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L’EMIGRATION : Un fléau contemporain ?

Publie le samedi 19 août 2006 par Open-Publishing
7 commentaires

de ELSA CLARO

Il est vraisemblable qu’un britannique, un français ou un belge, ne considère pas comme immigrants les contingents énormes de leurs ancêtres qui sont partis vers d’autres terres comme fonctionnaires de leurs gouvernements ou pour gagner leur vie de mille façons. Mais ils l’étaient bel et bien. Ils se sont installés dans des territoires lointains, en enlevant aux autochtones leur autonomie et leurs richesses.

Ces pays, privés d’un développement normal et exploités par le remplaçant des colonisateurs, leurs multinationales, et par différents instruments financiers, sont les principaux pourvoyeurs d’émigrants qui viennent s’installer dans les anciennes métropoles, pour trouver du travail ou fuir les guerres. Les liens culturels et linguistiques influent sur leur pays d’élection.

Dans les années 80 la Grande-Bretagne a reçu quelque 50 000 immigrants par an en provenance de pays qui, comme l’Inde, ont été colonisés par Londres. Leur nombre s’est élevé ensuite jusqu’à 160 000. D’autres nations subissent le même phénomène car plus la pauvreté augmente plus s’élève le nombre de ceux qui cherchent à gagner leur vie ailleurs.

On a enregistré voici peu une vague d’émigration vers différents endroits du vieux continent. La mort de trois personnes qui tentaient de franchir la clôture de Melilla, (elle sépare l’Espagne du Maroc), a remis sur le tapis les éternelles réflexions concernant l’émigration. A la fin 2005 dans la même région, il y a eu comme un assaut massif d’africains du sud Sahara. La peur provoquée par leur vulnérabilité du moment, a incité l’Union Européenne à parler de plans de développement et d’aide pour le continent oublié.

A l’exception d’une troisième palissade, déjà presque terminée, au même endroit où des milliers et des milliers de désespérés tentent d’obtenir une vie meilleure, le reste des projets annoncés est resté à moitié lettre morte. Au moins jusqu’à ce jour, les décisions pour s’attaquer à la pauvreté afin d’empêcher des exordes massifs, sont restés des effets d’annonce. C’est pourquoi lors des derniers mois plus de 7 400 africains ont débarqué dans les Canaries, un nombre cinq fois supérieur à celui de 2005. En seulement trois jours, 252 personnes sont arrivées dans des pirogues, en provenance de Guinée Bissau.

Les autorités espagnoles ont soutenu des conversations avec 10 pays africains d’où sont originaires la plupart des sans papiers, mais leurs situations économiques ne leur permettent pas de faire grand-chose.

Ces phénomènes migratoires entraînent aussi les pires réactions. Selon le Bureau des statistiques du vieux continent, une bonne partie des Européens n’éprouvent pas une grande sympathie envers les émigrés. Ils pensent qu’ils vont leur enlever leurs emplois à un moment où le taux de chômage est élevé et grande la précarité de l’emploi car ils s’échinent à trouver n’importe quel emploi pour survivre.

La droite instrumentalise ces peurs et les utilise pour attirer des électeurs. La majorité d’entre eux s’invente de tels « arguments », mais il est démontré que les émigrés accomplissent des travaux pénibles que les autochtones refusent de faire.

Paradoxalement on a émigré et on continue d’émigrer d’Europe et des Etats-Unis. L’Espagne n’est plus depuis longtemps « l’empire où le soleil ne se couche jamais ». Des circonstances économiques ont provoqué d’importants flux humains. Dans les années 50 et 60 des exordes massifs ont eu lieu.

Il se passe la même chose dans d’autres pays. Aujourd’hui 100 000 britanniques sont à la recherchent d’un travail plus rémunérateur ou plus intéressant à l’étranger, alors qu’en même temps il profite de médecins et d’autres spécialistes africains ou de l’Inde, de l’est et du centre de l’Europe.

Les flux Nord-Nord sont considérés comme normaux. Ceux qui attirent l’attention sont ceux qui proviennent du tiers monde. Ne serait-ce pas, me dis-je, parce que certains voyagent en avion et d’autres comme ils peuvent. Les paradoxes sont nombreux. Aucun n’est comparable à celui qui consiste pour chaque pays ou ceux qui font partie d’unions tel que l’UE, à se blinder en faisant des lois pour interdire aux étrangers d’entrer sur leur sol. Ils agissent contre leurs intérêts car ceux qu’ils repoussent leur apportent le renouvellement démographique dont ils ont besoin.

