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Lettre ouverte à Alain Badiou,après lecture de:De quoi Sarkozy est-il le nom ?(et à mes amis étud)
Publie le lundi 3 décembre 2007 par Open-Publishing2 commentaires
3 décembre, 2007
Je me présente, je suis une étudiante de philosophie en Master 1, et… psychanalyste, sans cabinet pour l’instant parce que je suis jeune, et que je me contente de suivre des Séminaires dans une Ecole de Psychanalyse, enfin, quand ils reprendront, et d’être en analyse de “contrôle” (même si nous n’employons pas ce mot-là). Je vous parle ici en tant qu’étudiante.
J’ai donc lu votre livre, et la chose étonnante qu’il m’est arrivé est la suivante : nous avons pensé EXACTEMENT les mêmes choses pour ce qui est du premier tiers de votre livre, en revanche pour les deux autres tiers, je ne vous suis plus du tout, le point de rupture n’étant pas encore tout à fait précisément page 45 où vous commencez de parler de Lacan, mais page 53 au sujet du “service des biens”. J’avais lu des passages de L’Etre et l’événement, mais c’était il y a longtemps et je ne reviendrai pas sur la notion d’événement, ni sur ce livre.
Je commence par le premier tiers de De quoi Sarkozy est-il le nom ? où nous avons, je vous assure, pensé et fait la même chose : je n’ai absolument pas cédé à ce que vous nommez “la psychose Le Pen” puisque je n’ai jamais voulu de carte d’électeur, puisqu’effectivement pour moi le “contenu” prime sur le “nombre”, et qu’en philosophie le nombre ne fait pas droit. Je ne sais pas si vous avez lu le livre de Jean ALLOUCH, psychanalyste, intitulé : Le sexe du maître, editions Exils, à mon avis c’est fort possible puisqu’à un moment vous dites la même chose, page 9 rapidement, sur la nécessité de certains d’avoir “un maître qui les protège” et c’est de là que part toute votre analyse de la peur primitive et de la peur de la peur. Je ne dirai pas au passage, que lors du passage en 2002 de Le Pen au second tour je n’ai pas eu peur, vivant en imaginaire un monde dirigé par celui-là, mais dans les actes je n’ai pas cédé, je suis quelqu’un qui ne voit pas du tout à quoi sert une carte d’électeur. Je partage toute votre analyse sur l’élection (”ce qui vient à défaillir dans le vote n’est autre que le réel”, “la peur va valider l’Etat”, “Il (l’Etat) aura alors les mains libres, parce que, dès que l’Etat a été investi par la peur, il peut librement faire peur” etc…). Et aussi, ce que je pense aujourd’hui à cent pour cent, page 16 : “C’est que la vérité de la situation, c’est la guerre.” Et je partage également tout à fait votre avis sur (page 21) le fait que pendant la Seconde Guerre Mondiale, les “Français”, c’était les Résistants, ET C’EST TOUT. D’après le dictionnaire de la Résistance il y avait 500 000 résistants sur 50 millions de Français. “Ceux qui n’ont pas consenti aux abaissements…”
Voilà pourquoi je dis : aujourd’hui nous sommes face à nous-mêmes, notre passé, notre présent, notre futur, nous croyions quoi ? Que nous allions enterrer les martyrs, que l’ONU avait réglé tous nos comptes avec ceux qui n’étaient pas parmi les 500 000 résistants ? Que l’Histoire ne nous rattraperait pas ? Elle nous rattrape et nous sommes là, aujourd’hui, enfin, face aux vrais comptes qui n’ont pas été réglés. Que c’est bien fait pour nous, ce qui nous arrive, que nous l’avons mérité si nous ne résistons pas. Je n’ai pas voté pour cette élection de 2007 non plus, parce que toujours pas la moindre envie d’une carte d’électeur, malgré les propos peureux qui montaient ici et là, les psychoses qui se développaient sur les visages de ceux qui n’ont pas su garder leur tête, et parce qu’évidemment , comme vous avez lu que je suis psychanalyste, vous savez que c’est antinomique. C’est à notre tour aujourd’hui, de montrer qui nous sommes, nous qui ne votons pas, et les autres, à notre tour de faire nos preuves parce que oui je pense comme vous, nous sommes en guerre, et chacun, dans ce qu’il est au plus profond de lui-même, va devoir faire ses preuves, sur vivre debout ou mourir. Et je crois aussi comme vous, que notre meilleure alliée est la propre peur de Sarkozy (pour s’entourer de tous ces gardes du corps, quelle vie !), que son meilleur ennemi, c’est lui-même. Pour le reste, étant psychanalyste, je sais tout par coeur. Et personnellement, je n’ai pas peur.
