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« Les vacances, ce luxe inaccessible »

Publie le samedi 4 juillet 2009 par Open-Publishing
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Témoignages. Les sondages en attestent : de plus en plus de Français ne partiront pas cet été, confirmant la tendance des années précédentes. La crise ? Oui, mais pas seulement…

Les vacances… Tout le monde ne parle que de ça. Pourtant, ceux qui n’auront pas la chance d’en profiter sont nombreux. 51 % des Français, plus de la moitié de la population française, vont rester chez eux. Parmi eux, il y a ceux qui ne partent pas du fait de la conjoncture économique et des difficultés économiques qui vont avec, et il y a les autres. Ceux qui ne partent jamais, ceux qui, crise ou pas, ne peuvent pas se permettre un voyage, toujours trop coûteux. Face à cette situation, souvent, on se débrouille, on simule un semblant d’évasion en partant une journée à la campagne, ou une semaine dans sa famille. Mais l’évasion, la vraie, celle qui permet de s’échapper de son cadre quotidien, de ses habitudes, est de plus en plus rare.

Yves a soixante-deux ans. Employé dans une agence immobilière des Alpes-Maritimes (à Nice), il est très loin du cliché des séries américaines qui montrent des agents immobiliers aussi prospères que malhonnêtes. En effet, son salaire de 1 250 euros ne constitue qu’une avance sur commissions. Un emploi précaire donc, qui dépend en grande partie des résultats, alors que la profession souffre de la crise : « On a beaucoup de mal à faire des ventes en ce moment, les banques ne veulent plus prêter, même si les gens ont des CDI. Pour moi, c’est dramatique parce que, si je ne vends rien, mon patron a le droit de me licencier », déplore-t-il. Chaque mois, il vit dans l’inquiétude de ne pas réussir à joindre les deux bouts. « Lorsque j’ai payé le loyer, l’électricité, le téléphone et les frais de transport pour aller au boulot, il ne nous reste que trois cents euros pour manger à deux », explique-t-il. Alors cette année, il a tiré un trait sur d’éventuelles vacances avec sa fille de quatorze ans, avec qui il vit seul depuis qu’il s’est séparé de sa femme il y a un an. « Pour moi, ce n’est pas grave, mais ma fille a été première de la classe, elle aurait mérité de partir. Et même s’il existe des aides, elles ne sont pas suffisantes et je ne vois pas comment je pourrais lui offrir des vacances, même pour elle toute seule », regrette-t-il. Les dernières vacances d’Yves datent d’il y a deux ans. « Un souvenir lointain », dit-il.

Pauline, vingt-trois ans, ne partira pas en vacances non plus cet été. Elle est conseillère accueil dans une banque. « C’est un poste qui n’est pas très bien payé. Je travaille trente-neuf heures et je gagne 1 150 euros par mois, le SMIC. Avec la crise, je ne vois pas vraiment la différence avec ma situation habituelle », raconte-t-elle. Et même si elle habite dans un logement social en banlieue parisienne, elle a parfois du mal à s’en sortir : « En comptant tous mes frais, il ne me reste même pas 300 euros par mois pour vivre, et du coup, il est impossible pour moi de prévoir de partir. En plus, je dois économiser pour payer mes impôts en septembre. 900 euros. C’est presque un salaire entier ! », explique-t-elle. Pourtant, l’année dernière, elle a réussi à partir au Canada, chez une amie, mais après un vrai parcours du combattant : « J’ai économisé sur mon salaire pendant six mois pour pouvoir y aller, et j’ai pris un billet très longtemps à l’avance, parce qu’il y avait une superpromotion. Ensuite, pour financer mon séjour là-bas, j’ai fait un prêt en plus, que je viens à peine de finir de rembourser. » Mais cette année, elle a trop de difficultés pour pouvoir économiser le moindre centime. Elle reste pourtant optimiste, et fait tout ce qu’elle peut pour accéder à une meilleure situation : « Je suis une formation pour avoir mon brevet professionnel bancaire. Ensuite, j’accéderai à un meilleur poste et j’aurai peut-être un salaire un peu plus élevé ». En attendant, ses vacances se dérouleront… dans son HLM de Gentilly.

Pierrette a trente-six ans. Mère de trois enfants de onze, huit et quatre ans, elle est en recherche active d’un emploi près de Toulouse. Il y a environ deux ans, la petite entreprise de nettoyage, que son mari et elle avaient monté, a fait faillite, précipitant la famille dans la précarité. Depuis quelques mois, après une longue période de RMI, son compagnon a retrouvé un emploi de technicien. Mais leur situation ne laisse toujours aucune place aux loisirs : « L’eau, le gaz, l’électricité, et la scolarité des enfants ; ce sont des charges importantes… Alors on évite les sorties, et on ne part pas en vacances », explique-t-elle. « Les autres années, on essayait d’aller dans la famille ou chez des amis, histoire de partir un peu pour les enfants… Mais cette année, ce n’est pas possible, il faut qu’on travaille. Moi, je cherche n’importe quel type
d’emploi, pour pouvoir survivre », ajoute-t-elle. Pourtant, Pierrette est soucieuse pour ses petits, et le couple fait tout son possible pour qu’ils ne ressentent pas le manque, ou la différence avec les autres : « Ils sont inscrits pour un mois dans un centre de loisirs, pour qu’ils ne s’ennuient trop… Et on essaiera de partir une ou deux journées pas loin, dans la région. Mais plus que ça, c’est pas possible. »