Le vieillissement continuel provoque un rétrécissement de l’assiette des fonds de retraite créés par les salariés. Presque toutes ces nations d’accueil ont réussi à stabiliser leur population grâce aux émigrés. L’Europe a besoin de 44 millions d’étrangers avant 2050 pour atteindre l’équilibre démographique.

Un processus semblable a débuté aux Etats-Unis. Les émigrés participent à la croissance économique des Etats-Unis au point où des secteurs entiers seraient paralysés s’ils étaient renvoyés subitement, mais Bush insiste pour limiter leurs droits.

Quand on aborde le sujet presque personne rappelle que les quelque 200 millions d’étrangers qui vivent en dehors de leurs pays, génèrent une richesse de 1,67 billions d’euros (environ deux milliards de dollars) et que leur travail contribue à développer le pays où ils se trouvent et à aider le tiers monde d’où ils proviennent.

Le Mexique, par exemple, reçoit un revenu qui équivaut à celui obtenu par la vente de son pétrole. Plusieurs nations d’Amérique centrale obtiennent davantage de devises par l’envoi d’argent par les familles à l’étranger que par l’ensemble de leurs exportations. L’Inde fait partie des pays qui reçoivent le plus d’argent par le biais de leurs ressortissants qui travaillent à l’étranger.

La qualité des conditions obtenues dépend de la région géographique où ils travaillent. La plupart des Africains qui émigrent manquent de qualification, à cause d’une aide inefficace et des structures déformées laissées derrière eux par les colonisateurs.

Les émigrants du sud Sahara, sont parmi les plus pauvres et les moins préparés. Ils doivent souvent traverser plusieurs nations avant d’atteindre la frontière de l’Europe qu’est devenue l’Espagne, un lieu où l’on reste ou qui sert de base pour d’autres destinations. Traverser le détroit de Gibraltar implique l’utilisation d’embarcations précaires qui provoquent la mort de milliers de personnes chaque année.

Mais il se passe la même chose dans la Manche, qui sépare le Royaume Uni de la France.

Les bateaux heurtent les canots pneumatiques, l’un des nombreux et dangereux moyens pour traverser l’une des zones maritimes les plus fréquentées du monde. Ceux qui parviennent à l’eurotunnel essaient de poursuivre leur chemin dans tout type de transport : en s’accrochant sous les camions ou les trains. Sur les toits ou les côtés des véhicules et en cachette, car il existe de fortes amendes. Ceux qui mettent ainsi leur vie en péril proviennent des anciennes colonies françaises ou britanniques.

Rien n’a changé. S’ils ont dépouillé autrefois ces nations, leur ont imposé des méthodes administratives injustes et qu’ils continuent aujourd’hui à les contrôler à travers les organismes financiers internationaux (lisez le FMI ou la Banque mondiale et leurs sempiternels dettes et programmes d’ajustement) ; si en plus ils ont provoqué des différences et des ambitions démesurées, ou utilisé comme façade des individus pour sauvegarder des intérêts déjà établis, ils ne peuvent s’attendre à une résignation statique.

C’est l’un de ces volcans qui peuvent à tout moment exploser.

http://www.granma.cu/frances/2006/a...

Messages

  • Est-il possible, voire admissible de traiter des humains qui émigrent, parce qu’ils ont faim, de fléaux pour nos sociétés nanties ? Nanties parce que, reconnaissons-le au passage, nous leur "suçons bien le sang" à ces pays du Tiers-Monde, grâce à la machine ignoble du FMI et autre Banque mondiale, à tel point que tous ces pauvres viennent jusque chez leurs anciens colonisateurs, "réclamer" leur dû.
    Tôt ou tard, nous aurons à rende des comptes ! Si nous n’y mettons pas un terme à cette exploitation inommable, par la coopération juste et respectueuse (coutumes), nous aurons à en souffrir un jour. N’oubliez pas le phénomène du balancier, qui a toujours existé dans la vie des hommes.

    • et n’oublions pas que la France est le 21e pays d’europe pour le montant de ses aides au pays dits pauvre. Sous les travers de pays de droits de l’homme, le pouvoir mais aussi tous les pouvoirs en place gauche comme droite n’ont que faire de la détresse des autres pays du sud et n’ont jamais rien fais de concret.
      thierry

  • JE VIENS D’ECOUTER SUR INTERNET UN REPORTAGE SUR LE GHANA

    IL Y A 25 ANS, ILS VIVAIENT BIEN ET S’AUTO-SUFFISAIENT

    LE FMI LES A RUINES,

    CONTRAINT A PAYER LEUR EAU POTABLE, LEURS SEJOURS A L’HOSPITAL, etc...

