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Le train de l’élargissement avance pas à pas avec la Turquie

Publie le jeudi 20 décembre 2007 par Open-Publishing

Le train de l’élargissement avance pas à pas avec la Turquie (libre belgique)
Ch. Ly.

Mis en ligne le 20/12/2007

Deux chapitres ont été ouverts, hier. Paris pourrait renoncer au référendum.
En dépit des obstacles posés par la France et de la résistance de l’opinion publique européenne, la Turquie a ouvert, mercredi matin, deux nouveaux chapitres dans ses négociations d’adhésion avec l’Union européenne (UE).

Les deux dossiers sont, primo, la protection des consommateurs et la santé ; secundo, les réseaux transeuropéens qui permettront à la Turquie d’accéder à un financement européen pour développer ses réseaux de transport jugés prioritaires par l’UE.

La machine de l’élargissement semble donc bien en route. En 1999, l’Union avait déclaré la Turquie pays candidat à l’adhésion. En 2004, elle entamait les pourparlers. Avec l’ouverture de deux nouveaux chapitres à la fin de la présidence portugaise et de "deux à trois" selon Olli Rehn sous la future présidence slovène, la Turquie pourrait à ce rythme boucler les 35 chapitres en 5 à 7 ans.

"Certains Etats essaient d’éroder notre position juridique et politique, mais cela n’est pas adéquat et ne reflète pas une position responsable", a dit le ministre turc des Affaires étrangères Ali Babacan, sans citer la France.

Le gouvernement de Nicolas Sarkozy est le plus actif dans sa guérilla contre l’adhésion turque, mais il est soutenu de loin par des pays comme l’Autriche et Chypre. En même temps, le soutien à l’adhésion diminue aussi en Turquie. Il s’établit à 49 pc de la population, selon le dernier Eurobaromètre de décembre.

"Toute perception négative de la Turquie suscite auprès de la population turque le sentiment qu’elle est indésirable et cela a un impact négatif sur son opinion de l’UE", a estimé le ministre turc.

La France avait obtenu la semaine passée que la réunion de mercredi soit appelée "conférence intergouvernementale" et non "conférence d’adhésion", comme c’est toujours le cas. Mais le ministre portugais des Affaires étrangères Luis Amado a fait fi des objections françaises et parlé devant la presse d’une "conférence intergouvernementale d’adhésion", tandis que son homologue turc réduisait le tout à "conférence d’adhésion"...

Paris a cependant réussi à écarter pour le moment les chapitres les plus liés à l’adhésion, dont la politique économique et monétaire. M.Sarkozy a aussi obtenu au dernier sommet de Bruxelles la création d’un groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe où Paris voudrait évoquer les "frontières" de l’UE.

Un changement de cap

La France de Sarkozy semble très embarrassée dans cette affaire puisque, parallèlement, un avant-projet de loi, révélé mercredi par l’agence France-presse, prévoit de changer la Constitution telle qu’elle avait été amendée en 2005 par Jacques Chirac. L’ancien Président avait promis de soumettre toute nouvelle adhésion à un référendum populaire. L’avant-projet de loi envisage deux possibilités, soit un référendum, soit une approbation par le Parlement réuni en Congrès, c’est-à-dire avec une majorité des trois cinquièmes. Et Ankara ne cache pas qu’elle compte bien sur un changement de l’opinion publique. "Avec 27 Etats membres, avec des élections quasiment chaque année, les gouvernements changent, les mentalités évoluent", espère Ali Babacan.