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Le démantèlement de l’économie française

Publie le lundi 7 février 2011 par Open-Publishing
5 commentaires

L’économie française résiste mal à la mondialisation. L’exception française, privée du fort contexte démographique qui était le sien, ne fonctionne plus. Le tissu autrefois sain de l’économie de l’hexagone est affecté par de nombreux maux invisibles, dont l’immobilisme, le nombrilisme, la rigidité et surtout le manque d’esprit résistant.

Démantèlement industriel et spéculation financière

L’économie se désintègre progressivement et les journaux constatent tristement une énième fermeture d’usine (autrefois rentable), tandis que des commentateurs instruits se limitent à mettre cette désindustrialisation rampante sur le dos de la mondialisation. Celle-ci est présentée une sorte de peste bubonique, voire de pandémie gigantesque sans remède apparent. « Rien à faire », si ce n’est se soumettre à ce tsunami dévastateur, en espérant qu’il nous profite en passager clandestin ! La France d’aujourd’hui ressemble à une gigantesque maison de retraite avec ses jardins pittoresques et sa commodité de cocon isolé de la tempête mondiale, mais vide de sens, et malheureusement morbide dans cette auto-contemplation de sa propre disparition prochaine et implacable. Cette « mort annoncée » paraît d’autant inévitable que la France néglige allégrement sa force motrice – à savoir son industrie détruite à coups de marteau par les délocalisations ou par les fermetures pures et simples d’entreprises, ancien symbole d’un capitalisme jadis triomphant.

L’esprit rentier est dangereux d’autant plus qu’il est propice à l’immobilisme et à la passivité lorsque des entités étrangères et anonymes, agissant sous couverture de fonds spéculatifs américains, démantèlent l’économie française. Cette situation rappelle étrangement celle de l’Allemagne de l’Est qui fut vidée de ses usines en 1945 par la force d’occupation soviétique qui a décidé de punir la « puissance vaincue », en la privant de sa force productrice et en la condamnant à la stagnation. En temps de paix, les fonds « vautours » pillent sans vergogne l’économie française en complicité passive de la classe politique française.

Qui sont ces « capitaines sans visage de la mondialisation », ces « hedge funds » en train de spéculer sur les matières premières, en tirant les prix vers le haut et en provoquant ainsi des famines en Afrique subsaharienne causant des millions de morts parmi les populations en détresse exposées à la hausse brutale des produits de base (riz, céréales, viande) ? Ces « opérateurs anonymes » sont ivres de gain, fondé quasi-exclusivement sur la spéculation sans pitié opérée à l’échelle mondiale et à vitesse éclair en provoquant les crises et en déstabilisant la vie de centaines de millions d’Africains, de Latino-Américains et d’Asiatiques. L’exigence du profit et l’obligation du résultat de ces maîtres en spéculation les poussent à dépasser les bornes et à violer quotidiennement tous les principes fondateurs du droit international.

L’Affaire Belvédère : un cas emblématique des manœuvres des fonds spéculatifs

Le cas de l’entreprise française Belvédère, connue comme l’un des leaders mondiaux sur le marché des spiritueux est exemplaire pour comprendre les nouvelles méthodes de prédation pratiquées par les milieux d’affaires américains, qui ignorent, sauf quand il s’agit de les rappeler à leur concurrent, les normes de base de l’éthique. Belvédère est un champion industriel et de la distribution qui emploie 4000 salariés. A la suite de manipulations habiles effectuées par les « nouveaux comptables du monde », le groupe est plongé dans un casse-tête financier à très haut risque. Du jour au lendemain, Belvédère subit des attaques organisées par un groupe de créanciers américains qui sont parvenus à réinterpréter leur contrat, afin de faire croire que Belvédère n’avait pas respecté une clause de sauvegarde prévoyant une limite d’autocontrôle à ne pas dépasser. Désormais, ils tentent d’obtenir de la justice française le remboursement immédiat d’une créance dont le remboursement était échelonné sur 10 ans. L’opération de déstabilisation s’est poursuivie par des attaques concertées contre le titre « Belvédère » sur les marchés boursiers. Les fonds vautours ont pour but la mise en faillite artificielle de l’entreprise entraînant sa prise de contrôle. Cette pratique de raid est répandue aux Etats-Unis : les firmes affaiblies sur le plan financier, mais en bonne santé économique, sont attaquées par des investisseurs « prédateurs » qui font tout pour les saisir et les revendre en faisant des profits considérables.