Et c’est à partir de cette page 53, sur le “service des biens” que je ne vous suis plus. Parce que Lacan, dans l’Ethique de la psychanalyse a écrit : “avoir des biens consiste à en priver autrui”, dans le chapitre “la fonction du bien”, je crois. Et Darwin, l’Origine des espèces, chapitre 5, intitulé “la lutte pour l’existence”, qu’en faites-vous ? Voilà pourquoi je laisse ici chacun face à lui-même, en donnant une petite orientation personnelle : dans le même livre de Lacan, ce qui fait gagner la petite Antigone face à Créon et précipite toute la cité dans le malheur, les incendies, le sang, c’est que : “quelque chose d’au-delà de l’Atè (l’atroce) a été franchi par Créon, maître de la cité, quelque chose qui fait que le mal d’Antigone, c’est-à-dire le bien de Créon, devient le bien d’Antigone” (chapitre, je crois, Antigone dans l’entre-deux-morts). Et qui fait dire à l’Antigone de Anouilh : “Tu m’ordonnes, cuisinier, tu crois que tu peux m’ordonner quelque chose ?”
C’est le déluge qu’a déclenché Créon, il a fait une erreur, dit Lacan.
Alors courage, mes amis étudiants, il n’y a que lorque l’on croit qu’il y a un Maître qu’il y en a un (je ne fais que reprendre Jean ALLOUCH), même si je ne donne pas ce même nom “courage” tel qu’Alain Badiou le définit dans son livre au mot courage, ni même à l’impossible, je dirais que le courage, pour moi, c’est évidemment ce qu’il faut, mais surtout ce que Lucie Aubrac a nommé : “il n’y a d’impossible, que ce que l’on n’a pas tenté de surmonter” (Ils partiront dans l’ivresse, Seuil).
Florence
Messages
1. Lettre ouverte à Alain Badiou,après lecture de:De quoi Sarkozy est-il le nom ?(et à mes amis étud) , 3 décembre 2007, 18:30
Pour en finir avec le charlatanisme ,le mensonge et le délire verbeux.
la psychanalyse n’est pas une science.
se soumettre à un dogme n’est pas la meilleure façon de construire un futur véritablement humain.
Pourquoi j’ai participé au « Livre noir de la psychanalyse »
par Jacques Van Rillaer - SPS n° 269 octobre 2005
En 1975, j’ai publié chez Charles Dessart une version simplifiée de ma thèse de doctorat en psychologie : L’ Agressivité humaine. Approche analytique. À l’époque, on publiait beaucoup moins de livres et il y avait très peu d’ouvrages en français sur le thème de l’agressivité en psychanalyse. Le livre se vendit bien et l’éditeur me proposa d’en écrire un autre. Commençant à comprendre toute l’importance de la vérification scientifique en psychologie, je lui proposai : Science et illusion en psychanalyse. C’était l’occasion de faire un bilan de la psychanalyse, de distinguer ce qui était bien vérifié de ce qui ne l’était pas. C’est alors que je découvris le magistral ouvrage d’Henri Ellenberger, À la découverte de l’inconscient. Histoire de la psychiatrie dynamique [1]. Je constatai que la majorité des énoncés freudiens les plus intéressants (du genre « les enfants ont déjà très tôt des activités sexuelles », « des lapsus traduisent une pensée réprimée » etc.) étaient repris à des prédécesseurs ou à des contemporains, tandis que quasiment toutes les propositions spécifiquement freudiennes (par exemple, que tous les rêves sans exception traduisent un désir) n’avaient pas été vérifiées ou étaient réfutées. Cette thèse, qui est celle d’Eysenck et Wilson [2] par exemple, m’avait d’abord choqué, mais j’arrivais progressivement à y adhérer. Par ailleurs, j’apprenais par Ellenberger que le cas princeps de la psychanalyse, Anna O., soi-disant « guérie de tous ses symptômes », avait été en réalité un lamentable échec, maquillé en extraordinaire succès. Enfin, des recherches anglo-saxonnes [3] et hollandaises sur les effets des psychothérapies montraient que la psychanalyse ne faisait pas mieux que d’autres psychothérapies et que, compte tenu des coûts en temps et en argent, ses résultats pouvaient même être qualifiés de moins bons.
