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Le langage EDUC POP d’ATTAC
Après les multiples analyses de la situation issue des élections ATTAC s’interroge de nouveau sur ses pratiques d’éducations populaire. Le thème de l’éducation populaire au sein d’ ATTAC a fait couler de l’encre, beaucoup d’encre avec de longues contributions. Pour ma part, j’avais aussi livré alors ma contribution (12 octobre 2006). En voici le résumé.
L’éducation populaire dans un sens large peut être comprise une activité éducative très diversifiée pratiquée hors du champ scolaire et familial et plus ou moins institutionnalisée. En un sens plus restreint, elle consiste à s’instruire, et instruire l’autre à partir de savoirs orientés vers l’action.
L’éducation populaire d’ ATTAC du fait de son contenu militant relève plutôt de cette pratique . Cependant, plusieurs vecteurs peuvent être employés mais les outils traditionnels restent dominants : conférérences, cours-débats, cinéma engagé, etc...
Une remarque s’impose : il s’agit d’un processus dialectique car "celui qui sait" n’a pas la prétention de tout savoir et il s’instruit aussi par le débat . Un enrichissement partagé s’opère dans l’échange . Et cette richesse ne se réduit pas à une accumulation d’un savoir. Cet échange ou ce discours unilatéral passe par un langage. Lequel ? Pour être d’éducation populaire, ce langage écrit ou parlé doit avoir certaines qualités de formes (1) qui préservent un contenu spécifique (2).
I. - UN LANGAGE AMENAGE DANS LA FORME
La destination particulière (A) de son message oblige à sa transformation (B) afin qu’il soit bien reçu et bien assimilé. La pédagogie est l’art de la transmission entre un contenu plus ou moins difficile et un ou des sujets qui le reçoivent.
A) Un langage qui s’adresse au peuple
Le langage d’éducation populaire doit sortir du temple, du cercle interne d’ATTAC qui du Conseil scientifique au Conseil des Fondateurs et aux diverses commissions et comités locaux participent à son élaboration pour s’adresser à ses destinataires.
Il s’agit d’un langage pensé pour la fraction dominée de la population, non pour les élites dominantes des firmes multinationales, des Etats, des institutions internationales, des Hautes administration.
Mais le peuple est hétérogène, notamment dans son degré d’apprentissage scolaire et universitaire. Il y a eu une démocratisation de l’école qui a beaucoup élevé le niveau scolaire mais certaines couches en sont restés exclues et d’autres ont perdu les savoirs acquis dans la jeunesse. Donc ce langage sera multiforme pour ne pas s’adresser qu’à une fraction réduite du peuple.
B) Un langage de vulgarisation d’un contenu
Pour penser, la science use de concepts, d’un agencement de notion et de concepts qui passe volontiers pour un discours incompréhensible aux non-scientifiques. Un propos d’éducation populaire devra donc opérer une "traduction" - irrémédiablement idéologique - qui simplifie le discours scientifique en lui conservant son aspect instructif. Car la science instruit non seulement la communauté scientifique mais aussi le reste de la population tant les libéraux que les autres. Elle instruit et n’éduque pas.
II. - UN LANGAGE AYANT UN CONTENU SPECIFIQUE
Ce contenu est varié mais il doit tendre à l’intégration des deux aspects suivants. La pédagogie spécifique de l’éducation populaire ne saurait faire lm’impasse sur ces deux points.
A) Un langage qui préserve le contenu critique
Toute science repose en principe sur le postulat que l’explication n’est pas immédiatement donnée à l’observateur ; la découverte du réel exige des investigations qui vont au-delà des apparences, afin de saisir l’essence des choses. Toute science ne peut se constituer qu’en récusant l’observation commune, l’explication qui viendrait "naturellement". Le bon sens est à l’opposé de la science. Copernic a raison contre Ptolémée, parce qu’il remet en cause l’observation naïve. Ceci dit les "sciences" sociales universitaires, notamment en droit, sont plus descriptives et idéologique que scientifique.
B) Un langage "alter", vers autre chose.
Il s’agit toujours de montrer non seulement que nous résistons à la lame de fond du néolibéralisme tant dans sa version libérale que socialibérale . La critique de l’ultralibéralisme ne saurait suffire . Dans la même veine ATTAC lutte non pas pour un monde meilleur ou mieux mais pour un autre monde radicalement différent de celui-ci . Il ne s’agit pas de laisser entendre sous couvert d’ éducation populaire que des accommodements pourraient suffire pour réparer les dégâts du capitalisme et du productivisme : nous voulons aussi aller vers un au-delà de l’existant non par dogmatisme mais par nécessité. Il s’agit donc d’amener par le débat ou tout autre moyen adéquate à proposer des buts réellements altermondialistes . Ce que l’on veut n’est déjà présent que sous forme de bribes, d’espaces microscopiques.
