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Notes sur la campagne d’attac 45 contre le Traité néolibéral.
Publie le samedi 28 mai 2005 par Open-Publishing1 commentaire
de Rémi Daviau. président d’attac 45
Pour commencer, il est important de rappeler que l’engagement d’attac contre le projet de "traité constitutionnel" se situe dans la droite ligne de celui contre l’AGCS ou l’OMC, dont il est la version régionale.
Altermondialistes, nous sommes contre la marchandisation du monde (mais POUR des biens communs mondiaux), contre la précarisation des droits (mais POUR une société juste et solidaire), contre le néolibéralisme (mais POUR une société de coopération, équitable, démocratique).
Courant mars, attac45 a ainsi lancé à Orléans un groupe de travail sur le Traité constitutionnel. Très vite, nous nous sommes retrouvés à une petite vingtaine, adhérents d’attac ou non. Le but était de connaître le traité : nous avons passé plusieurs semaines à le lire, le disséquer, comprendre son fonctionnement et ses enjeux dans le cadre des politiques européennes des vingt dernières années.
Ce traité, nous l’avons analysé sous ses angles importants et nous avons
mis en lumière tous les blocages, tous les risques et toutes les
régressions qu’il comporte : en particulier sur le fonctionnement des
institutions et démocratie ; sur la politique économique et sociale ; les
services publics et la politique étrangère.
Nous avons aussi cherché sérieusement ce qui se passerait si le OUI
l’emportait, et si le NON l’emportait.
Il était évidemment important de diffuser autour de nous les résultats de
notre travail. Nous avons donc :
- organisé des lectures-débats sur le traité (en tout, jusqu’au 29 : une à
St Jean de la Ruelle, trois à Orléans, une à la Source, une à Gien, une à
Saran, une à la Ferté, une à la Chapelle St-Mesmin ; sans compter les
quatre réunions organisées par le groupe montargois d’attac45, ainsi que
les rencontres-débats de ces mois derniers avec des professeurs d’économie
et de droit constitutionnel...)
- tenu des stands et distribué de l’information sur les lieux publics
(marchés, places centrales, etc)
- porté la contradiction dans les meetings organisés par les partisans du
OUI au néolibéralisme européen.
Qu’en avons-nous tiré ?
1/ Les très nombreuses personnes avec qui nous avons discuté (lors de nos
soirées comme en extérieur) ont été très sensibles à l’aspect explicatif
de notre travail.
Il nous a souvent été dit que dans cette campagne, rien ni personne ne
permettait de savoir ce qu’il y a vraiment dans le texte. Et pourtant,
c’est bien sur ce dernier qu’il nous est demandé de voter... De ce point
de vue, le pari est gagné : car il s’agissait bien, loin des incantations
et des voeux pieux, de comprendre le fonctionnement idéologique de ce
texte ; son caractère anti-démocratique (déséquilibre organisé des
institutions, barrage contre toute modification ou changement de
trajectoire) et son orientation néolibérale (toute liberté d’action au
pouvoir financier, dérégulation et baisse programmée des droits sociaux).
2/ La grosse majorité des gens qui voteront le 29 n’auront pas eu le temps
de lire et comprendre ce texte épais et souvent abscons. Sont venus nous
rencontrer pour en savoir plus des gens de tous les âges, de toutes les
classes sociales. Des agriculteurs, des ouvriers, des RMIstes, des
retraités, des médecins, des agents de la fonction publique, des petits
entrepreneurs, des immigrés, des lycéens...
Nombreux sont ceux qui voteront "non" parce qu’on les somme d’entériner un
document incompréhensible qui engage la France et l’Europe. Ceci dit,
beaucoup de gens font clairement le lien entre la dégradation de la
situation économique et sociale de ces vingt dernières années et les
orientations prises par l’Union européenne, sommet après sommet (et dont
l’essentiel se trouve compilé dans ce traité). On a aussi rencontré, mais
beaucoup trop peu, des gens de droite, dans le sens gaulliste du terme,
qui ont compris qu’aucune politique volontariste (pensons justement à
celle de de Gaulle après la guerre, avec l’application du programme du Conseil National de la Résistance...) ne serait plus possible, et qui sont contre ce traité, qui dépossède les citoyens de tout pouvoir démocratique
d’influer sur l’économique et le social.
