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LE MOUVEMENT SOCIAL RECHAUFFE LES COEURS !

Publie le mercredi 21 novembre 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

LE MOUVEMENT SOCIAL RECHAUFFE LES COEURS !

Les mouvements sociaux - au sens de grèves et manifestations - permettent de ressouder les couches populaires contre les élites et les grands possédants. Cela crée des liens positifs mais cela ne se fait jamais aisément. Il y a de la résistance, pas seulement du patronat ou de la bourgoisie. En ces occasions les idées d’extrême droite reculent. La démocratie directe se développe.

Les acteurs des luttes de résistance à la fragmentation populaire et à la régression sociale sont depuis plusieurs années les fonctionnaires de base (catégories C, B et A mais assez peu les A+) et les étudiants. D’autres petites fractions du peuple se mettent en action mais sans grand potentiel de dépassement des revendications du groupe. Il en va différemment des fonctionnaires et des étudiants. La grève est souvent décidé pour des motifs strictemment professionnels mais la dynamique des luttes crée un élargissement revendicatif. La conjonction des luttes donne de l’air, réactive les solidarités, lesquelles permettent de sortir du repli individualiste (ma carrière) et de la conscience misérabiliste (je suis pas privilégié mais presque).

 CONTRE LE MISERABILISME

Le misérabilisme, c’est croire qu’il n’y a que les chômeurs et les précaires qui subissent sévèrement les politiques de flexibilisation et de marchandisation de la force de travail et en conséquence ne proposer que des mesures minimales de « filet de protection ». Le "civilisationnel" libéral ou social-libéral toujours à la baisse quand il n’y a pas de rapports de force contraire. Les autres, les « inclus », n’auraient pas à se plaindre. Mieux ils seraient pour certains d’entre eux des « privilégiés ». Le patronat abonde par intérêt évident dans cette division entre « exclus » et « inclus », entre salariés du privé et salariés du public. La vision statique est celle qui nous est diffusé dans les médias.

Mais à ne voir que les différences de catégories on fait l’impasse sur les dynamiques communes qui sont à la racine de ces processus de désaffiliation et d’exploitation de la force de travail. Ces dynamiques négatives sont pour certaines vieilles comme le capitalisme mais d’autres sont relativement récentes : elles se sont particulièrement développées depuis plus de 20 ans.

 LE STATUT POUR TOUS ET LE SERVICE PUBLIC PARTOUT

Il est exact que le statut du fonctionnaire a permis d’extraire la force de travail de son statut de vulgaire marchandise (beaucoup plus que le code du travail pour le privé). Mais alors nous devrions en être heureux et promouvoir tant que faire se peut ce modèle relativement « civilisé » de protection à l’ensemble des travailleurs salariés. Cette dynamique positive a existé. Elle est aujourd’hui à contre-courant. Nous reculons vers le capitalisme du XIX ième siècle.

Le service public et le statut des fonctionnaires que nous avons connu en France depuis 1946 a formé un « modèle social » progressiste qui a longtemps servi d’étalon aux travailleurs du privé pour améliorer leur conditions de travail. Le service public travaillait à la satisfaction des besoins sociaux de la population hors référence marchande et les fonctionnaires disposaient d’un statut permettant des conditions de travail relativement « civilisées ». Sans doute ne faut-il pas porter au pinacle ni le service public - qui rapidement a pu être perverti par les logiques marchandes -, ni le statut des fonctionnaires – qui n’a jamais intégré les résidents étrangers durablement installés sur le territoire. Face au bloc soviétique le capital devait lâcher des concessions mais pas question de changer radicalement de logique !

 CONTRE LA SOUMISSION

Toujours est-il que cette époque est révolue. D’abord les socialistes des années 83 oublièrent les rapports sociaux antagoniques entre le capital et le travail pour faire l’apologie de l’entreprise-communauté. Dans le même temps de nombreux juristes universitaires se mirent à dénigrer les services publics (ils parlèrent de « crise du service public »). Dans la foulée des hommes politiques de gauche comme de droite ainsi que de haut fonctionnaires se mirent à « moderniser » l’Etat. La modernisation s’effectue, on le sait, toujours dans le même sens : moins de fonctionnaires, moins de garanties statutaires, plus de contractualisation, plus de « souplesses », plus d’objectifs de rentabilité et de performance, et surtout plus d’individualisation. En 25 ans le public a largement copié le privé. Là encore on va vers un monde "sauvage" de prédateurs ou "l’homme est un loup pour l’homme". Pour autant, pour les dirigeants politiques à la botte du MEDEF cela ne saurait suffire : il faut aller toujours plus loin dans le sens de la dégradation des conditions de travail. Et ce qui sert de modèle c’est désormais les secteurs les plus flexibles, les plus soumis, les plus exploités. Car la rentabilité du capital investi oblige de plus en plus à la formation d’une force de travail soumise.