Si l’hypocrisie consiste en "exhibition de signes masquant un déficit de contenu" (Patrick TORT) alors en peu de mots on peut dire beaucoup de choses vraies qui changent la vie .
Christian DELARUE
Membre du CA d’ ATTAC France
Messages
1. Tragique, mon vieux, 19 juin 2007, 00:31
Je vous conseillerais vivement, et en toute amitié, de lire le grand pédagogue Brésilien Paulo Freire. Vous pourriez peut-être alors quitter cette position somme toute un peu arrogante et énormément Social-Démocrate, selon laquelle on "verse" des connaissances dans la tête du
peuple.
Espérons que nos amis d’Attac sont un peu plus évolués que ça...
2. Le langage EDUC POP d’ATTAC, 19 juin 2007, 16:55
C’est pas un article.
C’est du béton coulé.
Un langage abscon (ce qui ne veut pas dire absent de connerie)
C’est pédent et vain.
Ecrit à la plume de paon.
1. Le langage EDUC POP d’ATTAC, 21 juin 2007, 08:33
Effectivement Paulo FREIRE est d’un grand intérêt pour l’éducation populaire, ce qui ne signifie pas qu’il faille oublier les objectifs d’ ATTAC (partie 2) et notamment le fait que nous voulons "un autre monde" et pas celui-là un peu meilleur ici ou là. Ce qui peut certes se dire simplement. Encore qu’il faille aussi mener une lutte idéologique à tous les niveaux de discours .
Mais avec les médias de divertissement massif, le temps de travail contraint et le poids des organisations associatives ou politiques qui sont conservatrices ou d’un progressisme borné à l’aménagement du capitalisme, la conscience populaire majoritaire n’est guère critique et révolutionnaire. L’éduc pop ne saurait démagogiquement annuler cet écart entre le réel et le nécessaire. C’est même le lieu du problème à résoudre et à débattre.
J’ajoute que je ne pense pas avoir laisser entendre qu’il y a une division franche et homogène entre une élite qui sait et un peuple ignorant qui à tout à apprendre. C’est évidemment plus compliqué que cela.
Je ne réponds qu’aux propos sérieux et je laisse de côté les remarques méprisantes et sans intérêt.
CD
2. Le langage EDUC POP d’ATTAC, 8 août 2007, 18:13
Voici un propos plus complémentaire que contradictoire sur le sujet.
"Charte de l’éducation populaire" par la CNAJEP
http://yonne.lautre.net/article.php3?id_article=1988
Ce que l’on nomme ici éducation populaire est une vision fondamentalement politique des rapports de savoirs concernant la vie en société.
Elle réfute pour ceux-ci, toute conception hiérarchisée et affirme au contraire, l’égalité de principe entre tous les points de vues possibles à propos du vivre ensemble. L’action éducative et culturelle que prône l’éducation populaire est le travail de leur mutuelle confrontation de manière à parvenir à la constitution d’une connaissance partagée.
Son éthique réside dans la profonde conviction que tout être humain détient les moyens de se construire une compréhension du monde, à condition qu’il puisse entrer en relation avec ses semblables dans un rapport de coopération, même conflictuel.
Pour ce faire, elle fait de l’existence d’un espace public de confrontation ouverte et respectueuse qui constitue le fondement d’une laïcité active, son principal principe éducatif.
Ceux-ci privilégient l’agir sur la spéculation, la solidarité sur la compétition, le processus sur le résultat, le questionnement sur la solution. Elle vise à construire un peuple qui comprenne l’ensemble des citoyens sans distinction de condition ou d’origine. Elle vise à mettre en oeuvre des alternatives éducatives, sociales, culturelles et économiques et à produire autrement des actions d’intérêt collectif « ici et maintenant »
Elle travaille donc à la poursuite de la transformation de la société pour que chacun de ses membres, quels que soient son rôle ou sa fonction, puisse participer pleinement et concrètement aux processus de la décision publique et à la construction de l’avenir.
L’éducation populaire doit être ainsi comprise et reconnue comme la condition incontournable pour parvenir à une démocratie qui soit une pratique et un bien véritablement partagés.