Au fur et à mesure que j’écrivais Science et illusion en psychanalyse, il me semblait que je trouvais de moins en moins de science et de plus en plus d’illusions. En 1979, je ne me considérai plus comme analyste et je donnai ma démission à l’École belge de psychanalyse. Je modifiai le titre de mon livre, qui devint Les illusions de la psychanalyse. Il sortit en 81 chez Pierre Mardaga, le successeur de Dessart. Il s’en suivit des débats passionnés, des inimitiés durables et de nouvelles amitiés. Je fis beaucoup de conférences, écrivis des articles, puis j’eus un sentiment de saturation. Dès le début des années 80, j’avais suivi une formation en thérapie comportementale, je commençai à préférer faire des choses « positives » plutôt que de continuer à polémiquer. Entre 1991 et 2003, je n’ai plus publié d’articles ni de livre qui soient ouvertement hostiles à la psychanalyse. Tout au plus quelques interviews dans un journal, l’un ou l’autre débat télévisé et la traduction d’un texte de Han Israëls pour SPS [4]. J’avais même fini par renouer des relations cordiales avec des psychanalystes de mon entourage.
Coups de tonnerre en 2004 : les réactions d’une partie des psychanalystes (surtout les lacaniens) et de leurs amis (Bernard-Henri Lévy, en particulier)à la tentative du député Bernard Accoyer de réglementer la profession de psychothérapeute et, ensuite, leurs réactions, encore plus violentes, à la publication du rapport de l’INSERM sur l’efficacité comparée des psychothérapies. C’est alors que Jacques-Alain Miller, gendre de Lacan et chef de file des lacaniens, s’est mis à attaquer violemment les thérapies comportementales, dont j’avais expérimenté les bienfaits, en affirmant : « Les thérapies cognitivo-comportementales sont des méthodes cruelles qui passent par l’exposition du sujet au trauma lui-même - par exemple en mettant un patient phobique des cafards devant des cafards. La première fois, il hurle, la deuxième fois un peu moins et, au bout de quelque temps, on considérera qu’il est guéri ! C’est du maquillage : les effets, s’ils existent, sont transitoires ou superficiels, quand ils ne se révèlent pas nocifs. En cela, l’efficacité des TCC repose uniquement sur l’autorité de l’expérimentateur, qui se pose en expert, en chef de commando » [5]. Élisabeth Roudinesco, autre cacique de la psychanalyse, écrivait que les TCC « ont plus à voir avec les techniques de la domination mises en oeuvre par les dictatures ou les sectes qu’avec les thérapies dignes de ce nom », qu’elles traitent les gens « comme des rats de laboratoire » et que « la cruauté des hommes, décidément, est sans limite ». Roland Gori, professeur à l’Université d’Aix-Marseille, déclarait, dans Le Monde du 26 février : « Les TCC, c’est un dressage pavlovien. [...] On est dans la soumission librement consentie. Politiquement c’est dangereux. [...] Le rapport de l’Inserm est une machine de guerre contre la psychanalyse. Avec, derrière, des arrière-pensées économiques : s’emparer du marché juteux de la santé mentale. Ce rapport n’est que l’annonciation de ce qu’Elizabeth Roudinesco appelle l’homme comportemental. » C’est l’expression « dressage pavlovien » qui m’a donné l’idée et le titre de la conférence que l’AFIS m’a invité à faire lors de l’assemblée générale du 15 mai 2004 [6]. J’étais relancé dans la polémique. Me taire eût été ne pas venir au secours de personnes en danger : les patients qui font confiance à ce genre de psychanalystes [7].