Depuis six mois, la situation de Franck s’est dégradée de manière spectaculaire : « Mon employeur me payait avec deux ou trois mois de retard. A la toute fin de l’année dernière, une dispute a éclaté, et il a pris ce prétexte pour me virer, en prétendant que j’avais démissionné. Nous avons été l’un des premiers secteurs à être touché par la crise », raconte-t-il. Depuis, il ne parvient pas retrouver un emploi fixe, à cause de la conjoncture. Il ne touche même pas les Assedic puisqu’il est considéré comme démissionnaire, et a été obligé d’attaquer son patron aux prud’hommes. À trente ans, il était commercial à Paris, et gagnait très bien sa vie, à tel point qu’il avait pu s’offrir en août dernier un mois de vacances à l’étranger avec sa femme. « Et maintenant, je dois emprunter de l’argent à mes amis pour pouvoir rattraper mes impayés de loyers… » Conséquence : le couple n’envisage même pas une seule seconde de partir en vacances : « Concrètement, il faut qu’on choisisse : c’est le loyer ou les vacances. » Le choix est vite fait.

France ne rime plus avec vacances

Depuis le mois de mars, les chiffres avancés par les instituts de sondage sont unanimes : la crise fait des vacances un rare privilège.
La mer pour les uns, la montagne pour les autres, l’exploration d’une contrée étrangère pour d’autres encore : le mois de juillet débute, et avec lui les grandes migrations estivales. Mais cette bouffée d’oxygène, pause presque salvatrice qui ponctue de longs mois de travail, est en train de devenir, année après année, un privilège destiné aux catégories de population les plus aisées.

Il est loin le temps de l’euphorie du Front populaire. Les chiffres sont formels, et tous les sondages le démontrent : les Français les plus en difficulté sacrifient leurs vacances. Selon une étude d’Ipsos pour France Bleu, publiée au moi de mars, plus d’une personne sur deux prévoyait de ne pas partir cette année. Un taux qui s’élève même à 82 % pour les catégories les plus modestes (dont le revenu mensuel est inférieur à 1 200 euros). Un rapport qui s’inverse pour les plus aisés (dont le revenu mensuel est supérieur à 3 000 euros), dont seulement 25 % d’entre eux envisagent de ne pas partir.

L’absence de « coup de pouce » au SMIC, pour la troisième année consécutive, n’arrangera manifestement pas les choses pour les ménages les plus fragiles économiquement. En effet, selon un sondage de Protourisme publié le 20 mai dernier, parmi les non-partants, 37 % évoquent des raisons financières, un chiffre qui a augmenté de cinq points depuis l’an passé.

Le budget vacances est donc l’un des premiers à être amputé par la crise, puisque même parmi les partants sa diminution est bien à l’ordre du jour. Ainsi, seul un Français sur cinq (22 %) déclare ne pas envisager, pour le moment, de diminution de la somme qu’il dépensera pour financer ses vacances. La marge d’incertitude est également un facteur important, puisqu’une personne sur trois compte réserver ses vacances plus tard que d’habitude, ou même à la dernière minute. Pour ceux-là, la décision dépendra des promotions, ou simplement d’un budget vacances qui reste encore incertain.

Finalement, pour ceux qui auraient tout de même décidé de se ressourcer vers d’autres horizons, des tendances lourdes se dégagent : cette année, ce sera moins loin, moins cher, et moins longtemps.

M. S.

Messages

  • les vacances pour tout le monde il y a bien longtemps que cela n’existe pas, si l’on écoute les intox du 20 H, les vacances scolaires sont systématiquement représentées par les "départ en vacances", il faut pas croire tout ce qu’ils disent, autour de moi, les vacances en dehors de son domicile c’est environ tous les 3 ou 4 ans, dans un camping, où dans la famille, 1 à 2 semaines maximum, pour les colonies sachez que mon département n’a pas fait d’aides pour les enfants défavorisés, donc les parents qui avaient au moins le plaisir de voir partir leurs enfants ne l’auront pas cette année, sachant que certaines colonies avaient déjà prévu de ne pas inscrire si des demandes d’aides financières devaient être effectué puisque ces colonies n’ont pas été payées sur certains séjours, les vacances deviennent une catastrophe, culpabilisantes pour les parents qui ne peuvent offrir ce LUXE à leurs enfants, elles mettent en péril les budgets trop étriqués, sont sources de soucis puisque le pays tourne au ralenti (commissions pour attributions reportées, dossiers en attente, associations caritatives fermées etc .... pas drôle pour tout le monde cette période, un peu comme noël, quand on reste derrière la vitrine