La cour des comptes et les costumes d’Estrosi

Les magistrats s’interrogent sur 40.000 euros de dépenses, dont 14.000 euros de blanchisserie (*).

"Monsieur le ministre, vous avez oublié de régler votre note de blanchisserie !" C’est en substance, le rappel à l’ordre que Christian Estrosi a reçu cette semaine du ministère de l’Intérieur. En arrivant Place Beauvau, Claude Guéant a trouvé sur son bureau un prérapport de la Cour des comptes. Plus exactement, "un relevé de constatations provisoires sur la gestion du ministère de l’Outre-Mer". Dans ce rapport d’étape, sont inventoriées quelque 40.000 euros de dépenses litigieuses, dont 14.000 euros de frais de teinturerie (*), qui auraient été effectuées entre juin 2007 et mars 2008 par le ministère de l’Outre-Mer pour le compte de l’actuel maire de Nice alors en charge des DOM-TOM.

Sarkozy a déjà remboursé 14.000 euros de frais personnels

"J’ai effectivement été contacté, il y a deux jours, par les services du ministère de l’Intérieur, explique au JDD, Christian Estrosi. Il paraît, après vérification, que je devrais au ministère 4.000 euros de frais que l’on aurait oublié de me réclamer à l’époque. C’est un problème d’imputation comptable. Dès que l’on me présentera les factures en question, je ferai immédiatement un chèque". Le dossier promet encore plusieurs échanges de courriers entre l’administration et les magistrats indépendants de la Cour des comptes qui ne sont pas toujours d’accord sur la frontière entre vie professionnelle et vie privée. Christian Estrosi, qui a déjà dû se justifier sur un dispendieux retour des États-Unis en avion et une suspicion de double appartement lorsqu’il était à Bercy, prend l’affaire très au sérieux : "Ce sont des documents confidentiels, rappelle le maire de Nice, rien n’est définitivement établi, je ne suis même pas au courant précisément des achats en question…"

En l’espèce, les magistrats doutent du caractère ministériel de certaines notes de teinturerie et de… certains déplacements en avion entre Paris et Nice. "Certains de ces voyages lui avaient été imputés par erreur", se défend un des collaborateurs d’Estrosi. "Le ministre va pouvoir justifier tous les autres, poursuit-il. Il avait notamment une “mission mer” qui nécessitait de nombreux déplacements". En février dernier, François Fillon a signé un décret qui fixe précisément les conditions de prise en charge des voyages ministériels : "Les déplacements des membres du gouvernement pris en charge par l’État sont, à l’exception de tout autre, ceux réalisés au titre de leurs fonctions ministérielles ou, dans la limite d’un déplacement par semaine, pour concilier l’exercice de ces fonctions avec celui d’un mandat électif ou se rendre dans la circonscription où ils sont temporairement remplacés conformément à l’article 25 de la Constitution", précise le texte. Nicolas Sarkozy, premier président de la République a avoir accepté que les comptes de l’Élysée soient contrôlés par la Cour des comptes a donné le ton. En 2008, il a remboursé 14.000 euros de frais personnels pris en charge par la présidence de la République…

(*) Christian Estrosi précise : "Le chiffre de 14.000 euros de frais de blanchisserie est inexact. Les magistrats ont relevé en réalité un montant total de factures pour ce poste de 7.600 euros en 2007 dont 4.600 euros imputés aux dépenses de cabinet du ministre à la rubrique ’frais de représentation’".

http://www.lejdd.fr/Politique/Actualite/La-cour-des-comptes-se-pose-des-questions-sur-les-depenses-de-Christian-Estrosi-293731/