Accueil > Le bouclier gaulois est activé depuis le 1er juillet 2008

Le bouclier gaulois est activé depuis le 1er juillet 2008

Publie le mercredi 2 juillet 2008 par Open-Publishing

L’interview sur France 3 de Nicolas Sarkozy nous a dévoilé quelques projets pour la présidence de l’UE. L’émission C dans l’air a réuni aujourd’hui quelques spécialistes qui analysaient la teneur de l’intervention présidentielle.

Christophe Barbier a mollement critiqué les ambitions du chef de l’Etat : il a mis en avant que N. Sarkozy n’avait pas évoqué le terme protectionnisme mais qu’il avait, bien au contraire, parlé de « protection ». C. Barbier a ensuite pris parti pour un processus d’intégration européenne a minima. C’est-à-dire que sur certains dossiers « sensibles », l’UE pourrait continuer à avancer avec un noyau dur (6 Etats membres ou les 15 Etats membres appartenant à la zone euro). Il faut noter qu’il y a peu, M. Lamassoure - député européen et proeuropéen convaincu (pense) - avait préconisé la même approche : les élargissements successifs étant juridiquement contraignants, il vaudrait mieux laisser à la traîne les Etats membres les plus défavorisés…

Mais un économiste, Jacques Marseille, défendait une autre position. Il a évoqué « la promesse européenne » du milieu du XXème siècle qui reposait sur deux idées maîtresses : assurer la paix entre les Etats européens (OK) ; promouvoir la croissance (NOK = objectif non atteint). Comme le rappelait ce spécialiste : « l’Europe n’existe pas ». Pour créer une identité européenne, un sentiment supranational d’appartenance à un bloc commun, il faudrait une fiscalité, une défense et une justice communes (entre autre). Cela revient donc à instaurer une sorte de fédéralisme entre les divers Etats membres de l’UE et nous en sommes très loin. Tout d’abord, tous les Européens ne le souhaitent pas forcément - aidés en cela par les dirigeants de tous les Etats appartenant à la communauté. En outre, mais ce n’est qu’une hypothèse personnelle, il me semble que les dirigeants nationaux préfèrent garder le contrôle de leur Etat et légiférer que dans un certain sens : un libéralisme purement économique qui maintient les droits fondamentaux des citoyens en arrière-plan (article très instructif de Marianne2 sur le terme « libéral »).

Cette problématique a donc une incidence sur les autres questions afférentes à l’UE : l’indépendance de la BCE (Banque centrale européenne) par exemple. C. Barbier était pour une indépendance totale de la BCE car « les faiseurs de monnaies » ne doivent pas être liés aux politiques. Pourtant, les objectifs de la BCE sont nullement atteints : l’inflation existe bel et bien et la croissance n’est vraiment pas assurée. On pourrait au contraire modifier le rôle de la BCE mais sans y incorporer des considérations ou des thématiques nationales. Par ailleurs, Attac opte pour une solution encore plus draconienne. Pour mettre un terme à la « spéculation sauvage », il faudrait non seulement remettre en cause l’indépendance de la BCE mais également instituer un pôle public boursier (nationalisation des bourses ; contrôle des entreprises de marchés financiers qui sont des entités privées comme Clearstream, Euronext). Ces mesures permettraient notamment de mettre un terme à la spéculation sur les taux de change (les monnaies) ainsi que sur les matières premières (rappelons que l’envolée des prix du pétrole et des céréales est le résultat de l’accroissement spectaculaire de la spéculation sur ces matières premières).

Au contraire, N. Sarkozy préfère parler de « bouclier » et de « protection », termes qui évoquent tout de même la notion de « nationalisme » et, donc, de « protectionnisme ». Après, c’est à chacun de juger.