    C’EST LE BEL AVENIR QUE NOUS CONCOCTE LA MONDIALISATION

    JE COMPRENDS QUE LA JEUNESSE DE CES PAYS PREFERE RISQUER LA MORT QUE D’ACCEPTER LES CONDITIONS DE VIE QUI SERONT LES LEUR

    Michèle

    • Une fois qu’on a vu ce reportage sur le Ghana, on a tout compris. Autrement dit, on voit comment les pays du Tiers-Monde se sont faits avoir par le FMI, alors qu’ils s’autosuffisaient. On peut voir également des occidentaux se baigner dans leur piscine, dans une eau limpide et propre, pendant qu’à quelques km de là, des femmes et des enfants vont se chercher à la mare, de l’eau croupie et dangereuse pour leur santé. Ces occidentaux ont retourné la terre arable des champs, parce qu’ils cherchaient de l’or. Aujourd’hui les paysans de ce pays ne peuvent plus cultiver les terres qui sont devenues stériles. Voir des occidentaux pavoiser, contents de leur sort, pendant que la population de ce pays crève la dalle, ça me débecte trop.

  • LES "MAITRES DU MONDE"

    ont décidé qu’il y avait trop de monde sur la planête

    et que c’était à eux de trouver la solution de la SURPOPULATION"

    En conséquence, la vie humaine a perdu de sa valeur, d’autant plus qu’ils en ont de moins en moins besoin pour travailler

    Donc, pas de bouche inutile !

    Poussons les gens à la clochardisation

    Et notre tour me semble en bonne voie...

    Michèle

  • il est vrai que l’immigration "sauvage" est un problème aussi bien pour l’immigrant que pour le pays d’accueil et qu’il vaudrait mieux que tout cela soit mieux organisé.
    mais des intérets comme le FMI, l’OMC, la banque mondiale, etc... (qui sont dirigés par les usa) passent avant les hommes du tiers monde, dont nous seront bientôt les nouveaux acteurs, puisqu’il n’y a plus assez de cotisants en europe.
    tant que les citoyens n’obligeront pas les politiques à régler de manière humaine ces problèmes il n’y aura pas de solutions.
    qui soutient les dictateurs en afrique et ailleurs, surement pas le métalo de chez peugeot ou l’ouvrier chinois au fond de son atelier de misère.
    qui tire des dividendes de la misère ???
    qui fait des lois qui favorisent les plus riches et appauvrissent les plus pauvres ???
    à qui rapporte les guerres ???
    qui spécule sur les matières premières ???
    à qui rapporte le traitement de maladies qui apparaissent dans les pays pauvres ???
    il faut arrêter de traiter de racistes les européens dont le niveau de vie ne cesse de se détériorer et dont les gouvernants se fichent royalement.
    il faut se rappeler que plus la moitié des français n’est pas imposable sur ses revenus, par manque de revenus suffisants.
    il faut se rappeler que les restos du coeur existent depuis vingt ans et s’amplifient.
    il faut se rappeler que le nombre de "SDF" explose.
    quelle réaction aurait les dirigeants des pays d’où viennent ces malheureux si nos pauvres allaient chez eux.
    la misère économique n’est pas à sens unique.
    il faut éviter de caricaturer et de montrer les pauvres des autres du doigt.
    et d’ailleurs qui en parle ???
    toutes ces réactions sont diffusées par la presse qui appartient aux marchands de canons.
    tous ces articles sont l’opinion de gens établis, et qui peuvent exprimer leurs points de vue conservateurs.
    la dégradation de l’économie ne peut toucher que les nantis, les SDF n’ont pas d’actions boursières, et l’immigration ne va pas leur enlever le travail qu’ils n’ont pas.
    ce week end Sigolène Royal à propos de l’immigration a dit que les immigrés venaient faire le travail que les français ne veulent pas faire. ce genre de propos était déjà en vogue sour Giscard et Barre qui ont inventé le chomage de masse.
    Madame Royal veut faire de la peine à Le Pen en lui piquant son électorat, comme fait déjà le petit Nicolas.
    Monsieur Bayrou va se sentir seul au centre si tout le monde part aux extrèmes.

  • Y aurait-il un certain equilibre entre les français qui quittent la France pour aller vivre à l’etranger (pays du maghreb,Asie,USA,...) et l’immmigration que subit la France alors que ces voisins ont eux regularisé quelques centaines de milliers de personne sans pour autant faire baisser l’economie au contraire à valoriser les personnes et enrichir le pays en question pour une diversité de culture.