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Le Parlement européen : « il reste des céréales pour trente jours »

Publie le jeudi 29 mai 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

Le jeudi 22 mai, en adoptant une résolution non-contraignante, le Parlement européen, avec 485 voix contre 52 (7 abstentions), a fait connaître ses préoccupations sur la crise alimentaire.

la résolution met une nette emphase sur la sécurité alimentaire, sur la nécessité d’accroître la production et sur l’immoralité de la course folle aux agrocarburants.

Il ne fallait donc point s’étonner que dès le lendemain, Peter Mandelson, le Commissaire européen au commerce, et en charge des négociations entre l’UE et l’OMC, a fortement ridiculisé l’idée même de sécurité alimentaire. Partisan de la ligne dure contre Saddam, malthusien et pessimiste, Mandelson a attaqué dans une tribune de l’International Herald Tribune la position française pour laquelle la PAC reste une source d’inspiration éventuelle pour toutes les régions frappées par la crise alimentaire. Cependant, s’interroge la perfide Albion, "la sécurité alimentaire des uns (la PAC) n’impliquerait-t-elle pas l’insécurité alimentaire des autres ?"

Se montrant critique d’un libre-échangisme irraisonné, la résolution adopté par le Parlement européen « estime que les pays doivent avoir le droit à la souveraineté alimentaire et à la sécurité alimentaire, et ont le droit de protéger leur marché… » Le texte s’inscrit aussi dans la démarche de certains élus du parti socialiste belge qui, après le scandale de la banque KBC assurance, ont introduit début mai un projet de loi visant à interdire l’offre et la vente de tout produit financier basé sur la flambée des prix des denrées alimentaires.

La résolution affirme notamment que l’assemblée européenne :

« est préoccupé par les effets que la spéculation sur les produits alimentaires de bases, notamment par les fonds alternatifs (hedge funds) de matières premières, engendre pour la faim et la pauvreté ; invite la Commission à analyser l’impact de la spéculation sur les prix des denrées alimentaires et à présenter des mesures appropriées sur la base de cette analyse ; »

« souligne que l’approvisionnement en denrées alimentaires de toutes les personnes partout dans le monde doit prendre le pas sur tout autre objectif ; souligne que les denrées alimentaires devraient être disponibles à des prix raisonnables, conformément à l’article 33 du traité CE ;

« rappelle la nécessité d’assurer une régulation intérieure et mondiale des marchés agricoles, dans l’intérêt du pouvoir d’achat des consommateurs, des revenus des agriculteurs, des industries de transformation et d’une politique alimentaire durable de l’Union ;

« rappelle que le premier objectif de la PAC est de garantir la stabilité des marchés, la sécurité et des prix raisonnables pour les consommateurs et souligne la nécessité d’une PAC après 2013, afin d’assurer une politique alimentaire durable de l’Union tout en respectant le caractère durable, la sécurité et la qualité des produits agricoles ;

« souligne que les stocks actuels de céréales de l’Union permettraient de tenir 30jours au maximum et se demande si le niveau de nos stocks alimentaires est suffisant, en particulier si des crises devaient se produire ; demande à la Commission d’élaborer des stratégies visant à mettre en place des stocks alimentaires pour prévenir les crises à l’avenir ;

« souligne qu’il convient de donner la priorité aux denrées alimentaires sur les carburants, et que la production de biocarburants doit être liée à des critères de durabilité stricts ; fait observer que ces critères doivent être respectés pour la réalisation des objectifs proposés en matière de biocarburants ;

« admet que le subventionnement par l’Union des cultures destinées à la production de biocarburants ne se justifie plus, mais souligne, en y insistant, que 2 à 3% seulement des terres agricoles de l’Union sont actuellement affectées à ce genre de production et que les médias accusant les biocarburants d’être à l’origine de la crise alimentaire actuelle font preuve d’exagération, du moins en ce qui concerne l’Union ; reconnaît cependant que la politique menée dans certains pays comme les États-Unis, qui consiste à consacrer davantage de terres à la culture du maïs aux fins de la production de bioéthanol, a eu des répercussions sur le prix et la disponibilité du maïs et d’autres céréales sur le marché alimentaire mondial ; »

« invite les États membres de l’Union et la communauté internationale à répondre rapidement à l’appel d’urgence extraordinaire lancé par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et à aider celui-ci à relever les nouveaux défis de la lutte contre la faim ; considère néanmoins qu’il convient de réduire la dépendance à l’égard des opérations d’aide alimentaire et souligne donc la nécessité d’une action à moyen et long terme en vue de prévenir de nouvelles conséquences dommageables et de s’attaquer aux racines de cette crise ;

« demande une augmentation urgente et substantielle des investissements dans l’agriculture, l’aquaculture, le développement rural et l’agro-industrie dans les pays en développement. »

Pour lire l’ensemble de la résolution.

http://www.boursorama.com/forum/mes...