Belvédère tente de résister à cette attaque violente et continue, organisée par des « consultants » américains mobilisant d’énormes moyens. Cette attaque est orchestrée par des équipes d’avocats et de banquiers new-yorkais, particulièrement agressifs et spécialisés dans ce type d’opération. Il ne s’agit pourtant pas d’un « raid » classique visant un actif stratégique pour ces investisseurs « requins », mais d’une opération qui pourrait bien être pilotée en sous-marin par un concurrent direct. Celui-ci se débarrasserait ainsi d’un « gêneur » menaçant son hégémonie aux Etats-Unis et dans les pays de l’est.

Le cauchemar financiaro-judiciaire que Belvédère vit au quotidien est également celui des dizaines d’entreprises françaises, démantelées par les fonds spéculatifs internationaux avec la complicité « de fait » des autorités françaises, qui ne font rien pour prévenir la mort annoncée de notre économie. Mais qu’importe, puisqu’en France, il fait bon vivre. Tourisme et prédation facile : c’est ça, une terre d’accueil ?

Pierre-A. Neuville

Quelques articles intéressants sur le sujet :

La France n’est pas à vendre

http://www.legrandsoir.info/La-France-n-est-pas-a-vendre.html

Les fonds vautours traquent les charognes

http://www.moneyweek.fr/20090912093/conseils/economies/fonds-vautour-dettes-faillite/

Taxons les profiteurs, pas les entreprises !

http://www.rezocitoyen.org/taxons-les-profiteurs-pas-les-entreprises.html

Messages

  • Ce qui métonne c’est que vous fassiez avancer les idées du Front National ! Cela sont pour une relocalisation des entreprises, une indépendance nationale, un retour au frontière etc... afin de maintenir nos emplois et notre solidarité sociale.

    • Que néni ! non, telles ne sont pas "les idées du FN" !

      Relocaliser les industries sur les territoires, et résister au démaillage du tissu industriel par des prédateurs investissant dans la crise, c’est un programme fondamental communiste !

      Rien à voir avec la xénophobie maldive et qui , elle vise à spéculer sur des peurs irrationnelles : çà, oui c’est du fachisme pur, et ce sont les spéculateurs investissant dans la crise qui l’utilisent !

      Le fachisme prolifère dans la crise , pour rentabiliser celle-ci en faveur du capital et contre l’humain !

  • Ras le bol de la finance mondiale qui se fait au détriment des citoyens. La crise est passée mais elle repassera c’est sur avec de telle attitude de ces barons de la finance !

  • Le démantèlement de l’industrie française n’est pas un hasard,il est planifié et organisé .L’entrée des pays de l’Est à bas cout de production au sein de l’Union Européenne n’était pas philanthropique mais stratégique pour permettre aux multinationales de trouver une main d’œuvre peu exigeante à proximité .Il n’est pas étonnant de voir toutes les entreprises s’y délocalisées car cela a été programmé à cette intention.Les politiques ont planifié cette mutation et ne peuvent qu’assumer leur choix....Les salariés français ont été sacrifiés par nos politiques au nom de la finance et des multinationales .

  • Le démantèlement de l’industrie française ne date pas d’hier. Casse de la sidérurgie en Lorraine, dans la Loire...Casse du textile, etc...Qui a payé les départs en retraite à 52 ans ? Qui a argumenté contre les Canards Boiteux de l’économie ? Raymond Barre.
    Dés les années 75-80, les capitalistes français comme les autres cherchaient à se passer des travailleurs trop payés qui réduisaient leur marge de profit alors qu’une main d’oeuvre quasiment gratuite attendait partout dans le tiers-monde. L’analyse économique de Marx est peut-être dépassée (elle est surtout dépassée par ceux qui ne sont jamais passés par lui) mais en tout cas il savait que les capitaux vont nécessairement là où ils sont le plus rentables. En système libéral, la concurrence est partout, y compris parmi les capitalistes.