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NOUS VOULONS UNE VIE RICHE, PAS UNE VIE DE RICHE !

Publie le mercredi 23 janvier 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

Tract de l’OLS-Paris :


NOUS VOULONS UNE VIE RICHE, PAS UNE VIE DE RICHE !

« L’activité économique a une finalité. Elle doit permettre à une
collectivité de satisfaire ses besoins, en fonction de ses ressources, de ses choix propres, de sa culture, etc. [...] Le capitalisme industriel a changé les données du problème. [...] Il a fait naître l’illusion, qui a engagé l’humanité entière dans la plus stupide des aventures. Il a amené tous les "pouvoirs" à croire que le problème de n’importe quelle société est de former de la richesse par les moyens qu’il emploie lui-même (la technologie) afin de satisfaire, grâce à cette richesse, les besoins de la société. »

(François Partant, Que la crise s’aggrave !)

« Il nous semble impossible de poser la question de la précarité des emplois et des revenus monétaires sans poser en même temps de celle de la précarité de la survie de l’espèce humaine globale. En ce temps de désastre écologique très avancé, nous pensons qu’aucune position politique et qu’aucune revendication politique ne peuvent avoir la moindre valeur si elle n’intègre pas le caractère d’impasse du développement économique, de la croissance. »
(Comité Informel pour la Désindustralisation du Monde, Appel de Raspail) (1)

Ces dernières années on a observé dans les luttes un glissement de revendications sur les salaires vers des revendications sur le pouvoir d’achat. Quel est le sens de cette évolution ? En se limitant à réclamer plus d’argent sans parler du partage des fruits du travail, on élude la questions cruciale des rapports d’exploitation et de l’inégalité sociale. On crée l’illusion d’une communauté d’intérêt entre les patrons et les travailleur-euse-s, et on nie la lutte des classes.

Le fait que l’augmentation du pouvoir d’achat en « travaillant plus pour gagner plus » soit utilisée comme étendard par les patrons et le gouvernement devrait inciter à la méfiance... La bourgeoisie n’a plus besoin d’une main d’œuvre aussi nombreuse qu’avant et laisse exploser le nombre de chômeur-euse-s et de RMIstes (avec toutes les galères que l’on sait). Ne s’agit-il pas pour elle d’accorder quelques miettes à ceux-celles qui travaillent encore pour mieux faire passer une casse sociale et une exploitation accrue ? Ce sont en tout cas les plus précaires et mal lotis qui continuent de résister et perdent de précieuses journées de salaire en faisant grève pour le bénéfice de tou-te-s...

D’un point de vue économique, s’il s’agit uniquement de revendiquer des augmentations de salaire, les avancées ne seront que temporaire, l’inflation venant tôt ou tard les réduire à peau de chagrin. De plus, des augmentations de salaire en pourcentage ne réduiront en rien les écarts de richesse mais au contraire les accentueront : les riches obtiendront proportionnellement plus que les pauvres, alors que ce sont pourtant ces derniers qui ont le plus de difficultés à garder la tête hors de l’eau et auraient davantage besoin d’un supplément d’argent.

Les travailleur-euse-s dépensent une part de plus en plus importante de leurs émoluments pour se loger. Cela les pousse à réclamer des hausses de revenus. Mais en définitive, si en France une partie de la population galère pour boucler les fins de mois, est-ce à cause de trop maigres salaires ou de loyers trop chers ? Sans doute un peu des deux. On se retrouve en tout cas dans une schéma nauséabond où la misère des un-e-s et la vie chère des autres engendrent de la précarité et une vie de merde pour tou-te-s. En effet, avec le peu qui reste une fois le loyer payé, où va-t-on acheter de quoi se sustenter ? Souvent dans un supermarché à bas prix qui paye ses employés au lance-pierre et pousse ses fournisseurs à vendre leurs produits à moindre coût, ce qui engendre la disparition des petits producteurs, la dégradation de la qualité des produits, et tout un cortège de maladies induites par la nourriture industrielle.