En septembre 2004, l’éditeur des Arènes me demandait si je pouvais contribuer à un livre qui ferait un bilan critique de la psychanalyse. À ce moment, j’étais occupé par la traduction-adaptation en français d’un livre, paru en néerlandais, sur la psychologie des enfants malades (asthmatiques, cancéreux,...), un travail utile et passionnant. Je visitai le site www.arenes.fr. La décision s’imposait. Sans Miller, Roudinesco, Gori et quelques autres leaders d’opinion de la francophonie, le livre sur les enfants malades eût déjà été en librairie et aurait sans doute rendu service. Mais voilà, j’ai pensé aux malheureux qui souffrent de problèmes psychologiques et qui s’imaginent que la psychanalyse est le top de la psychothérapie. J’ai aussi pensé à ces malheureux étudiants en psychologie et en philosophie, qui s’épuisent à comprendre et à mémoriser des textes lacaniens, auxquels leurs enseignants eux-mêmes ne comprennent pas grand-chose ou attribuent les significations les plus fantaisistes. Le projet pour les enfants malades a seulement été interrompu. Il n’y sera guère question de polémiquer. Si les noms de Freud ou de Dolto y apparaissent, ce ne sera pas plus d’une ou deux fois. Celui de Lacan ne sera même pas mentionné.
Les freudiens ont demandé et obtenu de Douste Blasy la censure d’un rapport de l’inserm sur le site offciel du ministere de la santé.
charlatans et apprentis dictateurs.
Damien
1. Lettre ouverte à Alain Badiou,après lecture de:De quoi Sarkozy est-il le nom ?(et à mes amis étud) , 3 décembre 2007, 19:20
et encore :: :
Freud et la psychanalyse
« une imposture à structure de géant[1] »
par Godeleine Lafargue
Docteur en philosophie
Extrait du « Cahier Saint Raphaël » n° 71, juin 2003 : Psychanalyse, l’idole vacillante. (20B, pl. Dupleix, 75015 Paris). [http://acimed.free.fr]
La liturgie, l’idéologie, les manipulations et les comportements des membres de la secte freudienne restaient ignorés du fait de la rétention des informations depuis 80 ans. A lire ce qui a paru des échanges épistolaires, on est pris d’un vertige et, ainsi que l’écrivait Ernest Gellner, « on est en droit de se demander si l’on étudie l’histoire d’une association scientifique ou si l’on s’est égaré dans Le parrain ». C’était, dira le psychanalyste français François Roustang, « au sens propre, une bande de délinquants, ou un gang de tueurs », ou encore « une horde sauvage », selon les termes de Freud, dont le but était l’élimination de la concurrence de sa pensée unique[2]« .
Désinformation et totalitarisme de la pensée sont les deux mots clés définissant l’histoire de la psychanalyse freudienne. Cela dans un dessein précis : cacher l’une des plus grandes supercheries du siècle dernier. Freud le maître, Freud le plus grand chercheur, Freud thérapeute extraordinaire, voilà ce que nous entendons dire. Pourtant, ces éloges sont loin de la réalité. Jacques Bénesteau, dans son livre étonnant : Mensonges freudiens[3], nous livre les témoignages jusqu’alors cachés et bien gardés par les cerbères de la psychanalyse. Il nous donne la véritable image de cet homme fondateur d’une science qui n’a pas fini de faire des ravages. Fort heureusement, le voile commence à se lever et peut-être sommes-nous sur le chemin qui délivrera la psychologie d’un tel fléau.
