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Le Monde libertaire # 1484 du 28 juin au 11 juillet 2007
Publie le jeudi 28 juin 2007 par Open-PublishingLe Monde libertaire # 1484 du 28 juin au 11 juillet 2007
Hebdomadaire de la Fédération anarchiste adhérente de l’Internationale des fédérations anarchistes
« La réduction de la durée du travail doit donc être nécessairement appliquée au détriment du profit patronal et elle ne sera certaine et définitive que si elle est l’oeuvre des ouvriers eux-mêmes. »
Fernand Pelloutier
Sommaire du Monde libertaire # 1484 du 28 juin au 11 juillet 2007 :
La tempête peut déclencher un ouragan, par Sami Chemin, page 3
La TVA sociale, par Tsinapah, page 4
Il y a soixante ans, par T. Porré, page 5
L’autruche, par F. Ladrisse, page 5
Les brèves de combat, page 6
Ondes sans frontières, par M. Rollin, page 7
Kouchner et le Darfour, par M. Lhourson, page 8
Passe ton bac d’abord, par Nathan, page 9
La BFS de Pise, par G. Carrozza, page 10
Religion et trouble intellectuel cognitif, par J. Monjot, page 11
De la misogynie grecque, par N. Potkine, page 14
Franz Kafka et les anarchistes, par P. Pasek, page 15
Antonio José Forté, par M.-D. Massoni, page 17
Se reposer ou être libre, par P. le Moko, page 18
Les Trous de mémoire (suite), par Paco, page 19
Sexyvilisation, par M. Giraud, page 20
Droits des LTGB en Europe, par P. Schindler, page 21
Radio libertaire, page 22
Agenda, page 23
Editorial :
Éditorial
Bondissant d’un plateau télé à un sommet européen, d’un siège de rafale à une inauguration, tel un crapaud, bavant au passage dans les médias à la solde des lobbies financier, M. le président, ci-devant comte de Naguy Bocsa, impose son discours autour de lui.
Qu’on allume la télé ou la radio, qu’on ouvre un journal ou un magazine, on se retrouve gavé de sondages plébiscitant l’équipe gouvernementale que ce médiagogue luminescent a mise en place. Mais que cache cette
novlangue qui semble hypnotiser nos contemporains ? Il s’agit en fait d’un double langage qui, derrière une apparence populaire, sert la soupe aux financiers et aux patrons. Prenons comme exemple l’obligation pour chaque salarié de déclarer 48 heures à l’avance son intention de participer à une grève, et le vote à bulletins secrets pour la reprise de travail qui y est associé. Sous couvert de permettre aux sociétés de transport de prévenir leurs clients (redevenus à cette occasion des usagers), c’est une atomisation des salariés, la casse de toute velléité d’action collective qui se profile. Arrêtons de rêver, la plupart des grandes sociétés de transport,
telles la SNCF ou la RATP, assujettissent déjà les organisations syndicales à un préavis de grève de beaucoup plus de 48 heures et pourraient de ce fait prévenir leurs usagers longtemps avant, ce qu’ils ne font jamais. En revanche, le fait de transformer la grève en sommes d’actions individuelles, plutôt qu’en action collective, permet de faire pression individuellement sur chaque salarié. Seules les organisations d’usagers téléguidés par les lobbies pour la privatisation des services publics peuvent se réjouir d’une telle lobotomisation du corps social. Quant au fumeux service minimum à mettre en place dans ces mêmes services publics de transport, histoire de minimiser les pertes d’heures travaillées des entreprises, cela fait déjà longtemps qu’il a été imposé à la SNCF ou à la RATP. Il s’agit bien là encore d’un leurre, et gageons que, pour ce gouvernement, nous, les pauvres rouages de l’utopie libérale que nous construisent ces messieurs, ne valons guère plus que les rats de laboratoire sur lesquels ils testent leur méthodes de manipulation mentale.
Vous ne vouliez pas de la Constitution européenne, voilà-t-y pas qu’on te la refourgue sous forme de traité ! Et, alors que l’on nous vend, à nous, l’élection au suffrage universel à la majorité de 50 % plus une voix comme parangon de la démocratie , ces princes, pour les votes européens, n’abandonnent l’unanimité que pour un vote à 55 % de leurs voix, représentant 65 % de ceux qu’ils dirigent. Gageons qu’à ce jeu-là aucun de ceux qui disent nous représenter n’aurait été élu.
