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" La crise actuelle durera au moins jusqu’à la fin 2010. "
Publie le samedi 20 décembre 2008 par Open-Publishing7 commentaires
Pour info : LEAP/E2020 signifie « Laboratoire Européen d’Anticipation Politique / Europe 2020 ». C’est une entreprise de prospective.
LEAP/E2020 estime que la crise systémique globale connaîtra en Mars 2009 un nouveau point d’inflexion d’une importance analogue à celui de Septembre 2008. Notre équipe considère en effet que cette période de l’année 2009 va être caractérisée par une prise de conscience générale de l’existence de trois processus déstabilisateurs majeurs de l’économie mondiale, à savoir :
1-. la prise de conscience de la longue durée de la crise
2-. l’explosion du chômage dans le monde entier
3-. le risque d’effondrement brutal de l’ensemble des systèmes de pension par capitalisation.
Ce point d’inflexion sera ainsi caractérisé par un ensemble de facteurs psychologiques, à savoir la perception générale par les opinions publiques en Europe, en Amérique et en Asie que la crise en cours a échappé au contrôle de toute autorité publique, nationale ou internationale, qu’elle affecte sévèrement toutes les régions du monde même si certaines sont plus affectées que d’autres, qu’elle touche directement des centaines de millions de personnes dans le monde « développé », et qu’elle ne fait qu’empirer au fur et à mesure où les conséquences se font sentir dans l’économie réelle.
Les gouvernements nationaux et les institutions internationales n’ont plus qu’un trimestre pour se préparer à cette situation qui est potentiellement porteuse d’un risque majeur de chaos social. Les pays les moins bien équipés pour gérer socialement la montée rapide du chômage et le risque croissant sur les retraites seront les plus déstabilisés par cette prise de conscience des opinions publiques.
Dans ce GEAB N°30, l’équipe de LEAP/E2020 détaille ces trois processus déstabilisateurs (dont deux sont présentés dans ce communiqué public) et présente ses recommandations pour faire face à cette montée des risques. Par ailleurs, ce numéro est aussi comme chaque année l’occasion d’une évaluation objective de la fiabilité des anticipations de LEAP/E2020, qui permet de préciser également certains aspects méthodologiques du processus d’analyse que nous mettons en œuvre. En 2008, le taux de réussite de LEAP/E2020 est de 80 %, avec une pointe à 86 % pour les anticipations strictement socio-économiques. Pour une année de bouleversements majeurs, c’est un résultat dont nous sommes fiers.
La crise durera au moins jusqu’à la fin 2010.
Comme nous l’avons détaillé dans le GEAB N°28, la crise affectera de manière diversifiée les différentes régions du monde. Cependant, et LEAP/E2020 souhaite être très clair sur ce point, contrairement aux discours actuels des mêmes experts qui niaient l’existence d’une crise en gestation il y a trois ans, qui niaient qu’elle soit globale il y a 2 ans et qui niaient il y a seulement six mois qu’elle soit systémique, nous anticipons une durée minimale de trois ans pour cette phase de décantation de la crise [1].
Elle ne sera ni terminée au printemps 2009, ni à l’été 2009, ni au début 2010. C’est seulement vers la fin 2010 que la situation commencera à se stabiliser et s’améliorer un peu dans certaines régions du monde, à savoir l’Asie et la zone Euro, ainsi que pour les pays producteurs de matières premières énergétiques, minérales ou alimentaires [2].
Ailleurs, elle continuera. En particulier aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, et dans les pays les plus liés à ces économies, où elle s’inscrit dans une logique décennale. C’est seulement vers 2018 que ces pays peuvent envisager un retour réel de la croissance.
Par ailleurs, il ne faut pas imaginer que l’amélioration de la fin 2010 marquera un retour à une croissance forte. La convalescence sera longue ; par exemple, les bourses mettront également une décennie à revenir aux niveaux de l’année 2007, si elles y reviennent un jour. Il faut se souvenir que Wall Street mit 20 ans à revenir à ses niveaux de la fin des années 1920. Or, selon LEAP/E2020 cette crise est plus profonde et durable que celle des années 1930.
Cette prise de conscience de la longue durée de la crise va progressivement se faire jour dans les opinions publiques au cours du trimestre à venir. Et elle déclenchera immédiatement deux phénomènes porteurs d’instabilité socio-économique : la peur panique du lendemain et la critique renforcée des dirigeants du pays.
Le risque d’effondrement brutal de l’ensemble des systèmes de pension par capitalisation.