« Un médecin malgré lui[4] »
« Échec » est le mot qui caractérise la carrière médicale de Freud. Ses recherches commencent en 1877 sur le problème des testicules de l’anguille. Après avoir disséqué plus de 400 spécimens de la bête, il ne trouve rien. Puis, en 1878 dans le laboratoire d’anatomie expérimentale de Stricker, il travaille avec acharnement durant six mois sur des glandes, sans aucun résultat. Stricker reprend son travail et réussit aussitôt. En 1879, il met au point une préparation chimique permettant d’isoler les tissus nerveux pour le microscope, sa découverte n’a aucun succès à l’extérieur du laboratoire. Freud finit quand même par obtenir son diplôme de Docteur en médecine en 1881, après 13 années d’études, il est en retard de trois années sur sa génération. Sa carrière est alors en panne : travaux biologiques et zoologiques avec Claus, assistant dans le laboratoire d’histologie de Brücke, deux semestres en chimie chez Ludwig, trois mois en chirurgie chez Billroth, six mois en médecine interne, quelques mois chez Meynert au service des maladies nerveuses, puis au laboratoire d’anatomie cérébrale, trois mois en dermatologie, quatorze en neurologie, cinq en ophtalmologie, trois semaines en pédiatrie. Freud touche à tout et ne trouve pas sa vocation. Il cherche la gloire. Il ne la trouve nulle part. En 1882, la théorie des neurones lui échappe ; mais l’échec le plus cuisant est sans doute celui de la découverte par Karl Koller de l’anesthésie locale par la solution muriatique de cocaïne. Freud travaillait avec lui dans le laboratoire de Stricker. Il passe à côté de la gloire en raison de son absence durant l’été, trop occupé avec Martha Bernays. Freud ne digère pas son échec. Il tente alors de faire d’autres découvertes sur les propriétés de la cocaïne, dont il est grand consommateur. De novembre à décembre 1884, il entreprend une série d’expériences pour évaluer les effets de l’alcaloïde dans la force musculaire grâce au dynamomètre d’Exner. Son rapport est publié le 31 janvier 1885, on y cherche vainement des renseignements sur le rapport entre les doses de cocaïne ingérées (il fut lui-même le sujet de son expérience) et les variations de la force. « C’était un travail d’amateur, bâclé dans l’urgence du besoin de se racheter et de rattraper le temps perdu »[5]. Vexé par ce deuxième échec, Freud essaye de compenser ses insuccès et ses déboires en affirmant avoir déjà appelé bien avant Koller l’attention sur les propriétés anesthésiques de la cocaïne au niveau local. Il affirmera en 1934 dans une lettre au Professeur Meller, lui avoir transmis son idée.
Cependant, Freud n’en a pas fini avec la cocaïne. Il essaye, après ses expériences sur la cocaïne et la force musculaire, de guérir avec cette « potion magique » Ernst Fleishl von Marxow devenu morphinomane en raison d’un névrome sur le moignon d’un pouce amputé. Seule la morphine pouvait calmer à l’époque les douleurs des névromes (prolifération nerveuse terriblement douloureuse). Freud prétendit l’avoir guéri en quelques jours de sa dépendance à la morphine (dérivée de l’opium) grâce à l’injection de cocaïne. Or aux opiacées, il ajoutera chez ce patient la dépendance à la cocaïne. Peu lui importe, la cocaïne, c’est formidable, et il la recommande à tout le monde pour ses vertus euphorisantes et analgésiques, particulièrement dans les maux d’estomac. Le 18 juin 1884, il écrit son célèbre article Über coca, rédigé à la hâte, bourré de fautes d’orthographe, brouillon, se trompant sur la formule chimique de la cocaïne, mélangeant les dates et les noms. Pourtant, sa réputation devient internationale ; les deux continents font l’éloge de sa méthode de soins des morphinomanies par la cocaïne. Freud édifie alors la société savante du Procédé-Freud destiné à soigner la toxicomanie à l’opium et dérivés comme la morphine. Pendant ce temps, Fleischl est dans un état lamentable au bord suicide luttant à la fois contre la douleur, la morphine et la cocaïne. Freud le sait parfaitement, puisqu’il lui rend visite régulièrement. Il écrit à Martha : « avec Fleischl, les choses vont si mal que je ne puis me réjouir d’aucun succès[6] ». Après avoir enduré d’horribles souffrances pendant de nombreuses années, Fleischl finit par mourir en 1891, et son portrait ornera le mur du cabinet de Freud jusqu’à la fin de sa vie.
Le syndrome génito-nasal (?).
