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Je vends un rein et de la moelle osseuse pour raison économique

Publie le mercredi 29 avril 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

La Libre.be

Les ventes d’organes prolifèrent
François Musseau

Mis en ligne le 28/04/2009

En détresse financière, des Espagnols vendent leurs reins, poumons, moelle osseuse La crise accentue encore le phénomène illégal. Qui touche l’Espagne en raison de l’efficacité de son système de transplantation et du manque de donneurs.

Je vends un rein et de la moelle osseuse en raison de nécessités économiques. Prix : 40000 euros. Ablitas, en Navarre." Un autre : "Trente ans, en bonne santé. Ni fumeur ni buveur. Groupe sanguin O +. Je vends un rein car je suis au bord du gouffre financier. 46000 euros. Valence". Des annonces de ce genre, on en trouve à la pelle sur www.habitamos.com, un portail Internet d’achats-ventes entre particuliers. Sans surprise, toutes nos tentatives de contacter le "vendeur" par mail s’avèrent infructueuses. Sur le même site, un Basque de 35 ans, "jouissant d’une excellente santé" et "vendant un rein, de groupe AB +", est l’un des rares à donner son portable. Mais, dès qu’il apprend qu’il a affaire à un journaliste, il raccroche.

C’est l’une des principales associations de consommateurs en Espagne, la Facua, qui a tiré la sonnette d’alarme. Alors que la crise s’abat avec une extrême virulence sur l’Espagne, des personnes désespérées en viennent à monnayer leurs organes : des reins, surtout, mais aussi de la moelle osseuse ou des poumons. Parmi les vendeurs, des immigrés latino-américains mais, en majorité, ce sont des Espagnols de souche qui ont été identifiés. La Facua a détecté une trentaine d’annonces de vente d’organes, sur 13 sites différents. Elle en a informé le ministère de la Santé. Depuis 1999, la législation punit non seulement la vente et l’achat d’organes, mais aussi toute publicité liée à ce type de trafic. "On s’est mis à chercher pendant deux trois jours", confie Ruben Sanchez, de la Facua, "mais si nous y avions passé plus de temps, c’est par dizaines qu’apparaîtraient ces annonces qui font froid dans le dos."

La crise économique aurait fortement accentué le phénomène. Les autorités judiciaires pronostiquent 75 000 cas d’offres d’organes cette année. "Ceux qui en arrivent à de telles extrémités sont en pleine détresse", poursuit Ruben Sanchez. "Ils ont perdu leur emploi, ils ont fait faillite ou ne peuvent plus faire face à leurs dettes." Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 10 pc des transplantations d’organes font l’objet de commerce illicite. Ce qui surprend, c’est de voir ceux qui font du négoce de leurs organes se multiplier en Espagne, une des puissances économiques de l’UE. Les cas habituels, qui font l’objet de plaintes réitérées de l’OMS, ont lieu au Pérou, en Chine, en Inde, au Pakistan, etc... Autant de pays où de riches "demandeurs" se rendent pour s’y faire opérer, le plus souvent par le biais de groupes mafieux.

L’Espagne fait partie des pays les plus généreux du globe ­ concernant le don d’organes - 34 dons par million d’habitants, le double de la moyenne communautaire. Elle bénéficie d’un des systèmes de transplantation les mieux organisés et efficaces, comme a pu s’en faire l’écho le film de Pedro Almodovar, "Tout sur ma mère". Il n’empêche : même ici, la disponibilité d’organes pour effectuer toutes les greffes sollicitées demeure très insuffisante. Selon l’ONT, environ 5 000 Espagnols - ils sont 62 000 dans toute l’Europe - attendent un organe pour leur survie.

Messages

  • Ben, ils appliquent à la lettre le rêve des ultra-libéraux comme Sarko, à savoir que tout doit être ouvert à la "marchandisation", même le "don d’organes" qui devient un trafic juteux, accéléré par ces temps de crise ! C’est affreux !

  • Et quand "on" vous prend vos organes...même si mort s’ensuit ? ce n’est pas de la fiction malheureusement !

    François Salvaing a écrit là dessus "Une vie de rechange"...( greffe d’organes et classes sociales...!!!)

    Il faut parler de la nécessité
     des greffes ...
     du DON Obligatoire en ce domaine .

    Le sénateur Callaivet avait proposé une Loi très bien:si l’on n’avait pas manifesté de refus(écrit) de son vivant, le prélèvement d’organes et tissus était autorisé...car ce n’est pas dans la douleur d’un deuil (brutal le plus souvent) que les proches de l’éventuel(le) donneur(e) sont à même de décider... c’est valable pour nous tou(te)s.(même pour les militant(e)s en ce domaine,il faut le savoir).

    Le mieux est quand même de faire un "testament" en ce domaine aussi (comme en celui du Droit de mourir dans la Dignité).

    La Pauvreté et(pire) la Misère ne sont pas compatibles avec la Dignité...(du fait des non-pauvres,bien sûr)