Et un article en prime :
La tempête peut déclencher un ouragan
De la concertation au concert de lamentations
par Sami Chemin
PAS BESOIN d’être un météorologue confirmé pour avoir prévu que, sitôt passé le clapotis des élections législatives, une tempête durable (osons l’oxymore) allait secouer l’Hexagone. L’ironie veut que ce vent furieux né dans les officines du patronat, pour être porté ensuite par le troll de l’Elysée, soit affublé du doux vocable de « concertation ».
Conséquence : depuis quelques jours les pénitents (lire les pontes des organisations syndicales de salariés) s’assoient autour de la même table que les représentants du patronat et de leurs mandataires travestis en ministres.
Là, les grands prêtres du capital leur soufflent incontinent les paroles suivantes : nous voulons faire trimer davantage les pue-la-sueur pour moins de ronds et les licencier quand cela nous chantera. Mais comme nous sommes des esthètes de la langue française, nous appelons ça « la modernisation du marché du travail » et comme le sens de l’humour ne nous fait pas défaut non plus, le bréviaire que vous devez réciter les yeux baissés s’intitule « la réhabilitation du dialogue social ».
A ce moment-là, Thibault, Chérèque, Mailly et consorts affichent des mines consternées. Il faut dire que ces faux naïfs s’accrochaient au concept fumeux du « grain à moudre », c’est-à-dire à l’idée que malgré leur gloutonnerie Parisot et les morfales du CAC 40 leur laisseraient quelques restes d’après-banquet. Au cas (fort improbable) où la leçon ne serait pas entièrement retenue, le joggeur qui court en canard éructe dans une profusion de « JE » que l’intégralité des décisions prises par le conseil d’administration qu’il représente seront appliquées quoi qu’il arrive. Et oui César sait qu’il peut s’appuyer sur une Assemblée majoritairement à sa dévotion pour légiférer dans le sens voulu par les possédants. À ce spectacle, le leader du principal parti d’opposition en chambre, c’est-à-dire le dénommé François Hollande, serre ses petits poings et indique que la gauche combattra résolument tous les projets qu’elle jugera néfastes pour le pays… tout en ayant pris soin de déclarer il y a quelques jours : « Les urnes ont parlé, il faut respecter leur verdict », manière polie de nous enjoindre de faire le dos rond en attendant une prochaine (et hypothétique ?) alternance.
Soyons clairs, patronat et droite confondus poursuivent un objectif majeur : mater la classe ouvrière de ce pays. Pour réaliser le rêve qui les habite et anime en permanence ils se sont dotés d’une stratégie et d’outils terriblement efficaces. Ainsi, sur le plan idéologique par exemple, ils ont instillé l’idée dans un grand nombre de cerveaux, que pour gagner plus il faut travailler plus. La gauche invertébrée a objectivement concouru à la diffusion de ces métastases en répétant à satiété ses couplets sur « la nécessité de réconcilier la valeur travail et l’entreprise ».
Par un savant tour de passe-passe, la contradiction majeure du capital et du travail a été expurgée du débat ; bien pire, des leurres ont été agités sous nos yeux pour duper les travailleurs et les dresser les uns contre les autres, ainsi de la construction et de l’utilisation massive de cette image nauséeuse présentant d’un côté « ceux qui se lèvent tôt » et de l’autre « les assistés », ou bien encore de la sempiternelle stigmatisation des fonctionnaires précédée d’un sourire entendu signifiant « feignants ».
Stratégiquement le but recherché par les possédants est simple : modifier les relations de travail dans les entreprises d’une manière pérenne. Comment atteindre cet objectif ? En châtrant le droit de grève, quitte à maquiller cette volonté féroce sous les oripeaux du « service minimum » lequel viserait à sauvegarder les intérêts des usagers !
Pour mémoire observons qu’à la SNCF seulement 3 % des trains supprimés ou en retard sont imputables à des grèves. Bref, le foutage de gueule pour dissimuler la volonté de casser les reins des cheminots bat son plein, étant entendu que, si d’aventure patronat et gouvernement arrivaient à leurs fins dans le secteur des transports, dans un second temps l’ensemble des salariés des autres entreprises (privée et publiques) serait mis au pas.
Une fois le droit de grève transformé en simple chiffon de papier, cette plante vénéneuse qu’est le CNE se transformerait en « contrat unique de travail ». Faisons confiance aux promoteurs de cette trouvaille (patronat et syndicats confondus) pour nous vanter les charmes de la chose. Les premiers pouvant licencier à leur guise (la « séparabilité réciproque » comme dit Parisot), les seconds faisant l’article sur la « sécurisation des parcours professionnels ».
Exit alors des droits sociaux des salariés, en ce qu’ils offrent une relative protection d’ensemble via les conventions collectives par exemple. Le droit social, devenu « individuel », le XXIe siècle serait rattrapé par le livret du travail du XIXe.
