Accueil > Les nuits agitées du Centre de rétention de Cornebarrieu
Les nuits agitées du Centre de rétention de Cornebarrieu
Publie le mardi 24 février 2009 par Open-PublishingEXPULSIONS. La sécurité des étrangers en situation irrégulière enfermés au centre de rétention administrative de Toulouse-Cornebarrieu est-elle bien assurée ?
C’est la question que pose la Cimade après la drôle de nuit qui s’y est déroulée de mercredi 18 au jeudi 19 février : une tentative de suicide, le feu à une chambre, l’intervention précipitée de la police et au final, la saisie d’une députée.
Au départ de ce grand chaos, un retenu qui tente de s’ouvrir les veines avec une boucle de ceinture pour échapper à son expulsion vers la Tunisie prévue le lendemain.
Tentant ensuite de retarder l’intervention des policiers chargés de la surveillance, ses compagnons auraient bloqué la porte d’accès au secteur réservé aux hommes. C’est là que le feu est mis à une chambre.
Il est 4 heures du matin. Devant le risque d’incendie, les policiers regroupent alors dans le même secteur tous les occupants du centre. Sans trop de discernement.
Sur les 90 personnes regroupées, 3 femmes qui ont été tirées de leur lit sans avoir eu le temps de se vêtir décemment.
Ces dernières passent ainsi une heure entière, seules avec les hommes. Une situation contraire aux règles de fonctionnement du CRA. Leurs avocats ont tout de suite alerté la députée PS de la circonscription, Martine Martinel. Laquelle a saisi la Commission nationale de déontologie de la sécurité, chargée de veiller à l’application de la loi dans les centres de rétention.
Pour la Cimade, seule association autorisée à intervenir dans les centres de rétention, cette nuit de tension est d’abord à mettre sur le compte de « l’extrême désespoir des personnes retenues ».
« Comment expliquer autrement que certains en arrivent à s’automutiler pour échapper à leur expulsion ? » interroge Léo Klaus, son coordinateur à Cornebarrieu. Une écrasante majorité de 95% des étrangers reconduits à la frontière sont selon lui de simples travailleurs sans papiers. « Ce ne sont pas des criminels, dit-il. Ils vivent leur expulsion comme une profonde injustice ».
Après son transfert à l’hôpital, le jeune automutilé a été expulsé vers la Tunisie. Á l’issue de leur garde-à-vue, trois des sept sans-papiers soupçonnés d’incendie ont été écroués à Seysses pour destruction volontaire de biens. Les femmes, elles, sont toujours retenues à Cornebarrieu.
J-M.E
http://www.libetoulouse.fr/2007/2009/02/les-nuits-agite.html