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Le premier ministre turc calomnie les ONG

Publie le samedi 9 octobre 2004 par Open-Publishing

"Ceux qui affirment qu’il y a la torture idéologiquement
motivée en Turquie sont les gens qui sont liés aux organisations terroristes."

LE PREMIER MINISTRE TURC
CALOMNIE LES ORGANISATIONS
INTERNATIONALES DES DROITS DE L’HOMME

Le 6 octobre 2004 à Strasbourg, en réponse aux questions des membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, le Premier ministre turc Tayyip Erdogan a dit, "Ceux qui affirment qu’il y a la torture idéologiquement motivée en Turquie sont les gens qui sont liés aux organisations terroristes."

Erdogan a répété la même affirmation lors d’une conférence de presse tenue le même jour dans les locaux du Conseil de l’Europe et diffusée directement par la télévision de l’Etat turc TRT.

Quand un journaliste lui a demandé sa position relative aux accusations de torture portées contre la Turquie, Erdogan a répondu que ces accusations seraient infondées, qu’il n’y aurait pas de tortures systématiques en Turquie, et que cela aurait été souligné par la Commission européenne elle-même. Il a déclaré une fois de plus que les rapports concernant la torture en Turquie sont l’oeuvre des gens "en relations avec des organisations terroristes" !

Réagissant contre cette attaque diffamatoire, la Maison populaire de Genève a immédiatement publié un communiqué de presse relatif au fait de tortures et de violations des droits de l’Homme en Turquie.

Selon ce communiqué, les ONG suivantes sont accusées par Erdogan d’être en relations avec des organisations terroristes, car elles insistent que la torture menace toujours les opposants politiques en Turquie :

 Amnesty International
 Human Rights Watch
 Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH)
 Reporters Sans frontières
 Fondation des Droits de l’Homme en Turquie (TIHV)
 Association des Droits de l’Homme de Turquie (IHD)
 Mazlum-Der (Organisation des Droits de l’Homme et de solidarité avec les peuples opprimés)
 Différents barreaux en Turquie
 International PEN
 Organisation Mondiale contre la Torture
 Centre Europe - Tiers Monde

Ensuite, la Maison populaire de Genève attire l’attention sur les faits suivants :

"Les derniers chiffres concernant les cas de torture en Turquie sont éloquents : pour les 6 premiers mois de 2004, ce ne sont pas moins de 692 cas qui ont été dénoncés. En 2003, 562 cas avaient été soulevés, hors et dans les centres de détention. Selon les associations de défense des droits de l’Homme, les tortures à l’électricité et les coups ont été les principaux moyens utilisés.

"Peu après la parution, dans les médias, des déclarations de Monsieur Verheugen affirmant qu’"il n’y a pas de torture systématique en Turquie", les principales organisations de défense des droits de l’Homme - TIHV, IHD et Barreau de Diyarbakir - ont écrit au Commissaire à l’élargissement. Ils lui ont fait parvenir, vers le 25 septembre, un dossier contenant des preuves concrètes de torture (certificats médicaux, photos, déclarations, etc.).

"Se posent dès lors plusieurs questions :

 Monsieur Verheugen, 692 cas de torture répertoriés ces derniers mois : ne considérez-vous pas cela comme pouvant être qualifié de systématique ?
 Pourquoi les rapports et le travail de dizaines d’organisations de défense des droits de l’homme ne pèsent pas, face aux intérêts politiques et économiques des pays européens ?
 Près de 10.000 prisonniers politiques croupissent encore dans les geôles turques : pourquoi ne pas exiger leur libération ?
 Entre 3 et 4 millions de Kurdes déplacés, le droit à exprimer librement sa culture toujours nié, des millions de personnes attendent toujours de pouvoir rentrer chez elles : comment pouvez-vous dire que la situation de ce peuple s’améliore ?
 Où sont, dans ce cas, les valeurs de l’Union européenne, démocratie et droits de l’homme ?

La déclaration du Premier ministre turc est une nouvelle manœuvre de propagande, visant à assimiler les défenseurs des droits de l’Homme à des gens agissant contre l’intérêt de la Turquie. Une fois de plus, le gouvernement utilise la calomnie à l’encontre des opposants à sa politique. C’est inacceptable. (http://www.assmp.org)