Après ces recherches sur la cocaïne, Freud finit par ouvrir un cabinet en 1886 et se présente à l’Académie des sciences pour présenter l’originalité et la révolution des thèses de Charcot sur l’hystérie masculine et la névrose traumatique. L’auditoire d’experts en sait plus que lui, et il ne démontre rien de nouveau puisque l’existence de l’hystérie masculine est enseignée déjà depuis 20 ans. Freud développe des idées démontrées fausses dans le passé comme le refoulement sexuel à l’origine de l’hystérie. Le texte de l’exposé a, bien entendu, disparu, mais avec des recoupements de différents documents historiques nous pouvons retrouver l’ensemble de la conférence. Le problème est, dira Freud à Fliess, qu’il n’est « en réalité pas du tout un homme de science, pas un observateur, pas un expérimentateur, pas un penseur. Je ne suis par tempérament rien d’autre qu’un conquistador – un aventurier, si tu préfères – avec toute la curiosité, l’audace et la ténacité caractéristiques d’un homme de cette trempe[7] » . Freud, en réalité, ne connaît rien à la psychiatrie, mis à part son stage de cinq mois chez Meynert en 1883, il n’a aucune expérience. « Il n’était pas psychiatre selon les standards de l’époque, et ne sera pas considéré comme tel par ses collègues ; mais il aspire toujours à ferrailler avec les psychiatres officiels, surtout les meilleurs[8] ».
Notons enfin, pour clore l’évocation des échecs et des manipulations de Freud (et la liste pourrait être beaucoup plus longue) le cas de la pauvre Emma. Il faut savoir que toutes les lettres concernant cette patiente ont été supprimées ou consignées aux archives de la Library of Congress de Washington.
En 1893, Freud adhère à la théorie de Fliess sur la névrose nasale. L’otorhino-laryngologiste établit une liaison entre les tissus érectiles des fosses nasales et les muqueuses génitales, supposés embryologiquement équivalents. Par cette liaison, il estime avoir démontré dans 130 cas le rapport entre le nez et les manifestations de névrose. « La névrose réflexe, explique Jacques Bénesteau, donne des tensions musculaires, céphalées, sensations de vertige, intolérance à l’alcool, cauchemars, problèmes d’estomacs, sexuels, respiratoires ou du rythme cardiaque. La source de ces maux est soit dans le nez, soit génitale. La masturbation est particulièrement redoutable[9] ».
Au même moment, Freud traite une patiente, Emma Echstein pour des troubles hystériques de « conversion », des douleurs gastriques et une dysménorrhée avec hémorragies génitales depuis l’adolescence. La patiente rapporte ces perturbations à des facteurs organiques, mais Freud refuse de l’admettre et ne demande aucun examen médical car la cause est pour lui indiscutable une masturbation mal refoulée et conflictuelle. Freud reconnaît là une névrose nasale et fait examiner sa patiente par Fliess. Ils décident alors de l’opérer, c’est une première mondiale : une trépanation d’un os des fosses nasales doit guérir sa névrose. Il s’agit de l’ablation du cornet nasal moyen gauche. Un mois s’écoule la malade n’est toujours pas remise et souffre d’un œdème facial, d’hémorragies nasales, de sécrétions purulentes devenues fétides, de douleurs et d’un état infectieux. Le 8 mars 1895, Freud décide de la faire ausculter par un médecin ORL qui lui retire lentement, après inspection de la fosse nasale, une interminable bande de gaze d’au moins un demi-mètre oubliée par le professeur Fliess. C’est alors l’hémorragie foudroyante. Emma est hospitalisée et finit par se remettre au bout de quelques mois, mais plusieurs opérations sont nécessaires pour réparer les dégâts et la mettre hors de danger. Pour excuser cette faute médicale majeure, Freud affirme que ces saignements étaient hystériques et liés au désir sexuel inconscient d’Emma, celle-ci se laisse convaincre. Emma deviendra la première femme analyste, ce qui en dit long sur le pouvoir de persuasion de son maître. Cependant, Emma est peut-être guérie des conséquences de l’intervention chirurgicale, mais absolument pas de ses douleurs abdominales et des hémorragies génitales. Désespérée, elle finit par consulter un médecin qui lui retire un énorme abcès abdominal. Elle semble tirée d’affaire, mais Emma est toujours victime de saignements génitaux. On lui retire la totalité de l’utérus. Diagnostic fibromyome, tumeur bénigne du tissu musculaire utérin probablement responsable des hémorragies cycliques depuis l’adolescence. Emma Eckstein, cloîtrée, inactive et alitée en permanence depuis 1905, défigurée par la trépanation de 1895, mourra en 1924 d’un accident cérébral.
