La résolution 1701 de l’Onu apportera-t-elle la paix au Liban ? par Herwig Lerouge

La résolution 1701 de l’Onu apportera-t-elle la paix au Liban ?

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Ce n’est qu’après un mois de guerre et plus de 1200 morts que le Conseil de sécurité est enfin parvenu à se mettre d’accord sur un arrêt des hostilités au Liban. Durant trois semaines, la chose n’a pas été une priorité pour les États-Unis et Israël. Israël n’acceptait de mettre un terme à son agression contre le Liban que si le mouvement de résistance du Hezbollah était refoulé à au moins 30 km plus au Nord, au-delà du fleuve Litani. Le gouvernement de Tel-Aviv espérait qu’en raison de la destruction des ponts, des routes, des centrales électriques et du réseau de distribution d’eau, la population libanaise et la plupart des partis politiques allaient se retourner contre le Hezbollah et exiger bien vite la reddition de la résistance. Ce plan a échoué complètement.

168000 hommes, 300000 réservistes, un budget de 10 milliards de dollars et 2 autres milliards de dollars d’aide américaine par an malgré cela, l’armée israélienne n’a pu atteindre ses objectifs. Après quatre semaines de bombardements, après deux semaines de lourds combats terrestres au Sud-Liban, la résistance n’a pas été brisée. Israël a même subi de lourdes pertes. Le 10 août, 24 soldats israéliens ont perdu la vie.

La résistance de la population libanaise a été beaucoup plus forte qu’on ne s’y attendait. Il n’y a pas que le Hezbollah qui a pris les armes, mais également le Parti communiste libanais, le parti Amal et même le parti chrétien du général Aoun. Un sondage d’opinion organisé par un centre de recherche de Beyrouth a révélé que 87% des Libanais soutenaient la résistance.

Le gouvernement américain n’avait pas compté là-dessus non plus. L’analyste politique de poids, Charles Krauthammer, écrivait dans le Washington Post (04/08) : « L’Amérique voulait absolument une défaite du Hezbollah et elle en a d’ailleurs besoin. Les États-Unis escomptaient qu’Israël allait faire le boulot. Et ils sont aujourd’hui très déçus. »

Les USA ont donné des semaines de délai à Israël

Les États-Unis ont donné des semaines de délai à Israël pour détruire le Hezbollah et repousser la population du Sud-Liban au-delà du fleuve Litani. Ils se sont déclarés d’accord avec une résolution une fois qu’il a été évident qu’Israël était en train de perdre la guerre. Ils portent l’entière responsabilité des morts et des destructions au Liban et en Israël. Pourtant, la résolution 1701 ne dit mot de cette responsabilité.

L’arrêt des hostilités met un terme à la souffrance de la population libanaise (et israélienne). Les gens peuvent retourner dans leurs foyers, pour autant qu’il leur en reste un. Mais pour combien de temps ? La résolution appelle à un « arrêt immédiat de toutes les attaques de la part du Hezbollah et à une cessation immédiate de toutes les opérations militaires offensives de la part d’Israël ». Mais, selon Israël, l’élimination du Hezbollah est un acte de légitime défense.

Il n’a même pas fallu attendre quatre jours avant qu’Israël rompe la trêve. Dans la nuit du 18 au 19 août, des avions et hélicoptères militaires israéliens ont mené une attaque aérienne dans l’est du Liban. Le Premier ministre libanais Siniora a parlé d’une « violation directe » de la trêve et le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a lancé une mise en garde disant que de telles violations mettaient l’arrêt des combats en danger. Mais le gouvernement israélien se moque de ces protestations comme de l’an quarante. Il prétend que l’action militaire visait à « empêcher un transport militaire à destination du Hezbollah ». Avec des prétextes aussi incontrôlables, Israël peut naturellement poursuivre ses bombardements où et quand il l’entend.

En outre, la résolution invite « le gouvernement libanais à faire cesser l’afflux d’armes vers le Hezbollah ». Elle part donc du principe que la question de l’armement du Hezbollah est une affaire que le Liban doit régler lui-même. Même si ces transports d’armes sont réels, la résolution ne donne nullement le droit à Israël de reprendre ses bombardements.

Une résolution dénuée de perspective

La résolution ne dit surtout rien des causes qui font que le Moyen-Orient demeure un foyer de conflits. Cette cause est en premier lieu l’occupation par Israël des territoires palestiniens. Maintenant que les armes se taisent également au Liban, Israël va poursuivre à Gaza ses bombardements de centrales électriques et des conduites d’eau. En un mois, il a tué 177 Palestiniens, dont un grand nombre d’enfants.

Depuis des années, Israël foule impunément aux pieds toutes les résolutions de l’ONU. Cela continue à attiser la résistance dans le monde arabe. Les peuples du Moyen-Orient ne connaîtront la paix et la sécurité que lorsque l’armée israélienne se sera retirée des territoires occupés depuis 1967, quand un État palestinien aura été fondé avec Jérusalem-Est comme capitale et quand tous les réfugiés palestiniens pourront rentrer chez eux, comme le demande la résolution 194 du Conseil de sécurité des Nations unies.