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Italie : La police a découvert une liste de 350 personnalités compromises par un entrepreneur

Publie le mercredi 19 mai 2010 par Open-Publishing

Un nouveau scandale de corruption ébranle l’Italie : sur l’ordinateur d’un industriel du bâtiment, la Garde des finances a découvert une liste de 350 personnalités qui auraient bénéficié d’avantages substantiels en échange de leur appui pour obtenir des marchés publics. Grands commis de l’État, responsables d’adjudications, généraux de la Garde des finances, et même un ministre et des hommes politiques sont impliqués.

Le ministre Claudio Scajola (Développement économique), fondateur de Forza Italia avec Silvio Berlusconi, a été contraint de démissionner la semaine dernière, après avoir longtemps résisté. Il n’a pu expliquer comment un splendide appartement avec vue sur le Colisée acheté 600 000 euros en 2004 -une somme dérisoire- a pu être financé en sous-main à hauteur d’un million d’euros. C’est pourtant le montant de 80 chèques de 12 500 euros prélevés sur une agence romaine de la Deutsche Bank et versés par un architecte servant de prête-nom, aujourd’hui en prison. Claudio Scajola, à l’époque ministre des Réformes, affirme tout ignorer de ce versement. Il a refusé de répondre à la convocation d’un tribunal.

Autre personnage dans l’œil du cyclone : Ercole Incalza, bras droit du ministre des Infrastructures Altero Matteoli. Il aurait reçu du même architecte huit millions d’euros pour acheter une villa.

Musée du sport

Les soupçons se portent également sur l’ancien ministre des Travaux publics, Pietro Lunardi, qui se défend d’avoir empoché des pots-de-vin. Mêmes dénégations véhémentes de plusieurs autres personnalités : le vice-président du Conseil supérieur de la magistrature, Nicola Mancino, l’ancien trésorier-payeur général, Andrea Monorchio, un juge de la Cour constitutionnelle, le directeur général de la RAI, Mauro Masi, un administrateur des chemins de fer et les cinéastes Pupi Avati et Andrea Occhipinti.

Leurs noms figurent sur la liste retrouvée dans l’ordinateur de Diego Anemone. Cet entrepreneur romain de 39 ans dirige une petite société de construction employant vingt-six salariés.

Cela ne l’a pas empêché d’avoir suffisamment d’entregent pour obtenir des contrats mirifiques à la pelle : aménagement du site de la Maddalena, en Sardaigne (123 millions d’euros) pour le G8 de 1989, ensuite déplacé à L’Aquila, création à Rome de bassins pour les Championnats du monde de natation, d’un Musée du sport, d’un nouveau central de tennis au Foro Olimpico, réfection de l’aéroport de Pérouse, de prisons, de bâtiments universitaires appartenant à l’Église.

Il avait même exécuté des travaux au Palais Chigi (le Matignon italien), où il refit une chambre et les cuisines, ainsi qu’aux ministères du Trésor, de l’Intérieur, au siège de Forza Italia, au Palais des congrès. Le Quirinal paraît être le seul édifice de l’État où il n’a pas travaillé.

Ce trafic durait depuis 2002. Anemone corrompait ses interlocuteurs en leur achetant ou en restaurant des appartements et en les remplissant de petits cadeaux comme téléphones portables, voitures, vacances payées.

Il allait même jusqu’à leur assurer des prestations sexuelles avec escortes de masseuses : le patron de la Protection civile, Guido Bertolaso, en aurait profité. Le président du Conseil supérieur des travaux publics, Antonio Balducci, a été arrêté en même temps que lui en février dernier, comme complice direct.

L’entrepreneur a été libéré mardi après avoir passé trois mois sous les verrous. Le leader du Parti démocrate Pierluigi Bersani dénonce l’extension systématique des procédures d’urgence dans l’adjudication des grands travaux : « cela permet de contourner les contrôles prévus par les directives communautaires ».

http://www.lefigaro.fr/international/2010/05/13/01003-20100513ARTFIG00588-un-nouveau-scandale-de-corruption-secoue-l-italie.php