Au sein de ces déboires, de ces fraudes, de ces erreurs et de cette inexpérience chronique va naître la psychanalyse…
« Un conte de fée scientifique »[10]
Au printemps 1896, Freud vient d’inventer la psychanalyse : « La nouvelle méthode révolutionnaire est simultanément un traitement et un moyen de connaissance des moyens et des origines inconscientes des psychonévroses[11] ». Dix ans après sa bévue à l’Académie des sciences, Freud se présente alors devant les autorités de la Société de psychiatrie et de neurologie de Vienne. Il y développe sa fameuse théorie appelée par la tradition « Théorie de la séduction », selon laquelle l’hystérie trouverait sa cause dans un traumatisme sexuel subi dans la petite enfance. Il expose alors pour la première fois la psychanalyse appliquée à une psychonévrose précise : l’hystérie. Cette théorie s’inspire de la méthode de Joseph Breuer[12], qui n’eut jamais eu aucun succès thérapeutique avéré. Dans 18 cas d’hystérie sur 20, selon une analyse minutieuse avec un minimum de 100 heures d’analyse pour chacun, celle-ci déboucherait invariablement sur des scènes d’abus refoulés. Freud serait parvenu à une guérison radicale par une psychanalyse complète. L’auditoire reste sceptique. Les psychiatres reconnaissent une part de sexualité dans les cas d’hystérie, mais ils ne donnent pas l’exclusivité à cette explication. Cependant, les soi-disant cas étudiés ne sont absolument pas développés dans sa conférence, Freud promet alors une explication clinique de sa théorie avec une analyse complète et détaillée. Mais jamais il ne le fera, et pour cause puisqu’il affirme lui-même avoir inventé ces cas cliniques[13]. Dans les lettres à Fliess nous apprenons que les cas de névrose sont devenus rares à sa consultation. À l’automne 1895, quelques mois avant sa conférence, il se plaint de n’avoir à sa consultation que deux névrosés qui ne progressent absolument pas. Comment peut-il se réclamer de 18 cas, avec plus de cent heures d’analyse pour chacun en quatre mois et demi ? Il faudrait qu’il ait vu ses patients six jours par semaine pendant 12 heures chaque jour. Or Freud ne travaille pas les jours fériés et suit d’autres malades à cette époque. Tout cela est décidément invraisemblable. Et le comble c’est l’abandon par Freud lui-même de la théorie de la séduction, en privé, bien évidemment. Il l’annonce le mardi 21 septembre dans une lettre à son ami Fliess. Entre autres raisons : les rechutes fréquentes et l’absence de succès thérapeutique. « En 1896, la théorie de la séduction reposait sur l’analyse complète de 18 patients. Dix-sept mois plus tard, il avoue que pas une seule analyse n’avait été menée à bien, et ne revendique plus aucun succès sur des hystériques qu’on recherche vainement[14]. »
Les fondements de la psychanalyse sont bien fragiles, ce qui n’a rien d’étonnant puisqu’à cette époque Freud est un grand consommateur de cocaïne. Or une des conséquences de la prise de cette drogue est l’altération du sens de la réalité. D’ailleurs, note Jacques Bénesteau, il n’est pas étonnant que le rêve ait une part si importante dans la psychanalyse. A cet effet, il faut ajouter la conviction d’une intelligence inépuisable, une surestimation de soi, la dispersion de l’attention et de la mémoire. Comment découvrir une thérapie digne de confiance dans de telles conditions ? Mais bien évidemment toute allusion à la prise de cocaïne est dissimulée par Freud et ses cerbères. Freud est un véritable « charlatan », Frederick Crews affirme que « si un scientifique se comportait de cette façon aujourd’hui, il serait, bien entendu, renvoyé de son travail, perdrait ses fonds de recherche, et serait déshonoré le restant de ces jours[15] ».