Non nous ne noircissons pas le tableau à dessein, d’ailleurs l’actualité en cours en témoigne amplement. Le César dopé aux amphétamines du pouvoir tonne ici, fait les yeux doux là, ouvre des fronts multiples, ralentit ici pour mieux accélérer ailleurs. En clair, tactiquement il use et combine de subterfuges tantôt grossiers, tantôt élaborés ; « aller vite et fort » est son credo, leitmotiv qu’il faut lire en « démolir vite et définitivement toute opposition à l’ordre capitaliste ».
Patronat et gouvernement ont déclenché une tempête pour mettre à genoux les travailleurs, mais n’oublions pas que la rue est capable de se transformer en ouragan pour balayer les exploiteurs et tous les multiples larbins à leur service.
S. C.
Et pour finir, l’agenda du Monde libertaire :
Jeudi 28 juin
Ivry-sur-Seine (94)
Soirées de soutien au Forum Léo-Ferré du 28 au 30 juin. Le 28 : Céline Caussimon, Annick Cisaruk, Bruno Daraquy, Wladimir Anselme. Au Forum Léo-Ferré, 11, rue Barbès. Entrée : 15 euros pour une soirée, 28 euros pour deux soirées, 40 euros pour les trois. Métro Pierre-Curie ou Ported’Ivry, ligne 7. Bar et petite restauration disponible sur place. Plus d’informations sur www.forumleoferre.com
Arras (62)
Rassemblement devant la préfecture d’Arras pour demander la libération des quatre prisonniers d’Action directe, à 13 heures, place de la Préfecture.
Vendredi 29 juin
Ivry-sur-Seine (94)
Soirée de soutien au Forum Léo-Ferré du 28 au 30 juin. Avec Jean-Pierre Réginal, Alain Léamauff, Chris Lancry, Vincent Absil. Voir jeudi 28 juin.
Samedi 30 juin
Ivry-sur-Seine (94)
Soirée de soutien au Forum Léo-Ferré du 28 au 30 juin. Avec Yannick Le Nagard, Claude Astier, Bernard Joyet, Sarclo. Voir jeudi 28 juin.
Paris 11e
Forum-débat de la Librairie du Monde libertaire avec Michel Valette pour son livre De Verdun à Cayenne, Robert Porchet (1891-1964) qui relate l’histoire de ce déserteur à la conscience exemplaire. Avec la participation de l’émission Si vis pacem de Radio Libertaire, 145, rue Amelot.
Porcheville (78)
Rassemblement devant l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Porcheville à 15 heures à l’appel de la CNT-RP pour demander l’arrêt de la construction des EPM et la fermeture de ceux de Lavaur et Meyzieu. Départ en covoiturage à 13 heures à la CNT, 33, rue des Vignoles. Renseignements au 0628334243
Paris 4e
Marche des fiertés des lesbiennes, gays, bi et trans. Départ 13 h 30 à Montparnasse, arrivée place de la Bastille (où le groupe Claaaaaash de la Fédération anarchiste diffusera un tract sur les libertaires, la question gay et leur riposte à l’homophobie, à partir de 18 heures).
Dimanche 1er juillet
Paris 11e
Manifestations pour la régularisation de tous les sans-papiers. Arrivée des différents cortèges à 17 heures place Stalingrad. La Fédération anarchiste vous donne rendez-vous à 14 h 30 à la mairie du 11e, place Léon-Blum. Métro Voltaire.
Orléans (45)
Journée de soutien au ministère de la Crise du logement orléanais.Concerts (Screaming Bagpipes, Los Foiros et Necrofist… ) stands (CNT, Éditions du Monde libertaire), expo photos, prises de parole… De 14 heures à 19 heures au 2, rue du Faubourg Madeleine. Prix libre.
Samedi 7 juillet
Le Mans (72)
Le café libertaire a pour discussion « La démocratie et la gestion directes ». Exposé et débat à 17 heures, à L’Épicerie du Pré, café-cantine, 31, rue du Pré. Entrée libre. Permanence du groupe Lairial de la Fédération anarchiste le samedi
La bibliothèque La Rue à moitié en vacances
Comme les autres années, la bibliothèque La Rue arrête les débats pour les mois d’été.
Nous reprendrons ces rencontres dès le mois de septembre avec, comme premiers intervenants, l’équipe de la
revue Réfractions.
La bibliothèque La Rue n’assurera pas les permanences du jeudi soir en juillet-août, mais sera bien ouverte tous les samedis d’été aux horaires habituels de 15h30 à 18 heures.
Le Monde libertaire, chaque jeudi en kiosque, 24 pages en couleurs pour deux euros