposition alors rejetées par les organisations sionistes qui déjà à l’époque avaient réussi à confisquer la parole juive. C’est ce qui fera dire au représentant pakistanais à l’Onu à l’époque : "Australie, petit pays surpeuplé dit non, non, non ; le Canada, pareillement congestionné et surpeuplé dit non ; les Etats-Unis, grand pays humaniste, disposant d’espaces et de ressources très limitées, dit non. C’est là leur contribution aux principes humanitaires. Mais, disent-ils, qu’ils aillent donc en Palestine où ils disposeront de vastes espaces, d’une économie abondante, où ils n’auront pas d’ennuis ; là-bas, ils pourront facilement être adoptés".

      Rappellons que le Génocide (la shoah est un terme religieux) des Juifs et des Tziganes était d’abord une tragédie intereuropéenne et que si certes l’Humanité entière est comptable des tragédies qui touchent l’Humanité entière, ce n’est certes pas à un petit pays comme la Palestine, absolument innocent des crimes du nazisme et de l’antisémitisme, de porter à lui seul tout le poids immense de la catastrophe qui s’est abattue sur les juifs d’Europe.

    • Que l’état d’İsrael serait Laique et pas un état juif ,que la majorité de ces habitants seraient pour la Paix ..! il faudra nous démontrer un peu ca.La colonisation est un crime contre l’humanité ,et pour que justice soit faite ,tout colonisateur devrait payer de son crime .ne fut ce que moralement .

    • démontrez - moi avec des arguments fondés qu’israel est bien un "état laïque hébreu" ... ?

    • l’évacuation des colons de gaza s’est interrompue vendredi soir et reprendra dimanche pour cause de shabbat. les forces armées et la police israéliennes ont interrompu leurs opérations en application de préceptes religieux ... après ça israel est un état laïque ... c’est bien connu, les forces armées et la police de la france, état laïque comme israel, interrompent toujours leurs opérations le dimanche, jour du seigneur ... c’est bien connu ...

    • Je suis au regret de vous dire que le terme "shoah" n’a rien de religieux. En revanche "Holocauste", lui, est religieux.

      Que vous ne soyez pas d’accord avec le commentaire précédent, c’est votre droit. De là à affirmer "c’est faux", alors que, apparemment, ce qui est écrit vient en grande partie de Wikipedia (je suis allée lire), me fait me poser la question d’où tirez-vous vos renseignements ? Wikipedia est un site coopératif où vous pourriez ajouter vous-même vos articles.

    • Mes réferences : Lorand Gaspar Histoire de la Palestine Maspero 1968, P. 135 (pour les propos de l’Ambassadeur du Pakistan), A. Lilienthal, What price Israel, Chicago 1953, p. 52 et ouvrage de Gaspar, p. 132 et 135 (pour les proposition d’absorption des réfugiés juifs de la seconde guerre mondiale et le refus des dirigeants sionistes ; Roosevelt déclara alors : les sionistes américains "savent qu’ils peuvent ramasser des sommes importantes pour la Palestine en disant aux donateurs :"Il n’y a pas d’autre endroit où ce pauvre juif puisse aller" - Par contre, s’il y a un asile politique mondial pour tout le monde, sans distinction de race, de religion et de couleur, ils ne pourront pas ramasser cet argent." Lilienthal, ouvage cité).

      Quant au fait que la Palestine faisait partie de l’Empire turc jusqu’à la Première guerre, que l’Angleterre lui a ensuite succédé, que les autorités ottomanes étaient opposées à la réalisation du projet sioniste, que la déclaration Balfour date de 1917 (cf l’article de Wikipedia publié ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9claration_Balfour ), que 1917 est l’année de la chute du tsarisme et de la révolution bolchevique, il ne s’agit pas ici d’opinions, mais de faits de notoriété publique , admis par tous, indépendamment des options poliques défendues. De même quant à la destination des juifs fuyant le tsarisme (cf par exemple ici : http://www.alliancefr.com/actualite/antisemitisme/memoire/expo6.html :" Entre 1881 et 1914, on estime que 2 millions de juifs quittent la Russie, la plupart émigrant aux États-Unis"), les colonies juives en Palestine ne recueillant que quellques milliers des personnes.

      Wikipedia présente une version des choses : l’article est bref et laisse dans l’ombre de nombreux aspects. Je ne crois pas à l’infailliblité encyclopédique : un dictionnaire encyclopédique aussi repecté que le Quid présente ainsi l’antisionisme comme une idéologie gauchiste prolongeant natturellement l’antisémitisme ... Sur un sujet comme celui-ci particulièrement il vaut mieux aller y voir par soi-même et multiplier les lectures et les sources, plutôt que de se contenter d’un article, forcément partial et suggestif. Le bons livres ne manquent pas : ainsi les livres d’Elias Sanbar, de Gresh et Vidal, de Fikenstein, de Nadine Picaudou, ...

      Enfin, sur le mot Shoah : celui-ci est la traduction en hébreu du mot catastrophe. L’hébreu est la langue sacrée du judaïsme, la langue de la bible. Il limite donc la perception du Génocide au judaïsme et le fait sous un angle sacralisant, qui le fait sortir de l’Histoire. Or, le Génocide a été fait par des hommes et non par des Dieux, il a été non seulement judéocide mais également tsiganocide (sans oublier les millions de Slaves massacrés dans les camps car assimilés à des sous-hommes) : admettrait-on qu’un terme tzigane désigne l’ensemble du Génocide ? "Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur des hommes", disait Camus.

  • Pour appuyer ce très beau texte d’Avraham Burg, extrait d’un article de David Grossman, écrivian, militant de la paix israélien. Cet article "pleurer" est paru dans Haaretz du 15 août

    http://www.haaretz.com/hasen/spages/612522.html

    traduit en français par Gérard et Claudine de La Paix Maintenant

    ...

    Les Israéliens, "bleus" comme "orange", peuvent pleurer aujourd’hui sur la
    passion, et l’esprit pionnier qui pendant des années a poussé des gens vers
    le Goush Katif, et qui bientôt se dissipera comme de la fumée, et sur le
    tissu social qui sera détruit dès demain. Pleurer, aussi, sur toute cette
    énorme énergie qui aurait pu accomplir tant de choses si elle avait été
    investie ailleurs, dans le réel et non dans l’illusoire. Pour les évacués,
    dont la vie va changer pour toujours et qui porteront probablement toujours
    les cicatrices de ce qui leur sera fait demain, pour les hommes, les femmes
    et les enfants qui ont donné leurs vies pour leur foi ­ ou pour leur
    naïveté. Pleurons pour le million et demi de Palestiniens dont la vie a été
    un enfer pendant tant d’années à cause d’une situation d’apartheid qu’ont
    créée les colonies. Et pour les centaines de soldats qui ont été tués alors
    qu’ils défendaient cette inutile entreprise de colonisation. Nous devons
    tous pleurer pour les pertes terribles, humaines et matérielles, que
    connaîtra la nation tout entière.

    ...