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Le déficit commercial français bat un nouveau record
par Guillaume Guichard
Publie le jeudi 7 juillet 2011 par Guillaume Guichard - Open-PublishingLe fossé entre exportations et importations s’est encore creusé en mai, à -7,422 milliards d’euros, selon les douanes. L’effet combiné de l’explosion de la facture énergétique et de l’atonie des exportations.
Sur le front du commerce international, la France patine. Pour la deuxième fois en deux mois, le déficit commercial a battu un mauvais record en mai, à -7,422 milliards d’euros, selon les chiffres publiés ce jeudi par les douanes. Sur douze mois, il s’établit à -63,418 milliards d’euros, contre -51,558 milliards en 2010.
Le mauvais chiffre du mois de mai s’explique en grande partie par le renchérissement de la facture énergétique de la France, sous l’effet d’un rebond des importations d’hydrocarbures naturels. Les importations, grevées par cette tendance, se montent à 41,601 milliards d’euros en mai, en hausse de 2,9% sur trois mois. Ce chiffre a été modéré par le tassement des importations industrielles. Ceci, « du fait de moindres acquisitions aéronautiques et navales et d’un repli des achats de matériels électroniques et de produits pharmaceutiques », précisent les douanes.
Dans le même temps, « les exportations industrielles fléchissent à nouveau », notent-elles. Résultat, les exportations n’ont progressé que de 0,9% sur les trois derniers mois pour atteindre 34,179 milliards d’euros en mai. « Le repli persistant des matériels de transport (aéronautique en mai, automobile en avril) pèse sur la tendance », relèvent les douanes.
« Aérodépendance »
Poste important des ventes à l’étranger mais très volatil, l’aéronautique a baissé de 6,2% sur un mois. « Nous avons eu ces deux derniers mois une preuve d’une certaine « aérodépendance » de la France : l’aérospatial représente en effet plus de 10% des exportations françaises et tout ralentissement de ses performances a un effet très significatif sur les comptes extérieurs du pays », analyse Alberto Balboni, économiste chez Xerfi.
« L’atonie domine par ailleurs », ajoutent les douanes. Pour ne rien arranger, les exportations militaires se rétractent de 100 millions d’euros. « Les exportations, à la différence des importations, n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant-crise (elles sont encore en-dessous de leurs valeurs de mi-2008), continue Alberto Balboni. Plus préoccupant encore, la France est, parmi les grandes économies industrialisées (hormis le Japon), celle qui a affiché la plus faible croissance de ses exports après le creux de la crise. »
Dynamisme de l’Allemagne
Seules exceptions dans ce tableau morose, les exportations agricoles repartent, ainsi que les ventes automobiles. « Les ventes, à leur meilleur niveau depuis la crise, s’améliorent notamment vers les grands partenaires de l’Union européenne », selon les douanes.
La France limite la casse d’une façon générale grâce au dynamisme de ses voisins européens, notamment la Belgique et, surtout, l’Allemagne. Les douanes soulignent par ailleurs que « les ventes à l’Afrique sont cependant bien orientées (automobile et aéronautique, céréales, pétrole raffiné), tout comme celles au Proche et Moyen-Orient (aéronautique) ». En revanche, les économies asiatiques, qui avaient soutenu les exportations en début d’année, marquent le pas.