Et trop de soumission génère de la tristesse, de la mal-vie… La rentabilité économique est le nouveau fétiche devant qui les humains doivent s’agenouiller sans discuter. Beaucoup en crèvent et celles et ceux qui supportent mieux la charge un temps ne sont pas dupes même si certains se gaussent et en profitent pour vendre plus cher leur capacité de travail. La guerre interne à l’entreprise est mondiale et féroce. Elle produit le gonflement de l’armée de réserve qui sert si bien à la mise en concurrence des travailleurs salarié et la dégradation générale des conditions de travail et de vie.

 CONTRE LES INEGALITES... CONTINUONS LE MOUVEMENT !

Dans ce cadre ce n’est pas le partage des richesses qui s’opère mais le partage de la misère entre les différentes couches du peuple. Ceux d’en-haut - la bourgeoisie - en profitent sur notre dos ! Ce sont les seuls gagnants.

Pour ce faire les syndicalistes doivent se faire les serviteurs du mouvement. Tout le contraire de l’enterrement, stylo spécial négociation en main !

Christian DELARUE
CGT Finances

1 De la libération laborale sur :
http://www.passerellesud.org
http://www.local.attac.org/35/DE-LA-LIBERATION-LABORALE

2 La réforme de la notation dans les administrations ; Du chacun pour soi à l’aggravation des conditions de travail
https://bellaciao.org/fr//?page=article&id_article=31219
http://www.local.attac.org/35/4-LA-REFORME-DE-LA-NOTATION-DANS

3 La mise en concurrence des compétences ou les dévoiements de la reconnaissance libérale
http://www.france.attac.org/spip.php?article6574

4 Pour un statut comme "bien commun" du salariat résident
 http://www.local.attac.org/35/2-POU...

5 PARTIR DES CONTRADICTIONS REELLES DES TRAVAILLEURS ET AVANCER
http://www.bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=52701

Messages

  • C DELARUE élude deux choses dans son article pertinant et synthétique : 1) la question de la détermination des classes sociales mais il a raison. 2) La question des profs critiques "bourdieusiens" ou marxistes à la fac qui n’est pas anodine. Tant que la fac sera "l’intellect organique" du capital, le micro appareil d’Etat dans l’Etat on aura du mal !

    Pascal

    • Bourdieu n’est guère apprécié en fac quoique bcp plus que Marx. Pour Marx on a fait un tri entre le Marx scientifique et le Marx militant communiste. Par exemple, Jean BAUDOUIN (Science po Rennes) distingue dans son "introductiuon à la science politique" (une édition très ancienne) déterminisme et utopisme dans une partie intitulée "Marxisme et messianisme" alors qu’une autre partie intitulée "Vers une laïcisation du marxisme" fait état de "l’épuisement de la dimension prophétique" pour passer ensuite à "la réhabilitation de la dimension sociologique".

      Marx est un théoricien de la contradiction. C’est d’elle que nait le mouvement d’abolition de la borgeoisie et d’émancipation du salariat. Bourdieu lui est (était) un sociologue de la domination. Les salariat incorpore la domination, les femmes idem. Certes, il faut lutter contre la/les dominations mais en gauchiste par résistance. C’est une nécessité mais on lutte sans espoir car on en sort pas. Il n’y a pas d’autre monde. Aujourd’hui, face à certaines impasses théoriques on lui adjoint Rancière. Je viens de lire le bouquin de Charlotte Nordmann intitulé "BOURDIEU/RANCIERE : La politique entre sociologie et philosophie" : elles propose de croiser Bourdieuu et Rancière pour penser l’émancipation. S’agit-t-il pour le salariat de s’émanciper de la bourgeoisie ? Non. Rien n’est ici penser. Rien

      Christian DELARUE