3/ Nos amis du Parti socialiste et des Verts, dans leurs meetings comme
dans leurs brochures, consacrent finalement assez peu de temps au texte
proprement dit. Leurs discours contiennent par contre de belles idées,
avec lesquelles tout le monde sera d’accord (l’Europe, la paix, la
solidarité, la prospérité, etc.) mais qui malheureusement n’ont pas
grand’chose à voir avec ce traité qui démantèle tout progrès social ! Par
contre, ce qui semble assez clair, c’est leur volonté de vouloir se
positionner dans le jeu politique au niveau européen : "quand le traité
sera passé, notre parti sera indispensable pour essayer de le faire
évoluer dans le bon sens". Ce qui d’une part révèle un sens assez
particulier de l’intérêt général (votons le pire, on arrangera luttera
contre après) ; et d’autre part une curieuse
méconnaissance des dispositions d’un texte qui verrouille efficacement toute
modification (d’où le "une constitution pour 50 ans" de Giscard...). A
noter que si nous nous sommes déplacés sur les meetings du PS et des
Verts, nous attendons encore que des convaincus du OUI participent à nos
lectures-débats, basées sur le texte...
4/ Les deux points qui sont revenus le plus souvent au cours de nos
discussions sont les suivants : les conséquences d’un refus du traité ; et
la place de la France en Europe dans cette hypothèse. Précisons donc les
choses.
- Le OUI entérinerait rétrospectivement les 20 dernières années de politique
européenne (politique néolibérale - libéralisations, dérégulations,
précarisation - qu’on peut dater de l’Acte unique de 1986 au niveau de
l’UE, grand tournant idéologique de la Commission, du temps où Jacques
Delors en était le président). En conséquence, le OUI légitimerait la
poursuite de la même politique, à la vitesse supérieure et sans grand
espoir de rétrograder. Les trains n’ont pas fini de dérailler.
- Le NON forcera les responsables européens à revoir le traité. Un NON
uniquement britannique (assez envisageable par ailleurs) ferait peser la
copie suivante dans un sens plus souverainiste ; un NON français
encouragera les autres forces citoyennes et sociales européennes - du
moins celles qui pourront s’exprimer par référendum...
- à oser exprimer leurs aspirations (à politique commune, dégradation
collective, et donc revendications semblables ! ) ; il remettra les
exigences sociales et démocratiques sur la table de travail.
Juridiquement, notons que l’Union est et restera, au moins jusqu’à 2009,
sous le traité de Nice, comme c’est le cas sans grand problème depuis mai
2004 ; et sans parler de plan B, faut-il mentionner que des procédures de
renégociation sont fixées depuis longtemps pour le Conseil européen (les
chefs d’Etats) : témoin la déclaration n°30 annexée au Traité...
- La France ne sera pas plus isolée en Europe que quand elle a exprimé son
opposition à la guerre américaine en Irak. Isolée de gouvernements
libéraux type Blair et Berlusconi certes ; mais au diapason des
populations et du progrès social !
L’actuel tonus du NON français décomplexe déjà, comme le rapportent les
journaux français, tous ceux en Europe à qui on a voulu faire croire que
le NON est dépassé, anti-européen et analphabète, et qui ont maintenant
les yeux fixés sur le vote français. Alors, le 29 mai, la France
sera-t-elle à l’avant-garde d’une nouvelle impulsion sociale, démocratique
et solidaire ?
Messages
1. > Notes sur la campagne d’attac 45 contre le Traité néolibéral., 29 mai 2005, 01:03
Bravo à tous les membres d’Attac qui dans tous les départements français ont fait un travail remarquable pour étudier et expliquer ce texte constitutionnel volontairement obscur et dont la lecture sans décodeur en aurait rebuté plus d’un.
Bravo à tous les membres d’Attac qui ont inlassablement pris la parole dans les réunions, dans les meetings pour expliquer encore et encore, affinant l’analyse, améliorant les explications au fur et à mesure que les tenants du oui s’accrochaient à un nouvel argument fallacieux.
Bravo à tous ceux (politiques, économistes, juristes, associatifs, "simples" citoyen-nes) qui ont permis cet intense moment de démocratie, d’union et d’allégresse.
L’après 29 sera difficile. Les vautours attendent pour fondre sur nous. Ne les laissons pas faire. Poursuivons le débat citoyen.
Quel que soit le résultat du scrutin, nous aurons démontré qu’il reste dans le pays des milliers, des millions de personnes qui ont des idéaux de paix, de solidarité, d’égalité et de liberté et pour qui les valeurs ne sont pas marchandes.
Des citoyen-nes qui refusent la fatalité de la pensée unique, la discrimination et la réduction à l’esclavage.
Valli