Enfin, dans le cadre des conséquences de la crise qui affecteront directement des dizaines de millions de personnes aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, au Japon, aux Pays-Bas et au Danemark en particulier [3], il faut intégrer le fait qu’à partir de cette fin d’année 2008 vont se multiplier les nouvelles concernant les pertes massives des organismes gérant les actifs censés financer ces retraites. L’OCDE estime à 4.000 milliards USD les pertes des fonds de pension pour la seule année 2008 [4].
Aux Pays-Bas [5] comme au Royaume-Uni [6], les organes de surveillance des fonds de pension viennent de lancer des cris d’alarme demandant en urgence un accroissement des cotisations obligatoires et une intervention de l’Etat.
Aux Etats-Unis, ce sont des annonces multiples d’augmentation des contributions et de diminution des versements qui sont émises à un rythme croissant [7].
Et c’est seulement dans les semaines à venir que nombre de fonds vont pouvoir faire réellement le décompte de ce qu’ils ont perdu [8].
Beaucoup s’illusionnent encore sur leur capacité à reconstituer leur capital à l’occasion d’une prochaine sortie de crise. En Mars 2009, quand gestionnaires de fonds de pension, retraités et gouvernements vont simultanément prendre conscience que la crise va durer, qu’elle va coïncider avec l’arrivée massive des « baby-boomers » à la retraite et que les bourses ont peu de chance de retrouver avant de longues années leurs niveaux de 2007 [9], le chaos va s’installer dans ce secteur et les gouvernements vont se rapprocher de plus en plus de l’obligation d’intervenir pour nationaliser tous ces fonds. L’Argentine, qui a pris cette décision il y a quelques mois apparaîtra alors comme un précurseur.
Ces tendances sont toutes déjà en cours. Leur conjonction et la prise de conscience par les opinions publiques des conséquences qu’elles entraînent constituera le grand choc psychologique mondial du printemps 2009, à savoir que nous sommes tous plongés dans une crise pire que celle de 1929 ; et qu’il n’y a pas de sortie de crise possible à court terme.
Cette évolution aura un impact décisif sur la mentalité collective mondiale des peuples et des décideurs et modifiera donc considérablement le processus de déroulement de la crise dans la période qui suivra. Avec plus de désillusions et moins de certitudes, l’instabilité socio-politique globale va s’accroître considérablement.
Notes :
[1] Il est utile de lire au sujet de cette crise une très intéressante contribution de Robert Guttmann publiée au 2ème semestre 2008 sur le site Revues.org, soutenu par la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord.
[2] D’ailleurs ce sont les matières premières qui commencent à déjà relancer le marché du transport maritime international. Source : Financial Times, 14/12/2008
[3] Puisque ce sont les pays qui ont le plus développé les systèmes de retraite par capitalisation. Voir GEAB N°23. Mais c’est aussi le cas de l’Irlande. Source : Independent, 30/11/2008
[4] Source : OCDE, 12/11/2008
[5] Source : NU.NL, 15/12/2008
[6] Source : BBC, 09/12/2008
[7] Sources : WallStreetJournal, 17/11/2008 ; Phillyburbs, 25/11/2008 ; RockyMountainNews, 19/11/2008
[8] Source : CNBC, 05/12/2008
[9] Et nous ne mentionnons même pas l’influence de l’explosion de la bulle des Bons du Trésor US qui affectera également brutalement les fonds de pension. Voir Q&A, GEAB N°30.
Messages
1. " La crise actuelle durera au moins jusqu’à la fin 2010. ", 21 décembre 2008, 00:26, par ravachnole
La crise durera tant que le capitalisme existera.
C’est la mort du libéralisme qu’il faut souhaiter.
C’est le grand capital et toutes les économies dites de marché qu’il faut faire disparaitre.
Et la bourse annihiler
Avec ses boursiers
Déposséder les notaires
Et faire taire les politichiens
2. En 2009, en France, la situation sera révolutionnaire., 21 décembre 2008, 10:22
Le LEAP avait prévu une attaque sur l’Iran...L’an dernier...Ainsi que la faillite des USA...Prospective à grands renfort de catastrophisme...Pas très sérieux, fondamentalement parce que les prospectivistes devraient employer le conditionnel.
1. En 2009, en France, la situation sera révolutionnaire., 21 décembre 2008, 11:03
Bon, tant qu’à passer pour des gugusses, faisons des cahiers de doléances et des etats generaux www.etatsgeneraux2009.fr
Dormez tranquille bourgeois, en vérité, la révolution, dans ce pays, ce sera le jour ou les gens de gauche cesseront de se dégommer les uns les autres. Non ?