Seule la gloire et l’argent sont les mobiles de notre grand chercheur ! D’ailleurs, il déteste les malades, comme il le dit lui-même : « Les patients, c’est de la racaille, je leur tordrais bien le cou, à tous » ; « sachez, en effet, que, dans la vie, je suis terriblement intolérant envers les fous, n’y découvre que ce qu’ils ont de nuisible », et « le mieux est de les mettre sur un bateau et de les expédier, ils ne méritent pas le temps que nous leur donnons[16] » . Freud est décidément un médecin raté.
Après l’échec de la théorie de la séduction, il fallait trouver autre chose, ici intervient le fameux Complexe d’Œdipe qui pourvoie aux abus sexuels de l’enfance. La cause de l’hystérie se situe maintenant dans le désir incestueux. Sophocle doit se retourner dans sa tombe, lui qui n’a jamais voulu faire apparaître d’élément sexuel entre Œdipe et Jocaste. Mais peu importe à notre thérapeute hors pair, il avoue lui-même ne s’être jamais documenté sur la légende d’Œdipe.
Finalement, à partir de l’invention de la Méthode psychanalytique en 1896-1897, seulement six cas cliniques ont ensuite été un peu, mais très contradictoirement, explorés. Ce sont les cas retenus par Freud pour une publication dans le dessein de démontrer l’utilité de la psychanalyse. Personne ne comprend ce choix tant ces exemples sont peu significatifs.
Les victimes du freudisme.
Le premier cas est d’emblée éliminé, il s’agit d’un cas d’homosexualité. Or selon Freud : « La psychanalyse n’est pas appelée à résoudre les cas d’homosexualité[17] ». Le second concerne Dora en 1900. La pauvre n’a pas supporté les élucubrations du soi-disant psychiatre. Elle mettra fin à sa psychanalyse quelques semaines plus tard. Elle souffrait entre autres, comme Emma, de troubles digestifs, attribués encore une fois à la masturbation. Elle finit par mourir d’un cancer du colon. Freud admet l’échec, mais ne l’attribue absolument pas à une erreur de diagnostic ou à une faiblesse de la méthode, seule la malade est en cause.
Nous avons ensuite le double cas du petit Hans en 1907 et 1909. Bien que théoriquement immunisé contre les états névrotiques par une éducation freudienne, le petit Hans souffre d’une névrose phobique à 5 ans : la peur de la morsure d’un cheval révèle l’angoisse de castration. Ce modèle d’équilibre en 1907 – développé dans un article de Freud – devient un modèle de perversité en 1908. Le 19 mai, Freud déclare avoir définitivement guéri l’enfant. Il n’a rencontré l’enfant que quelques instants, il dirige la psychanalyse par l’intermédiaire de son père. Les affirmations de l’enfant, qui ne comprend pas très bien les questions, sont interprétées par le père, puis corrigées par Freud pour éviter les contradictions. À dix-neuf ans, Hans ne se reconnaît pas dans le récit de son cas rédigé en 1909. Freud voit dans cette amnésie une nouvelle preuve de la résolution de la névrose infantile.
Notre psychanalyste doit ensuite, pour le 26 avril 1908, préparer dans l’urgence une conférence de caractère historique pour démontrer à la face du monde l’efficacité thérapeutique de sa méthode. Freud se décide à présenter le cas de L’homme aux rats. Nous constatons une indiscutable et sérieuse divergence entre les notes cliniques et le cas officiel. « Ces distorsions manifestes font du cas officiel une confabulation intentionnelle et une transfiguration mythologique savamment orchestrée[18]. »
C’est ensuite le cas de Daniel Paul Schreber, ancien président de la cour d’appel, qui sombra dans la folie. Malheureusement, Freud n’a jamais psychanalysé le malade. Il ne s’agit pas d’une psychanalyse au sens strict, mais d’un essai interprétatif des événements décrits par Schreber. Il s’agit encore une fois d’une reconstruction mythographique, Freud ayant délibérément rejeté les documents biographiques ou médicaux qui remettraient en cause son système de pensée unique.