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Gueulante de l’emmerdé
Conte de Noël
par le Concombre masqué
(le 25 décembre 2007 )
Notre société de consommation a connu son premier orgasme commercial et nous attendons avec impatience les feux de voiture du jour de l’an. Hier, un pote menuisier, heureux propriétaire d’une vieille carcasse mécanique qui va devoir repasser le nouveau contrôle technique à prix d’or me lâchait entre la dinde et le pousse café : " Les patrons, ils s’en fichent pas mal du contrôle technique, ils changent de bagnole comme de chemise. Sur ce coup-là, c’est encore nous qui payons, si j’étais un peu couillu , je la flamberais pour Noël. "
Il est vrai que cette putain de mécanique sociale n’engendre pas que de la sérénité, ça dépend surtout des quartiers. On parque la jeunesse, on la laisse bouillir sur le feu de la médiocrité et la casserole finit par déborder. Et ça déborde toujours sans conscience, parce que les braves gens qui nous bricolent le meilleur des mondes s’arrangent toujours pour couper les gueux des lumières de la lucidité. Dès fois qu’ils auraient la sacrée bonne idée de balancer du pavé du côté de chez Dior ! On aurait vu quelques Indiens mal léchés planter leurs tentes dans les beaux quartiers, les rupins qui promènent des pompes à 1000 euros sur le pavé lustré peuvent bien détourner les yeux et se pincer le nez, pourfendre des moulins, ça emmerde toujours un peu les meuniers du capital.
En attendant, l’état s’offre pour trois euros six sous des gugusses diplômés qui vont servir de fusibles à une République de pieds nickelés. Les élites, elles, se sont payées sur la bête. Du député exemplaire qui s’offre une belle part de retraite très spéciale au directeur de cabinet (voire au ministre) qui balance sa morale citoyenne sans vergogne en profitant de ses 190 m2 de logement social au coeur de Paris. Ces politiciens d’opérette font dans le respectable et leur petite entreprise ne connaît pas la crise. Quant à vous, ô broussards de la République, on vous demande de bourrer le mou aux sauvageons et d’attendrir la chair à patrons : passe par ici, oriente-toi par là, honore Guy Moquet, encense le Dieu travail, il te le rendra à crédit, sois "gling gling" comme ton président, nique la culture qui ne paye pas et vénère l’Europe qui rime avec Pénélope ...
Voilà , j’avais pas de conte de Noël sous la main , alors j’ai fait dans le populaire. Poujadiste diront les puristes. C’est la gueulante de l’emmerdé qui travaille là où ça pue. A force de gueuler bien fort, ça pourrait réveiller les mauvaises idées, celles qui font trembler les argentiers. Une petite flambée banquière pour le nouvel an : faire cramer quelques établissements respectables qui font leur beurre sur le dos des endettés de la croissance. Je suis tellement remonté que je serais bien fichu d’applaudir "l’acte odieux", comme ils disent.
Tiens, maintenant j’entends une petite voix céleste … ça ne s’arrange pas ! Si ça se trouve, c’est encore la BVM qui radine, c’est vrai que j’lai un peu planqué sous le boisseau son divin lardon :
"Du calme mon KIKI (c’est le surnom de votre serviteur quand il ne pointe pas à la fornication nationale), faudrait peut-être songer à rester dans les clous de la conformité, toi aussi tu passes chaque mois à la gamelle, si tu veux être bien traité, va falloir en rabattre un peu et penser comme il faut, on t’a pas élevé pour cracher dans la soupe. Les origines sociales, c’est comme les maladies honteuses, ça se soigne. On a ouvert une maison de tolérance pour te purger les idées noires, va voir la faiseuse d’anges du PS, elle s’occupera de ton cas. On n’a pas inventé Noël pour accoucher de révolutionnaires, nom de Dieu ! "
Merde à la petite voix
Le Concombre masqué
Un "Billet d’Humeur" des Mots-Tocsin -http://motstocsin.autonomie.org/