2. En 2009, en France, la situation sera révolutionnaire., 21 décembre 2008, 22:01
C’est juste ! Sauf qu’il n’ y a pas que les prospectives qui tirent les sonnettes d’alarmes.
Par exemple, on sait desormais que l’économie américaine est en recession depuis un an, qu’un ancient dirigeant de Wall street escroquait en toute impunité depuis 48 ans...
Et que probalement d’autres informations sont occultées, pour cacher la gravité de la situation.
Tout ca, n’augure rien de bon !
3. En 2009, en France, la situation sera révolutionnaire., 21 décembre 2008, 11:37, par momo11
Cela fait un bout de temps que la france pourrait etre en situation révolutionnaire.Mais soeur anne vois-tu quelque chose venir ?momo11
4. " La crise actuelle durera au moins jusqu’à la fin 2010. ", 21 décembre 2008, 15:29
Ceux qui croient encore que le capitalisme a encore de beaux jours devant lui se font des illusions. Il n’y a qu’ à voir les rapports de prévisions alarmants pour les mois voire les jours qui viennent concernant la crise systémique globale pour constater que ce système est arrivé à son stade terminal et qu’il y a urgence de mettre en place une ou plusieurs alternatives. Or ce qui est consternant, c’est le déficit de propositions dans ce sens. A croire que ce système agonisant, basé sur l’égoïsme et l’égocentrisme ne laisse guère la possibilité d’imaginer autre chose pour le remplacer. Il reste à espérer que dans sa chute, les dégâts seront limités et que de nouveaux paradigmes plus viables émergeront pour le salut d’une civilisation matérialiste aveuglée par l’argent comme fin en soi.
5. " La crise actuelle durera au moins jusqu’à la fin 2010. ", 21 décembre 2008, 15:39, par Copas
Ca peut être bien pire que ce qu’on imagine pour pouvoir dater une reprise durable.
Si c’est vraiment à l’exemple de 29, alors il a fallu un new deal et une guerre mondiale qui a effacé des dizaines de millions de personnes de la planète, recomposé les frontières de dizaines d’états, produit de gigantesques déplacements de populations, des régimes dictatoriaux pires que tout ce qui avait été connu avant.
Le prix payé par la crise du capitalisme et son désir délirant de se reproduire quel qu’en soit le prix a été monstrueux en 1929.
Le moins qu’on puisse dire c’est que même pour la première marche de l’escalier, augmenter massivement les salaires et imposer très durement le capital , se doter d’instruments publics d’intervention (en matière de prêts par exemple pour les travailleurs), etc...
Ce qui fait le caractère explosif pire que 1929 c’est que l’idéologie et surtout la pratique concrète de la quasi-totalité des dirigeants bourgeois est toujours marquée par une accélération de l’ultra-libéralisme et le cassage de tout instrument de régulation, le pillage débridé du bien public et des impôts pour renflouer et augmenter les fortunes bourgeoises.
Ce qui a produit le caractère puissant de la crise (insuffisance des salaires qui a amené endettement et surexploitation à très haut niveau) est en place et toujours bien en place : la poursuite du démantèlement de la poste en est un exemple .
Nous sommes partis pour une longue période de secousses terribles, qui peuvent être marquées par de violentes reprises et des effondrements soudains, des vents de panique, des affrontements.
Une seule solution dans un premier temps : La hausse radicale des salaires, et une imposition totale au dessus du revenu des 80% les plus pauvres des habitants, un revenu universel décent, la confiscation des logements spéculatifs inoccupés, etc.
Evolution de l’imposition de la tranche la plus haute aux USA dans le temps (à lire en pensant au bouclier fiscal de notre pied nickelé national ) :
1913-1915, 7%
1916 15%
1917 67%
1918 73%
1919-1921 73%
1922 -1923 56%
1924 46%
1925-1928 25%
1929 24%
1930-1931 25%
1932-1935 63%
1936-1939 79%
1940 81.1%
1941 81%
1942-1943 88%
1944-1945 94%
1946-1947 86.45%
1948-1949 82.13%
1950 84.36%
1951 91%
1952-1953 92%
1954-1963 91%
1964 77%
1965-1967 70%
1968 75.25%
1969 77%
1970 71.75%
1971-1981 70%
1982-1986 50%
1987 33%
1988-1990 28%
1991-1992 31%
1993-2000 39.6%
2001 39.1%
2002 38.6%
2003-2008 35%