La notion de pouvoir d’achat mêle l’idée de subvenir à ses besoins à celle de pouvoir acheter tout et n’importe quoi. Si les travailleur-euse-s trouvent qu’ils ne gagnent pas assez, c’est aussi parce qu’une fois satisfaits les impératifs les plus pressants de la survie, il ne leur reste bien souvent qu’une seule liberté, celle de consommer. Le pouvoir d’achat est un hymne à la croissance, au primat de la quantité sur la qualité, qui pousse à une consommation effrénée, incite à accumuler le superflu (une foison de gadgets technologiques) au lieu de cultiver l’essentiel : le contact humain, la politique, l’imaginaire...

Il faut rompre avec l’équation « plus d’argent = plus de bonheur » et voir qu’il y a une différence entre avoir les moyens d’acheter et avoir les moyens de vivre. C’est parce que nous sommes privé-e-s des moyens de satisfaire directement nos besoins par l’autoproduction qu’il nous faut de l’argent pour acheter des marchandises produites ailleurs dans des conditions qui nous échappent totalement. Une critique du développement urbain consumériste et des faux besoins générés notamment par le système publicitaire se révèle nécessaire également pour limiter le temps de la production aliénée, dont le joug pèse sur les travailleur-euse-s ici et ailleurs.

Dès les origines du salariat certaines personnes se sont organisées pour échapper à cette aliénation. Tout au long du XXe siècle des gens se sont groupés dans des « milieux libres », des communes paysannes ou des squats pour ne plus dépendre d’un patron et ne plus effectuer de travaux nuisibles.
Aujourd’hui, au quotidien, des travailleur-euse-s grattent du temps à leur employeur pour vaquer à des occupations personnelles. Des petits producteurs indépendants limitent volontairement leurs clientèles pour réserver du temps à des projets qui leurs tiennent à cœur. Ils et elles choisissent, quand leurs activités le permettent, de subvenir aux besoins qu’ils et elles estiment essentiel sans en faire plus. Ils et elles se penchent sur leurconsommation et s’organisent pour la limiter. Ils et elles gagnent en liberté et passent du quantitatif au qualitatif.

Finalement, la question est de savoir pourquoi et pour qui nous produisons, de réfléchir à ce qui vaut la peine d’être produit et à la façon de le faire de façon égalitaire tout en assurant un cadre de vie sain pour tou-te-s. Sortons des logiques capitalistes et combattons ceux qui en profitent, relocalisons les activités essentielles tout en éliminant celles qui sont nuisibles. Luttons pour garantir à chacun-e au minimum un toit, de quoi se vêtir et se nourrir correctement, se soigner, mais aussi le temps de construire sa vie, de faire des rencontre et discuter, de faire de la politique (de la vraie).


Luttons pour vivre au lieu de nous tuer au travail !


(1) Le texte de l’Appel de Raspail est aisément trouvable sur Internet. Il est également reproduit dans l’ouvrage collectif La tyrannie technologique. Critique de la société numérique aux éditions de l’Échappée (2007).



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Messages

  • C’est bien pour cela que je trouve que le BOYCOTT est une arme redoutable, pour aider ceux qui nous gouvernent à orienter leurs choix en fonction de nos désirata, de nos besoins et non plus le contraire.

    C’est à nous aussi de savoir prendre des initiatives, pour ne plus nous laisser faire, comme des animaux qu’on mène à l’abattoir !

    • Ne mélangeons pas tout !

      GREVE REELLE ET PAR PROCURATION CONTRE LA SMICARDISATION ET LA MISERE

      AUGMENTATION DE TOUS LES SALAIRES ET DES MINIMAS SOCIAUX

      L’ensemble des salaires publics ou privés chutent par rapport aux profits qui montent. Seul les très très hauts salaires (les TTHS) augmentent (1). Mise à part cette fine croûte supérieure le reste des salaires baisse. En terme de revenus (salariés et non salariés) la couche qui bénéficie du mauvais partage des revenus est plus large (2) et c’est tout le reste de la population qui plonge vers le bas. A cette injustice fondamentale s’ajoute le fait que quand les salaires baissent les prix eux augmentent. Et plus on est au bas de l’échelle des revenus et plus ce fait est douloureux à vivre. Combien vivre dans la misère sans travail ni logement décent ?

