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Les jeunes inculpés en France sont-ils de dangereux terroristes ?

Publie le mercredi 19 novembre 2008 par Open-Publishing

Christophe Bourseiller :« ils prônent une violence symbolique »
Les neuf jeunes inculpés en France sont-ils de dangereux terroristes ? Christophe Bourseiller, spécialiste de l’ultragauche, ne le pense pas une seule seconde

Fabiano Citroni - le 18 novembre 2008, 22h26
Le Matin

Les neuf jeunes inculpés dans l’affaire du sabotage des TGV sont-ils des terroristes présumés ?
Je ne crois pas. Quand on lit « L’insurrection qui vient », le livre qu’a probablement écrit le leader présumé du groupe, on réalise que l’ouvrage est d’une grande qualité littéraire et d’une haute tenue intellectuelle. Je n’imagine pas ces gens en simples terroristes bas de gamme. Il s’agit sans doute de jeunes théoriciens désireux d’ourdir des actions symboliques pour faire avancer leurs idées.

Une action symbolique, c’est saboter le réseau SNCF ?
Oui. Il ne s’agissait pas en l’occurrence de faire dérailler les trains ni de provoquer des morts, mais seulement de ralentir le trafic. Ça peut vouloir dire essayer de perturber le bel ordonnancement d’un pays en quelques secondes par des formes d’actions relativement bénignes.

Selon la justice, ces jeunes font partie de l’ultragauche. Quel discours tiennent-ils ?
Ils campent sur des positions plus radicales que l’extrême gauche « officielle ». Ils sont dans une surenchère radicale par rapport à cette extrême gauche. Ils rejettent les syndicats, les élections et vont jusqu’à rejeter l’organisation. Cela ne veut pas dire qu’ils prônent le terrorisme. Mais certains d’entre eux penchent pour l’acte individuel. Il y a dans la démarche une part de désespoir, l’envie de tout détruire et de faire table rase. Ils rêvent d’un autre monde tout en pensant que malheureusement il tarde à venir et qu’il est probablement impossible qu’il vienne.

S’ils ont le désir de tout détruire, ils prônent la violence.
Aucun ultragauche n’est pacifiste. Mais, dans cette mouvance, il y a des théoriciens qui sont plus dans une violence symbolique et des activistes inorganisés qui peuvent passer à l’acte. On en retrouve dans les rassemblements altermondialistes. Ils s’agrègent aux Black Bloc, cherchent l’affrontement avec la police et prônent souvent le pillage.

Ont-ils des contacts avec les ultragauche d’autres pays ?
Il y a peut-être des contacts, mais pas de complot. On est dans des réseaux très larges et informels car la plupart de ces gens refusent toute forme d’organisation.

La ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, tient un discours très dur sur les neuf inculpés. Comment l’expliquer ?
Je ne sais pas de quels éléments elle dispose. Mais, depuis deux ans en France, on assiste à une croissance du nombre de petits attentats, pas tous imputables à l’ultragauche. Ils témoignent d’un mécontentement diffus et la crise internationale n’arrange pas les choses. La ministre craint peut-être que des petits groupes comme celui qui a été démantelé ne s’engagent dans une spirale qui pourrait conduire à une violence plus grande. C’est ce qu’on a vu dans les années 1970 avec Action Directe. Enfin, je crois que la ministre a voulu faire un effet d’annonce, marquer sa présence au sein d’un gouvernement dans lequel elle n’est peut-être pas très populaire.

La police genevoise n’a presque rien à reprocher à Aria Thomas
Selon nos informations, la police genevoise a constitué un dossier sur Aria Thomas - une des neuf personnes inculpées - à la demande de la police française.

Il apparaît que l’ancienne comédienne de la série de la TSR « Les Piques-Meurons » n’a pas grand-chose à se reprocher.

Elle a simplement été arrêtée en 1997, à l’âge de 16 ans, pour dommages à la propriété et émeute dans le cadre d’une manifestation contre les violences policières, à Genève.

Le dossier indique aussi que la jeune femme - elle fêtera ses 27 ans samedi - a longtemps fréquenté le milieu squat local avec ses parents et qu’elle faisait partie du groupe Les Apacherias.

Selon le site Internet Under.ch, ce groupe aura été durant deux ou trois ans « une oscillation prospective entre des envies révolutionnaires anticapitalistes et le monde citoyen. »

Même si elle réside actuellement à Tarnac, en Corrèze, avec son compagnon et son bébé, Aria est officiellement domiciliée à Genève.