Messages

  • admet que le subventionnement par l’Union des cultures destinées à la production de biocarburants ne se justifie plus,

    Enfin ! Il aurait mieux valu donner des subventions à cet ingénieur pour dévolopper le moteur propre, à air comprimé, au lieu de laisser filer son brevet vers l’Inde. Remarque tant mieux, les hindoux vont pouvoir se déplacer plus confortablement.

    Le problème de la FAIM touche tout individu qu’il soit pauvre ou riche, avec une différence bien-sûr, que ce dernier peut assouvir sa faim pendant plusieurs siècles, même s’il ne vit que 75 ans en moyenne. Une révolution mettrait tout le monde en phase par rapport à la faim.

  • Si on ajoute à ça le nouveau scandale que Le Canard ENchaîné a levé depuis 3 semaines mais dont personne ne parle (ou presque) :

    LES MAYONNAISES A L ’HUILE DE MOTEUR UKRAINIENNE....

    http://www.liberation.fr/actualite/economie_terre/326262.FR.php

    LL

  • Finances perso

    La Tribune.fr - 27/05/08 à 15:50 - 358 mots
    investissement
    Matières premières : pourquoi elles vont continuer à monter
    Depuis plusieurs mois, les matières premières enchaînent les records et crèvent les plafonds, pour le plus grand bonheur des gérants spécialisés. Elles pourraient continuer sur leur lancée.

    "Notre fonds est à +11% depuis le début de l’année et ce n’est qu’un début", se félicite Jonathan Blake, gérant du Baring Global Resources Fund. Et pour cause, jamais depuis 1974, année du premier choc pétrolier, les marchés des matières premières n’avaient enregistré des hausses aussi spectaculaires.

    Et ce n’est pas fini ! Le rapport Cyclope, une référence en la matière, prévoit une année 2008 "erratique et imprévisible" pour le pétrole mais aussi pour les métaux qui devraient rester "au plus haut". Une analyse partagée par le gérant britannique pour qui "il reste un énorme potentiel de croissance", tirée notamment par la Chine. "La demande explose face à une offre peu flexible, qui n’arrive plus à suivre", souligne le gérant.

    Tous les sous-jacents sont concernés : énergie, métaux de base, métaux précieux, chimie, céréales... "L’intérêt est de pouvoir jongler entre ces différents sous-jacents", explique le gérant qui surpondère les métaux industriels, indispensables au développement des pays émergents, les métaux précieux, valeurs refuge face aux récentes poussées inflationnistes, et les produits céréaliers. "Toutes les trois secondes, une bouche de plus à nourrir vient au monde", sourit Jonathan Blake, qui rappelle qu’un rapport récent des Nations-Unis prévoit une population mondiale de 7,5 milliards de personne à l’horizon 2020.

    Si le fonds est encore engagé à plus de 40% dans l’énergie, le gérant compte bientôt abaisser ce secteur, comme celui des produits chimiques. "Il reste encore des capacité de production à la hausse pour le pétrole", assure-t-il. Les paris de Barings : Potash Corp, Petrobas, Gazprom, Rio Tinto ou bien encore Marathon. Mais le gérant prévient : "Si la demande va demeurer élevée face à une offre moins élastique, il y aura de la volatilité sur cette classe d’actifs", sur laquelle jouent les financières. D’où l’intérêt du fonds qui permet une dissémination du risque sur un large éventail de sous-jacents.

    Jean-Nicolas Fuchs
    Lien permanent vers cet article : http://www.latribune.fr/info/ID043616BC10C8DFB3C1257456004BED06

    • Tiens voilà qu’on parle à présent du "3ème choc pétrolier", comme dans les années 70, qui ont vu le nombre de chômeurs grimper à vu de nez ! Rien de bon à vrai dire pour la classe ouvrière qui va en payer les pots cassés, une fois de plus ! On peut même dire que c’est à partir de ces "chocs" précédents que la précarité de l’emploi est apparue, avec un fort accroissement du travail intérimaire, entrecoupé de phases de chômage. Allez demander à ces salariés s’ils ont toutes leurs annuités, maintenant que ça va passer à 41, voire plus, en tout cas avec un départ à 63,5 ans demandés par Parisot ??? Je ne crois pas hélas !