      Sur la base du premier considérant, ce devrait être 98% des salariés ou 80% de la population que l’on devrait trouver dans la rue ! Mais deux facteurs au moins empêchent une telle mobilisation : une insensibilité et un aveuglement.

       INSENSIBILITE d’abord des couches moyennes supérieures du salariat qui ne ressentent pas encore trop l’augmentation des prix . Il s’agit du salariat qui dispose encore en fin de mois d’une relativement bonne bonne capacité d’épargne mensuelle. Autrement dit il épuise pas la totalité de son salaire pour vivre ou faire vivre sa famille.

       AVEUGLEMENT ensuite de la part de tous ceux qui refusent de voir l’énorme injustice systémique - celle relatée en toute première phrase - ce qui recoupe grandement mais pas seulement loin de là le salariat en capacité d’épargner chaque mois.

      Il n’y a évidemment pas que le niveau de salaire perçu et nécessairement dépensé pour vivre qui sert de critère à la mobilisation possible. Les salariés du privé qui subissent la menace du licenciement n’ont pas la possibilité réelle de manifester. Pourtant ils y a de plus en plus de salariés smicardisés qui ne perçoivent que le SMIC et depuis plusieurs années. La SMICardisation est une insatisfaction quotidienne pour faire vivre la famille mais aussi une indignité face au travail effectué notamment quand les riches s’enrichissent en dormant. Il n’y a que la "dictature d’usine" qui pèse pour ne pas faire grève ou plutôt pour faire la grève par procuration.

      Une nouvelle fois ce seront donc massivement des fonctionnaires qui seront dans la rue pour l’augmentation des salaires, les leurs évidemment mais aussi de tous les salaires y compris les minima sociaux et les salaires du privé.

      Pour les fonctionnaires le critère est la valeur du point d’indice rapportée à l’indice INSEE des prix à la consommation. L’UGFF - la branche fonctionnaire de la cgt - mesure cette valeur chaque mois pour informer ses cotisants.

      La SMICardisation touche aussi les fonctionnaires (cfn°147 revue UGFF). C’est une tendance historique qu’il faut rapprocher de l’augmentation du PIB entre 1960 et 2006 qui est de l’ordre de 328% et les revenus financiers de 7413% ! Tout n’est pas à la baisse pour tout le monde ! Voyons l’évolution du côté du personnel d’exécution C B A de la fonction publique . Entre 1986 et 2006 le début de la catégorie C - le premier niveau des employés et ouvriers - a été rattrapé par le SMIC alors qu’il était de 15% au-dessus en 1986. Le premier grade du B n’est que 4% au-dessus du SMIC alors qu’il était à 24% en 1986. La baisse touche aussi les inspecteurs (catégorie A) mais les IP (catégorie A+) ne semblent pas pour l’heure ressentir collectivement la baisse constatée par Régis BIGOT. Et souvenons-nous que lorsque le point indiciaire chute il entraine avec lui la totalité de la rémunération mais aussi la totalité de la grille indiciaire.

      Christian DELARUE

      Altermondialiste et syndicaliste CGT Finances

      1 lire : La hausse tendancielle du taux d’exploitation par Michel HUSSON

      http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article8956

      2) Lire l’intervention de Régis BIGOT au colloque « classes moyennes et politiques publiques » publiée par le CREDOC .

      Régis BIGOT constate que la situation des couches moyennes ressemble davantage à celle des bas revenus qu’à celle des hauts revenus. Il considère pourtant comme haut revenu les 20% de la population percevant les plus hauts revenus, les bas revenus étant les 20% de la population percevant les plus bas revenus. En conséquence les couches moyennes salariées ou non sont les 60% de la population se situant entre ces deux groupes extrêmes.

      2 cf n°147 la revue UGFF de décembre 2007