Accueil > La piste d’un doux défaut grec.
Jean-Claude Vittori
Disons-le franchement : la salade grecque tourne au vinaigre. La semaine dernière, les débats sur la meilleure façon d’en finir avec la crise des finances publiques helléniques ont dépassé tout ce qui était imaginable en termes de cacophonie.
Comme dans un couple qui se déchire, on en est même venu aux menaces. Le FMI pourrait ne pas verser à Athènes les 3 milliards d’euros prévus en juin. La BCE pourrait ne plus accepter les obligations publiques grecques en garantie. Et pour faire bonne mesure, des dirigeants grecs menacent de quitter la zone euro.
Dans un tel enchevêtrement, il faut revenir aux fondamentaux. L’Etat grec a trop emprunté auprès de créanciers qui lui ont donc trop prêté. Pour éviter tout défaut, les pays de l’Union européenne ont mis en place avec le FMI un plan de sauvetage de 110 milliards d’euros, il y a un an, accompagné d’un plan d’austérité drastique. Aujourd’hui, il est clair que cette stratégie a échoué.
En récession, le pays n’aura pas de sitôt les moyens de rembourser et d’emprunter à nouveau dans des conditions normales. Il ne parvient pas à augmenter assez ses recettes fiscales, parmi les plus faibles de l’Union Européenne, et c’est normal - il faudra une décennie pour transformer la passoire des impôts grecs en un outil efficace de collecte.
Dès lors, il n’y a que deux solutions.
Soit les pays de l’Union continuent de monter des plans de sauvetage à coups de dizaines de milliards d’euros, dont il deviendra évident qu’il s’agit de fonds perdus - un choix de plus en plus difficile à défendre devant l’opinion.
Soit la dette grecque est rééchelonnée d’une manière ou d’une autre. C’est la plus mauvaise des solutions, mais elle est sans doute inévitable dans une Europe non fédérale. La question prioritaire est d’agir en faisant le moins de casse possible.
Pour éviter le pire, les banques européennes peuvent décider volontairement de renouveler leurs prêts à la Grèce quand les anciens viennent à échéance - comme « l’initiative de Vienne » prise en 2009 pour venir en aide aux pays de l’Est de l’Europe. La BCE pourrait aussi prendre sa part du fardeau, même si elle hurle à cette idée.
Reste à éviter l’implosion des banques grecques surchargées de dizaines de milliards d’euros de dette publique, ce qui demandera beaucoup d’imagination. Mais si on y arrive, la Grèce aura inventé le défaut en douceur. Une invention promise à un aussi grand succès d’exportation qu’une autre de ses inventions, la démocratie.
Jean-Marc Vittori.
http://www.lesechos.fr/opinions/edito/0201403151838-la-piste-d-un-doux-defaut-grec-170048.php
Messages
1. La piste d’un doux défaut grec., 30 mai 2011, 08:53, par µarc
reste deux autres solurtions, au moins :
1 ne pas imposer des taux usuraires
2 faire la transparence sur les dettes